De l'Etoile Sportive du Sahel au Club Africain, le changement de club n'a pas été facile pour l'ancien défenseur axial de l'équipe de Tunisie. «Ce n'est jamais de gaieté de cœur que l'on quitte sa famille pour aller rebondir ailleurs. J'ai passé neuf ans dans les catégories des jeunes, avant de porter la casaque étoilée entre 1995 et 2002 au plus haut niveau, avec les seniors où j'ai été titulaire à part entière. Soit en tout et pour tout seize ans à l'ESS, et patatras ! Je suis poussé à aller voir ailleurs. J'ai eu des problèmes avec le Brésilien Paulo Rubim qui voulait m'aligner arrière gauche après la blessure contractée par Amir Mkadmi. Je lui ai clairement annoncé que soit je jouais à mon poste de prédilection d'arrière central, soit je m'en allais. J'ai fini par aller m'entraîner avec l'équipe Espoirs (ou Elites) de l'ESS sous la coupe de Mohsen Habacha. Au mercato d'hiver 2002, j'ai pris le chemin d'un aussi grand club que l'ESS, où la pression est la même : le Club Africain. Mis à part trois ou quatre joueurs, je connaissais la totalité de l'effectif où je débarquais. Je n'ai eu par conséquent aucun problème d'adaptation. Pourtant, il n'est jamais évident de réussir à arracher une place de titulaire quand on débarque en hiver dans un nouveau club. Néanmoins, on m'a accueilli chaleureusement, le public m'a vite adopté. J'y ai joué trois ans, dont deux en tant que capitaine. Il n'y a aucun secret à cela : seul le travail paie. Si j'avais eu le choix, je n'aurais jamais quitté l'ESS; ce n'était pas pour l'argent, loin de là, le public étoilé ne m'en veut pas, d'ailleurs. J'étais revenu au bercail en tant qu'entraîneur adjoint. L'Etoile reste non seulement le club de mes premières amours, mais mon club, tout court. Quant au CA, c'est un grand club auquel je voue un sentiment particulier. J'y ai donné le meilleur de moi-même. En échange, la grande famille clubiste m'a respecté. «De plus en plus tolérant» Je crois qu'aujourd'hui, la mentalité commence à changer petit à petit. Avec Nabil Maâloul et mon coéquipier Férid Chouchène, nous avons été les pionniers, balisant une voie jusque-là presque inconnue : celle d'un transfert d'un grand club vers un rival traditionnel. Certes, notre foot reste encore à des années-lumière du vrai professionnalisme. Il n'en reste pas moins que le public sportif tolère de plus en plus ce genre de situation. Chez nous, s'il subsiste encore des réticences, une certaine forme de résistance des mentalités à ce changement de clubs, il faut se rappeler que cela n'est pas propre à la Tunisie. Regardez ce qui se passe au plus haut niveau. En Espagne, par exemple, à l'occasion du départ du Portugais Louis Figo en 2000 de Barcelone — où il venait de passer cinq saisons — vers le Real. En tout cas, il faut faire très attention à tout ce qu'on peut dire au moment de passer d'un grand club à un autre, ou commenter au sujet de la réaction du club que l'on vient de quitter. Il est naturel que le public chambre son ancien favori; il y a en son for intérieur un sentiment de trahison, d'abandon. Il faut se garder de jeter de l'huile sur le feu!».