Le Club Africain est dans la rigueur et non dans l'austérité. Car abondance n'est pas toujours synonyme de relance. Il peut avoir 96 ans, mais c'est un CA rajeuni et pimpant qui affrontera Métlaoui prochainement. Sauf cataclysme sportif, le club de Bab Jedid devrait tenir son rang ou du moins faire bonne figure et rassurer ses fans. Il n'est certes pas question de brosser un tableau idyllique de la situation du CA. Mais de positiver sans pour autant oublier les déboires passés et la dégringolade qui s'en est suivie. Aujourd'hui, l'on ne peut plus se voiler la face et masquer certaines difficultés. Le CA est dans le dur. Le décrochage vécu la saison passée sur fond de symptômes éloquents en dit long sur la fragilité de l'équipe, quoique l'on semble avoir retenu la leçon en faisant désormais preuve d'humilité et même de modestie. Même son de cloche du côté de l'exécutif avec un code de conduite revu et corrigé. Au plus haut sommet de la hiérarchie du club, on admettait uniquement que les performances sportives étaient étroitement liées à la masse salariale. Ce modèle économique a vraisemblablement volé en éclats. Car outre le surréalisme, l'inflation et le déséquilibre qu'il occasionne, un club, aussi réputé et populaire soit-il, ne peut uniquement se reposer sur les largesses financières de son mécène, comme c'est le cas actuellement. Il y a même un consensus pour prendre le contrepied de certains clichés désuets et même fissurés depuis peu. Car le mal est profond. Sans recettes et sans autonomie financière, le CA restera l'otage des desiderata de ces philanthropes, qui, tantôt, le perçoivent comme une lubie, voire un caprice pour «happy few». Bref, il faut absolument sortir de certains carcans idéologiques rigides et opter pour un aménagement en réseau plutôt que d'une organisation de type pyramidale. La logique du marché des transferts Une fois n'est pas coutume: on peut parler d'une certaine logique du mercato clubiste. Tout d'abord, si le prix d'un joueur peut évaluer en fonction de ses performances, de la somme dépensée précédemment pour l'acquérir et du nombre d'années du contrat paraphé, on arrive certes à un résultat très proche de la réalité. Mais d'autres paramètres d'ordre conjoncturel entrent en compte. Pour rappel, les cas de Mikari, Nouioui, Belaïd, Nater, Touzghar, et même bien avant, Khaled Lamouchia, Matt Moussilou, Bedi Mbenza, Amir Hadj Messaoud, Fateh Gharbi et un certain Maher Hadded. En clair, faire preuve de sagesse est louable. Ramener la masse salariale à un niveau qui cadre avec les moyens mis à disposition et les prévisions sportives permet de maintenir le club dans le vert à défaut de le garder à flot. D'où, à titre d'exemple, la non-reconduction des Djabou et Dhaouadi, deux gros traitements financiers que le club ne peut plus supporter. En optant pour des recrutements ciblés et sans tapages, le Club a cette fois-ci fait preuve de maturité. Avec les Jacques Besson, Fakhreddine Jaziri, Ali Abdi et Mokhtar Belkhiter, le CA est dans la rigueur et non dans l'austérité. Car abondance n'est pas toujours synonyme de relance, d'où l'importance de relativiser et de placer la logique des transferts à l'échelle locale avant de viser un ancrage continental.