Par Jalel Mestiri Si on concède que l'avenir du football tunisien devrait être mieux pris en compte, on regrette qu'il ne soit pas toujours confié aux cadres et techniciens qui le méritent vraiment... Dans la préparation des échéances, dans la gestion des cycles et périodes, dans les choix stratégiques, dans la mise en place des dispositions à la fois techniques, physiques et administratives, voire même psychologiques, le directeur technique national a un profil et un statut qui diffèrent largement de ceux des hommes de terrain. Ses prérogatives, sa vocation et sa raison d'être interpellent ce qu'on peut qualifier comme étant le travail de base. Les fondamentaux du football. Malheureusement, on n'a jamais, ou bien très peu, crédibilisé le rôle et la place du directeur technique national dans le football tunisien. La mise en valeur du travail qu'il est censé appliquer, son implication dans tout ce qu'il conçoit dans et autour ne sont pas placées à leur juste valeur. Le problème ne date pas d'aujourd'hui, il s'étend et se prolonge dans le temps et dans l'espace. La non-reconnaissance du poste et de son détenteur reflète la différence entre le haut niveau et le travail ordinaire auquel le football tunisien est aujourd'hui habitué. Il relance à chaque fois les contraintes et les dérapages qui empêchent le football tunisien d'accéder à ce palier. Il traduit enfin une défaillance caractérisée dans tout ce qui a rapport à la privation, aux insuffisances et au renoncement... Pourtant, de grands noms d'entraîneurs tunisiens sont passés par là. On se souvient encore et toujours du travail accompli par Feu Ahmed Ammar et à travers lequel une véritable révolution avait accompagné le football tunisien à la fin des années 80. Des entraîneurs confirmés, des sélectionneurs aussi et surtout ont postulé à ce poste sans pour autant laisser leur empreinte. Même à travers le rôle qui lui est plus que jamais recommandé, la présence et l'apport du directeur technique sont devenus intimement liés à la révolution que connaît aujourd'hui le football moderne. On ne compte plus seulement sur le profil, ou encore l'expérience et les noms qui sont les principales caractéristiques qui orientent le choix du directeur technique chez nous. On fait désormais appel à la pédagogie, la psychologie, la gestion de groupe. En tout cas des critères complètement différents de ceux d'un temps bien révolu. Le modèle tunisien dans la formation, l'épanouissement et l'accompagnement des talents, naviguent à contre-courant. Souvent écartés et ignorés, ils ne sont impliqués dans les affaires du football que de très loin et se trouvent dans l'obligation d'interférer essentiellement dans le côté administratif et logistique, et par conséquent loin du terrain. On a rarement vu un directeur technique faire de son travail et de ses prérogatives un axe fort qui s'étend sur le long terme, ou encore sur un cycle. C'est pour cela que nous demeurons convaincus que la réussite du football tunisien n'émerge pas d'une sorte de miracle de l'instant. Elle doit être l'expression d'une histoire, d'une continuité et d'une rupture entre ce qui précède et ce qui se construit. Il s'agit de questionner les réussites comme les échecs, de tenter d'en comprendre les ressorts internes, les leviers, les enjeux... Face à une population footballistique en mutation constante, on doit aujourd'hui faire confiance aux jeunes et développer les structures de formation. Si on concède que l'avenir du football tunisien devrait être mieux pris en compte, on regrette qu'il ne soit pas toujours confié aux cadres et techniciens qui le méritent vraiment.