Aïd, rentrée scolaire et universitaire... les dépenses n'en finissent pas... Jongler entre les deux relève de «l'équilibrisme» Finies les vacances d'été, la rentrée scolaire approche à grands pas. Cette année, elle va coïncider avec un autre événement, la fête du sacrifice. Les préparatifs pour la rentrée scolaire et universitaire, côté budget, représentent une période «difficile» à gérer pour les familles tunisiennes, alors que dire lorsqu'elle coïncide avec une autre fête qui nécessite, elle aussi, autant de dépenses. Les familles tunisiennes se trouvent aujourd'hui confrontées à un grand dilemme : sera-t-il possible de concilier la rentrée et l'Aïd? Car ce n'est pas donné à tout le monde de dépenser autant d'argent au cours d'une même période. Les achats pour célébrer la fête de l'Aïd constituent une part importante du budget, idem pour les fournitures scolaires (cartables, trousses, manuels scolaires...), frais d'inscription et même nouveaux habits pour certains... et afin d'éviter la ruine totale, certaines familles s'organisent pour pouvoir concilier ces deux événements. Lotfi, taxiste, a deux filles, inscrites à l'école primaire. Sa femme est au foyer. Il va se contenter d'acheter quelques kilos de «viande rouge» pour avoir l'impression de célébrer, comme il se doit, la fête de l'aïd. Il n'a pas les moyens pour consacrer un budget important pour l'aïd. Ses revenus ne lui permettent pas d'acheter un mouton, car le prix est relativement élevé. «Il peut atteindre les 400 dinars, et c'est cher !», s'exprime-t-il. «Je suis presque ruiné, car déjà les fournitures scolaires et les formalités d'inscription m'ont coûté beaucoup d'argent, sachant que je devrais aussi consacrer un budget pour affronter les dépenses de l'école durant toute l'année et je ne peux plus dépenser encore plus pour la fête de l'aïd. De toutes les manières, ma famille est très compréhensive et nous allons quand même marquer cette fête à notre façon», observe le taxiste. Idem pour Jamila, qui devrait affronter, spécialement cette année, de grandes dépenses. Car sa fille est bachelière et elle devrait quitter, pour la première fois, son domicile pour étudier dans une autre région que la sienne. Bienvenue les méga-dépenses. A part les fournitures scolaires, l'inscription à la faculté, ce sont d'autres charges que Jamila doit assurer : le coût de location du foyer et une somme d'argent mensuelle qu'elle doit consacrer pour les besoins de sa fille étudiante. Elle a décidé donc, pour célébrer l'aïd, de se réunir avec sa famille, autour d'un repas le jour de la fête. «L'essentiel, c'est de célébrer cet événement en toute convivialité avec ses proches», conclut-elle. Exceptionnellement cette année, Salwa et Walid vont sacrifier les festivités de l'aïd afin de faire face aux frais et dépenses de la rentrée scolaire de leurs deux enfants. Le premier va être inscrit en troisième année primaire et le second en cours préparatoire. Et c'est pour ces raisons qu'ils ne peuvent pas mettre de côté un budget pour la célébration de l'aïd, d'autant plus que les revenus de Walid sont faibles et que c'est souvent sa mère qui les aide pour pouvoir joindre les deux bouts. Partage des dépenses Si pour certains, la conciliation de ces deux événements qui coïncident s'avère difficile, pour d'autres, il n' est pas question de rater la fête de l'aïd. Et ils se débrouillent pour trouver des solutions. Dans le cas de Sana, une jeune fonctionnaire de trente ans, c'est elle qui se charge des dépenses de la rentrée scolaire pour sa sœur inscrite à la faculté et son frère collégien. Quant à son père, c'est lui qui se charge de toutes les dépenses de l'aïd. «Comme chaque fois, et ce, depuis quelques années, je consacre un budget pour pouvoir assurer les frais de la rentrée scolaire de mes frères. Quant à mon père, il se charge des dépenses de l'Aïd. D'autant plus que le prix du mouton est moins cher par rapport à l'année dernière, et c'est tant mieux. Mon père a consacré entre 350 et 450 dinars pour le mouton de l'aïd», raconte Sana. La fête de l'Aïd ? Ils l'ont boycottée D'autres citoyens, comme Mohamed et Neïla et leurs deux fils étudiants, ont tout simplement décidé de boycotter la fête de l'Aïd depuis quelques années. Raison : le coût trop élevé du mouton de l'aïd qui a atteint 700 dinars il y a quatre ans. Et depuis, ils se contentent de célébrer le jour de l'Aïd en rendant visite à leur famille. «Les raisons pour lesquelles on ne célèbre plus l'aïd sont d'ordre purement financier. Depuis quelques années, le coût du mouton a flambé et franchement, nous ne sommes pas prêts à dépenser toute cette somme alors que mes deux fils étudient à la faculté (Beaux-Arts et médecine dentaire), et que cela nous coûte beaucoup d'argent. Quant à la fête de l'Aïd, cela fait quelques années qu'on la célèbre soit chez moi, soit chez ma belle-mère».