Les JO constituent le point d'orgue d'une année porteuse d'espoirs et de périls pour le sport national. Nous y sommes. L'année 2016 sera marquée par les Jeux Olympiques de Rio, au Brésil, où le sport tunisien va s'étalonner et chercher fortune, c'est-à-dire un de ces exploits isolés que pourraient lui réserver Habiba Ghribi, Sarra ou Azza Besbès, Nihel Cheikhrouhou, Fayçal Jaballah ou tout autre représentant d'un sport individuel. Comme quoi, on a beau snober quatre ans durant les parents pauvres du sport tunisien, en oublier parfois jusqu'à l'existence, leur réserver la portion congrue en termes de budgets dédiés aux Fédérations concernées ou, mieux encore, à l'élite représentative. Mais, à la fin, on y revient inévitablement pour tirer chapeau bas et s'incliner devant le miracle sans cesse répété du sphinx qui renaît comme par enchantement de ses cendres. Déjà, dès l'aube du nouvel An, les sélections de handball et de volley-ball vont chercher le précieux sésame olympique au Caire et à Brazzville. Celle de football a fait ses adieux au rêve olympique, il y a deux mois à Dakar où elle échoua piteusement à prendre l'une des trois places qualificatives à l'occasion de la CAN U23. Spectacle déprimant Plus généralement, au-delà de l'opération Rio pour la réussite de laquelle, tout près de la ligne d'arrivée, la tutelle et le Cnot tentent d'investir les gros moyens en débloquant une rallonge financière, se pose la faillite d'un système aggravée par la pénurie des sources de financement depuis la révolution. Il est clair qu'aujourd'hui, le sport est très loin de constituer la priorité. Le paysage, déprimant, croule sous le cruel assèchement des subsides, une infrastructure obsolète, moyenâgeuse et mal entretenue, l'absence d'un véritable projet, le tout sur fond de tensions récurrentes et de forts relents régionalistes dans la course aveugle aux résultats immédiats. La «titrite» est le seul horizon qui permet aux dirigeants de justifier leurs écarts, leur conduite irresponsable. En guise de bouquet, des instances qui s'entredéchirent, se livrant à des querelles dont les tenants et les aboutissants demeurent inintelligibles pour le commun des sportifs. Le Cnot est attaqué sur son terrain (le Cnas) par la fédération la plus puissante. Le ministère assiste médusé et impuissant à un règlement de comptes qui cache mal les échéances électorales qui se profilent à l'horizon. Bref, avec un titre africain (celui de la coupe de la CAF rapporté par l'Etoile du Sahel) ou pas, à l'image d'un sport accroché à quelques improbables exploits, le foot national n'assure plus ni sa simple fonction de spectacle, de divertissement, tant il reflète une image hideuse de source de déchirement, de creuset du régionalisme, du chauvinisme et de la violence, ni celle compétitive par le biais de ses sélections. 2016 se révèle une année charnière où la sélection des locaux va croiser son destin au Rwanda dès cet hiver, alors que les éliminatoires du Mondial pointent à l'horizon. Après avoir raté deux phases finales, un troisième échec enfoncerait un peu plus «l'homme malade».