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«Le confident...»
Taoufik Ben Othman, ancien sélectionneur national
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 11 - 2010

Qui mieux que Taoufik Ben Othman peut nous donner une définition exhaustive de l'apport de l'entraîneur adjoint, l'influence de son appartenance de cœur (son club) sur la décision prise par ses (futurs) employeurs de l'enrôler ou pas, l'ambition de l'assistant de damer le pion à l'entraîneur en chef, l'idée que seconder peut constituer un tremplin et, finalement, l'implication de l'entraîneur adjoint dans la mise en œuvre de la stratégie de travail. L'on note beaucoup de bon sens lors des entretiens avec ce technicien «mondialiste» et second de Abdelmajid Chetali en 1978, puis entraîneur en chef de la sélection qu'il qualifiera aux Jeux olympiques de Séoul. Entraîneur national adjoint, sélectionneur, entraîneur de plusieurs clubs et responsable de la formation des jeunes en tant que directeur technique, Taoufik Ben Othman est un inconditionnel du travail rationnel et scientifique.
A la question relative à l'appartenance du second, ce qui conditionnerait le choix des responsables d'un club, Taoufik Ben Othman accrédite la thèse que seul l'entraîneur en chef est à même de choisir son adjoint, comme l'a d'ailleurs fait l'entraîneur du CSS, Pierre Lechantre, en défiant les supporters du Club Sportif Sfaxien, pas très «chauds» pour le choix de Nabil Kouki au départ, bien que ce dernier ait été totalement adopté par la suite, faisant l'unanimité grâce à un travail de qualité... Et notre interlocuteur d'enchaîner : «Je serais plutôt pour reformuler la question car «l'appartenance» de l'adjoint est un faux problème qui se pose quand il s'agit pour un entraîneur en chef de choisir son premier collaborateur. Comment le premier responsable des affaires techniques doit-il choisir son second? Voilà la question. Sur quels critères se base-t-il pour effectuer le meilleur choix ?».
«Le staff technique, une entité fusionnelle...»
«L'entraîneur principal doit choisir en prenant en compte les rapports qu'il entretient avec son adjoint. L'assistant devra remplir certains critères. En premier lieu, l'honnêteté. Du point de vue rapport entre les deux éducateurs, les mots d'ordre sont confiance, cohésion, entente, dévouement et don de soi, les deux techniciens ne devant former qu'un. Ils doivent être fusionnels, complices et complémentaires. Il ne s'agit pas ici de se concurrencer mais de travailler en osmose dans un esprit de saine émulation. De leur entente dépendra la bonne marche de l'association ou même de la sélection, car, toute ambiguïté, tension ou désaccord entre les deux hommes peut avoir une influence directe sur le groupe de joueurs, ce qui crée des malaises, une scission et altération des rapports entre joueurs et staff technique. Choisir son adjoint est une prérogative propre à l'entraîneur en chef et nullement du ressort du bureau directeur où la tendance est de faire confiance à l'enfant du cru. Dans ce cas précis, parfois, on tombe dans le contentement des supporters, sorte de baromètre dans ce cas d'espèce. On sonde ces derniers et on fixe son choix selon la cote de popularité. Je pense que ce n'est pas professionnel. Par contre, si le choix est porté sur un enfant du club qui cadre avec le profil recherché par le technicien en chef, là, c'est une autre paire de manches, et ça a le mérite de satisfaire tout le monde».
Tantôt un collaborateur, tantôt un exécutant...
Concernant l'apport de l'adjoint, ses prérogatives et son champ d'action sur le contenu de la stratégie de travail, Taoufik Ben Othman est on ne peut plus explicite : «L'adjoint ne doit pas être impliqué dans la mise sur pied du programme de travail, du moins au niveau des clubs. Il doit être au cœur de la stratégie de travail arrêtée en ce sens. L'entraîneur en chef propose et l'adjoint dispose. Il n'est pas ici question de chasse gardée mais le programme de travail doit être une prérogative du premier technicien. L'adjoint est à la disposition de son supérieur hiérarchique pour l'aider à mettre en œuvre le programme et appliquer à la lettre les recommandations du premier entraîneur. L'adjoint peut bien entendu enrichir le contenu, faire des propositions, mais sans pour autant exiger. Il reste un subordonné. Il participe dans les limites de son statut et de ses fonctions. Il n'y a pas de droit de regard sur le contenu à mettre en œuvre, juste une collaboration et une participation efficiente et effective à propos de ce qui a été tracé, convenu et programmé. C'est ainsi que la pyramide de travail doit être conçue. A l'entraînement, le technicien en chef arrête le plan de la séance, la dominante de ladite séance, le dosage des entraînements, selon l'échéance à venir du point de vue spatio-temporel, l'approche technique et tactique, le travail spécifique, l'optimisation de certaines phases de jeu (balles arrêtées, reconversion, mobilité dans le jeu), jeu devant les buts... L'adjoint est sommé de diffuser le message aux joueurs, les superviser et veiller à l'application des consignes. Voilà comment l'adjoint doit exécuter son travail, apporter sa pierre à l'édifice et participer à la mise en application de la feuille de route définie et arrêtée par l'entraîneur en chef. C'est un collaborateur et un exécutant avant tout». Il va sans dire qu'une mésentente, voire un désaccord entre entraîneur en chef et adjoint peut à terme installer un climat orageux au sein de l'équipe. L'on se rappelle à cet effet du désaccord survenu entre Gernot Rohr et Taoufik Zaâboub à l'ESS, suivi d'une baisse de régime du club étoilé : «C'est dire que si l'adjoint ne participe pas à la réflexion pour la préparation, il constitue un rouage essentiel au bon fonctionnement d'une équipe», renchérit Taoufik Ben Othman. Aujourd'hui, de plus en plus de facteurs entrent en compte dans la préparation d'une équipe. Beaucoup de paramètres ont évolué (tactique, préparation athlétique...). L'on parle plus de staff technique que d'entraîneur en chef; et comme l'a affirmé Taoufik Ben Othmam : «La première recrue d'un entraîneur doit être son assistant qui devra remplir certains critères. En premier lieu, l'honnêteté, ainsi qu'une confiance mutuelle entre les deux hommes me paraissent primordiales».
Etablir une charte morale...
Il est vrai que, parfois, la moindre petite faille est exploitée par l'une des parties qui entourent le duo, que ce soit le comité directeur ou les joueurs. L'histoire foisonne d'exemples où un adjoint avait été mis en place pour prendre la succession de l'entraîneur la saison suivante sans que celui-ci n'en soit avisé, ou alors la personne peu scrupuleuse sautant sur la moindre occasion pour remplacer le responsable, bien évidemment après avoir pris part aux mauvais résultats précédents... L'établissement d'une «charte morale» entre les deux parties peut donc éviter bien des surprises et bien des déboires. Pour définir les cycles de travail, et même si les décisions sont arrêtées par l'entraîneur, une concertation entre les deux parties peut être bénéfique dans la mesure où chacun possède des connaissances ainsi qu'une expérience dans les différents domaines de préparation d'une équipe qui peuvent être complémentaires. La répartition des tâches lors des entraînements se fait en fonction des besoins (groupes de niveau athlétiques, postes par groupe de joueurs…).
Des prérogatives élargies pour le second n'impliquent pas nécessairement le fait d'empiéter sur les plates-bandes de l'entraîneur en chef. Pour revenir à une approche d'ordre relationnel entre les deux entraîneurs, il est évident qu'au cours d'une saison, l'un et l'autre des techniciens auront des idées différentes sur la composition de l'équipe. Mais à partir du moment où le but est de mettre en place le meilleur onze possible et que chacun apporte des arguments, une composition commune sortira de cette concertation, sachant que la décision finale sera toujours du ressort de l'entraîneur en chef. Volet communication avec les joueurs, Taoufik Ben Othmam insiste particulièrement sur le rôle et le comportement de chacun en présence des joueurs : «Chacun aura bien évidemment un rôle différent à «jouer». L'entraîneur représentant plus l'autorité et l'entraîneur adjoint, le «grand frère», plus dans un rôle de confident, voire de relais ou d'émissaire du premier... De toute façon, les joueurs adopteront toujours un comportement différent avec l'une ou l'autre des personnes. Par contre, lors de l'animation des séances, il est important d'avoir les mêmes réactions que ce soit en termes de qualité ou en termes de rigueur et d'exigence».
Il est clair que notre interlocuteur relate à ce propos l'expérience qu'il a partagée avec l'emblématique Abdelmajid Chetali lors de l'épopée de 1978, une expérience que bien des staffs techniques gagneraient à s'en inspirer actuellement. D'ailleurs, interrogé sur les ambitions de l'adjoint, Taoufik Ben Othman se montre explicite, à défaut d'être loquace : «L'adjoint ne se forme pas en équipe nationale. Il doit tout d'abord être confirmé et chevronné...Il faut qu'il sache anticiper, se montrer pragmatique et prendre le relais si jamais l'entraîneur en chef venait à s'absenter. En 1977, face à la Guinée à Tunis, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d'Afrique, j'ai pris mes responsabilités et j'ai aligné un attaquant qui ne devait pas faire partie des plans de Abdelmajid Chetali ce jour-là mais rester sur le banc. Résultat, ce grand attaquant d'un club huppé de la capitale s'est montré prolifique et a marqué le but de la victoire... Aussi, quand nous nous sommes qualifiés pour les Jeux olympiques de Séoul en 1988, Baccar Ben Miled était certes mon adjoint en sélection mais Nabil Maâloul était aussi un «adjoint» des plus précieux. Maâloul avait cette faculté d'assimiler méthodiquement le contenu de la réunion technique. Il buvait mes paroles et transmettait le message aux joueurs sur le terrain. C'était pour moi un atout considérable, et comme il a crevé l'écran à Séoul, je l'ai flanqué du pseudonyme “la tête et les jambes”».
De toute évidence, le riche vécu de Taoufik Ben Othman, cette icône du football tunisien, gagnerait à être mis à profit par notre direction technique nationale. Pour revenir au sujet de l'entraîneur adjoint, de prime abord, être le second, c'est travailler dans l'ombre avec pour seule récompense la satisfaction du devoir accompli et le regard reconnaissant des gens que vous côtoyez sur le terrain. Toutefois, sans affinités «footballistiques» et règles de vie, sans complicité et sans écoute mutuelle, le «couple» entraîneur-entraîneur adjoint est voué à l'échec. Ce qui rejaillira forcément, à court ou moyen terme, sur les joueurs et donc sur les résultats.


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