Par Abdelkader KACEM (*) «L'homme n'est donc né que pour un coin de terre pour y bâtir un nid et pour y vivre un jour», c'est la conclusion d'un livre en français que j'ai lu au primaire et dont j'ai oublié le nom d'auteur. Qu'il trouve ici, à la fois, mes remerciements pour la pertinence de l'expression et mes excuses pour l'oubli. En fait oui, réellement, la vie d'un homme est très courte. Les rescapés de la mort disent avoir revu tout l'enchaînement de leur vie en une fraction de seconde comme dans un film au cours de cette mort succincte. Pour eux, toute la vie humaine, paraissant aussi longue, n'est vécue finalement que quelques instants. Tout passe et repasse et ne reste que Dieu et sa face disaient certains. Mais, malheureusement, la vie nous emportant par notre force physique, par sa beauté, son confort, la rapidité du temps et l'abondance des moyens matériels, nous permet de commettre des erreurs et ne nous donne pas la possibilité de mesurer nettement le sens de l'existence, l'ampleur de nos actions et l'essence d'une vie. On ignore souvent que la vie ressemble simplement au parcours d'un train où les uns naissent (montent au train de vie) et les autres décèdent (descendent définitivement de ce même train). Mais, le plus important dans une vie, ce sont nos actions diverses de tous les jours. Avec nous-mêmes d'abord : conscience, honnêteté, culture, maîtrise de l'environnement, etc. Avec les autres ensuite : soutien, compréhension, besoin d'aide, etc. Puis avec les professions : travail sérieux, rendement, reconnaissance, partage des expériences, fidélité, etc. Après, avec la nation : amour, dévouement, défense continue des territoires, sacrifice, etc. Et enfin, avec l'extérieur: coopération, solidarité, non-ingérence, etc. Le sens d'une vie, c'est en net les moyens de mesurer en quoi cette vie est utile pour une même personne et pour les autres. La réponse à cette question est apportée simplement par l'histoire parce que de son vivant on ne reconnaît pas facilement la valeur des autres. En fait, il faut du temps, avec du recul on peut faire des comparaisons, étudier les investissements, voir les divergences et mesurer la valeur des actions bonnes ou moins bonnes. Après notre disparition, le bon Dieu fera les comptes et offrira à chacun les revers de sa médaille. Entre-temps, on subit les conséquences positives et négatives à la fois. Pour améliorer notre visibilité de la vie et du vrai sens de l'existence, dans un contexte dominé, aujourd'hui, par les désaccords, la divergence des intérêts, les conflits et l'insécurité nous pensons qu'il serait utile d'approfondir la question, mesurer les conséquences de nos actions et faire la part des choses pour aider la nation à se reconstruire, se rendre solidaire et créer un environnement propice à la confiance, au travail sérieux, à l'emploi, à la paix et à la sécurité d'ensemble interne et externe. Avant de commencer ce travail, je vous propose qu'on fasse une expérience bien simple. Mettons-nous, d'abord, un instant sur le lit de la mort. Vivons, ensuite, les derniers instants de notre vie. Et faisons, enfin, les comptes. Posons-nous les bonnes questions : en quoi sommes-nous constructifs ? Quel est notre degré de loyauté pour la nation ? Qu'elle est notre part d'investissement profitant aux autres ? Quel est notre bilan production-consommation ? Quelles traces laisserons nous avant notre départ final ? Quel est pour nous le sens du devoir? de la justice ? Qu'est-ce qui fait notre fierté de vivre ? Etc. Au cas où le bilan serait non convainquant, ça serait une occasion pour se rattraper avant l'instant fatal. Pour faciliter cette démarche constructive, nous proposons six éléments de réflexion. Premièrement, vérifier les possibilités d'application des passions au travail pour le rendre épanouissant. Deuxièmement, se demander si le travailleur trouve d'autres rémunérations que le salaire de son métier principal pour s'enrichir. Troisièmement, se poser la question de connaître s'il est intéressant de savoir faire autre chose que son travail pour gagner en expérience. Quatrièmement, vérifier si l'on fait régulièrement une bonne répartition de notre temps journalier pour profiter pleinement de notre vie et ne pas la perdre inutilement. Cinquièmement, se demander si nous fixons couramment des objectifs clairs pour progresser et atteindre nos buts. Et au final, nous proposons de mesurer les traces effectives de notre vie pour nous réconcilier avec nous-mêmes puis avec les autres et progresser. La passion peut-elle s'appliquer au travail ? Si certains se contentent d'accomplir leur travail dans des conditions peu enrichissantes et dépensent les 2/3 de leur temps à ne rien faire, si non se reposer dans un café pour discuter du tout et du rien sans rien apprendre, d'autres, au contraire, répartissent leur temps libre dans des actions utiles et productives. En fait, la différence de productivité et le confort professionnel entre les pays développés et les moins nantis est induit, pour beaucoup, par les investissements constructifs, éducatifs, culturels, de distraction et de loisir en dehors de leur milieu de travail. De tels éléments, non coûteux, sont inspirants et induisent progressivement une compétence ajoutée qui apporte simplement une rentabilité additionnelle et une facilité d'action de tous les jours du fait d'un cumul de connaissance en parallèle des possibilités suscitées par les milieux professionnels. Cela produit un surcroît de passion et de plaisir qui favorisent une santé améliorée, des répercussions nationales positives. Les Américains conjuguent le mot «to bring» (saisir - agir) dans tous les sens. Ils disent en gros si vous agissez-vous réussissez toujours tout ce que vous entreprenez «If you bring something about' you cause, it to happen» et si vous voulez aider les autres vous pouvez le faire facilement «If you ‘bring someone along' with you, they come with you». Les Français aussi expriment cette notion en relation avec le travail par un ensemble de mots pour atteindre la performance. Ils utilisent les termes passion, agilité, audace, sociabilité, détermination, curiosité, morale, humilité, savoir, positivisme, environnement, etc. Au total, les civilisations reconnaissent que les personnes qui agissent peuvent réussir des choses même dans des conditions difficiles. Et concluent qu'au plan personnel, c'est très enrichissant. Le travailleur trouve-t-il rémunération seulement dans le salaire ? Pour certains l'intérêt du travail et les moyens de l'améliorer induisent automatiquement une amélioration des revenus autres que les salaires directs, une facilité des actions de tous les jours et un rendement professionnel croissant qui se répercutent sur l'ambiance au travail et la collaboration des équipes. Ces éléments sont mesurés en termes pécuniaires par une amélioration réelle des pouvoirs d'achats d'ensemble moyennant une baisse des prix, une amélioration de la qualité, une meilleure durabilité des biens, davantage d'esthétique, de préservation de l'environnement, une meilleure santé, etc. qui incitent les personnes à acquérir une ou plusieurs compétences additionnelles pour parfaire et faciliter leurs actions au quotidien. Ces conclusions sont converties réellement par une hausse des revenus des familles qui se répercutent sur les budgets allant en s'améliorant. Pour aider les personnes à se construire, les milieux professionnels apportent un appui important aux équipes au travail et à leur famille moyennant des activités éducatives présentielles et virtuelles, culturelles, artistiques, sportives, de loisir, etc. Dans les pays riches, plusieurs actions de cette nature sont possibles dans toutes les régions. Elles sont accessibles à tous sans conditions. Les habitants en rapport consacrent du temps et y adhèrent volontiers pour en profiter et contribuer à l'amélioration du système en conséquence, chacun selon ses possibilités. Faut-il savoir faire autre chose que son métier principal ? Les personnes averties n'arrêtent pas les études, comme le recommandent les religions, si leurs conditions d'ensemble le permettent, notamment dans un environnement propice. Aujourd'hui, avec internet les possibilités sont multipliées. Elles sont convaincues qu'il y a toujours des choses importantes à apprendre dans les universités, les lieux de recherches, le partage des expériences, les manifestations, les voyages, etc. Chacun selon ses moyens et ses possibilités contribue à l'enrichissement de la démarche. Ce procédé ne permet pas seulement de posséder plusieurs diplômes, mais d'apprendre des autres et de partager des expériences utiles qui servent très certainement dans la vie pour accomplir des réalisations importantes pour soi-même et le reste de l'humanité. Les expériences cumulées ne permettent pas seulement d'améliorer les fonctions en cours pour développer les rendements, les carrières et les salaires, accomplir des actions pour soi, mais autorisent en parallèle la fusion des métiers, des initiatives et des connaissances qui aboutissent en fin de compte, et c'est le plus important, à des innovations de nature à changer les évènements et les conditions en place pour le mieux. Et par voie de conséquence rendre la vie mieux sécurisée et plus belle pour l'humanité. En fait, les grandes innovations sont nées des expériences cumulées, des pratiques répétitives, de la confrontation des avis, du retour sur expérience et du hasard. Je me rappelle l'histoire de l'invention de l'électricité induite par un élève de nationalité anglaise renvoyé définitivement de son école du fait de son agitation en classe. Toutefois, celui-ci avait la chance d'être l'enfant d'une mère éducatrice dans la même école qui a fini par le former à la maison dans les matières nécessaires à la poursuite de ses investissements ailleurs. Au bout du compte, il est arrivé, après maints échecs, à la mise en place de la lumière électrique pour la première fois dans l'histoire dans l'une des rues des villes anglaises une nuit d'hiver. En fait, il faut se rendre compte qu'on ne doit jamais sous-estimer les capacités des personnes même celles qui, à première vue, sont inefficaces. La pratique peut démontrer le contraire si les personnes sont convaincues et agissent régulièrement. Cela prouve que toutes les personnes studieuses réussissent un jour ou l'autre une activité quelconque. Cette histoire colle à beaucoup de personnes autodidactes dans notre pays et dans le monde qui, parties de rien, atteignent des performances professionnelles d'exception moyennant une bonne dose d'honnêteté, l'amélioration continue du travail et l'assiduité dans l'action sérieuse. Jadis, les critères d'intelligence (QI) tiennent à vérifier 4 éléments seulement : les mathématiques, le physique, la logique et le langage. Mais, désormais, les philosophes intègrent, en plus, une bonnes dizaine d'autres activités dont notamment la morale, les arts, la musique, l'écriture, le respect de l'environnement, l'agriculture, ... pour lesquels on démontre que les auteurs bien que non matheux sont aussi très intelligents et laborieux. Le besoin d'une répartition optimale du temps journalier Seulement pour bien réussir dans la vie, il faut prendre soins de bien répartir son temps de nature à aérer sa journée de façon optimale pour renouveler ses forces et renforcer ses motivations et celles des autres, naturellement. Cela n'est pas si simple sauf si les personnes tiennent à des activités constructives moyennant des principes clairs pour fixer des plages d'horaires limitées à chacune des actions afin de s'en occuper convenablement. Le partage des horaires doit tenir compte des moyens de développer les compétences et la productivité, mais aussi et pour beaucoup de faire des activités tout aussi épanouissantes, sportives, culturelles, de s'occuper de sa famille, de ses loisirs, de son bien-être et de ses distractions pour se donner l'occasion de mieux apprendre et de profiter d'abord à lui-même, son milieu, son boulot puis à sa nation. Cette variation d'activité moyennant alternance entre travail et épanouissement alimente les énergies, éveille la conscience et améliore la communication constructive des idées entre les matières en besogne à la faveur d'une meilleure productivité. La question du temps est précieuse car, mal exploitée, elle induit des coûts irréversibles qui se répercutent sur l'environnement et toutes les personnes y vivant. La fixation des objectifs réguliers est primordiale pour progresser Les experts démontrent que les personnes qui ne fixent pas des objectifs réguliers dans toutes leurs actions (professionnelles, éducatives, culturelles, familiales, personnelles, etc.) ne réussissent pas bien. Les études confirment que les personnes qui fixent des objectifs claires par écrit, veillent régulièrement pour les atteindre et analysent les conclusions de leurs actions à chaque échéance atteignent de grandes performances. Sur une échelle de 10, les personnes qui se tiennent à cette formule atteignent le maximum, soit 10 points. Les personnes qui fixent des objectifs oraux et font de même pour le suivi et l'analyse des conclusions atteignent 3 points. Mais, les personnes qui ne fixent aucun objectif réussissent un seul point. En fait, une personne qui ne fixe pas d'objectifs dans sa vie, réellement, ne fait rien et n'attend rien. De cette façon, elle ne crée aucune opportunité et ne favorise pas les chances puisque ces dernières sourient aux personnes audacieuses. Au-delà de son auteur, les défaillances pénalisent toute la société, en définitive. L'utilité d'une vie est mesurée par les traces profitables aux autres Toutes les actions rapportées dans cet article tendent à maximiser l'apport des personnes pour eux-mêmes, leur environnement et pour les autres dans la limite des capacités naturelles de chacun, bien entendu. Nous avons beaucoup d'intérêt à agir suffisamment, chacun selon ses moyens, de façon constructive, positive et adaptée pour en profiter soi-même et laisser un héritage important à ses enfants. Ces actions utilisées dans un cadre moral, patriotique et constructif induisent normalement davantage emploi, de pouvoir d'achat, de bien-être et de sécurité profitable à tous. Réellement, les actions comptabilisées sous ce titre ne peuvent être que reconnues par les populations actuelles et futures au-delà du plaisir de satisfaction de leurs auteurs et des répercussions matérielles profitant à leurs proches. Une vie digne et utile correspond donc à des actions constructives suffisamment durables profitant à l'ensemble des populations en interne et à l'étranger. De telles mesures ont des effets d'entraînement positifs multiplicateurs des bonnes actions en société et des comportements harmonieux induisant paix et tranquillité. Cela favorise aussi au total une société prospère, intègre, respectable de nature à impacter les relations extérieures et entraîner des investissements multipliés de part et d'autre. Nous souhaitons, au final, que les conclusions de notre épreuve sollicitée au début de cette article soient constructives (paragraphe 3), et que nous sachions mesurer, à juste titre, régulièrement l'intérêt de nos actions au quotidien, cessons les divisions et agissons positivement pour notre bien propre et celui de la nation pour barrer la voie aux personnes qui véhiculent des intentions non appropriées, malheureusement. Au bout du compte, l'histoire enregistre tous les comportements et en jugera ultérieurement. Mais le jugement final revient à Dieu, le tout puissant qui, après notre descente finale du train de la vie, nous amènera à l'endroit qui nous convient, chacun selon ses actions, simplement. * (Cadre bancaire retraité)