Boycott des cours à partir de 21 septembre, grève prévue d'ici le 5 octobre prochain, les enseignants affirment ne pas lâcher prise, à condition que leurs revendications soient satisfaites A quelques jours de la rentrée scolaire, attendue cette année au lendemain de l'Aid El Idha, le torchon brûle, de nouveau, entre le ministère de l'Education et les syndicats de la corporation, dans ses deux cycles de formation. Un avant-goût de retour à la case départ, sur fond de remous et de couacs à n'en plus finir. Il y a de l'orage dans l'air. Pas plus tard qu'hier, les instituteurs ont observé une journée de colère, avant de passer à l‘escalade, à peine annoncée, dans les jours à venir. Leur chef, porte-voix, M. Mastouri Gammoudi, secrétaire général du syndicat général de l'enseignement de base, a déclaré, publiquement, qu'il y a un manque flagrant au niveau du corps enseignant. Soit dix mille postes vacants dans nos écoles primaires à pourvoir et que l'effectif actuellement en exercice ne peut plus subvenir aux besoins des classes, déjà encombrées. Intervenant, hier matin, sur les ondes d'une radio privée, M. Gammoudi a appelé le ministère de tutelle à agir au plus vite, afin de pallier tout manquement. Et d'ajouter, dans ce sens, qu'un accord pourrait être trouvé avec le ministère pour le recrutement des enseignants. Et leur affectation peut se réaliser par étapes, de façon progressive. Sans pour autant perdre de vue l'amélioration de la situation matérielle et professionnelle du secteur. Les enseignants du secondaire de la partie Les syndicalistes assurent qu'ils vont poursuivre leurs mouvements de protestation jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites. D'ailleurs, la menace d'une grève générale semble faire son chemin, d'ici le 5 octobre prochain. Et ce n'est pas tout. Leurs homologues du secondaire ont, eux aussi, leur mot à dire. Dans la foulée, a-t-on également appris, une suspension des cours est prévue à partir du 21 de ce mois, au cas où M. Neji jalloul, le ministre de l'Education reconduit dans le gouvernement Chahed, n'arriverait, d'ici là, à réviser ses comptes et revoir la situation toute entière. Sa collègue Mme Majdouline Cherni, fraîchement installée dans son poste en qualité de ministre de la Jeunesse et des Sports, s'est retrouvée, elle aussi, dans le collimateur des enseignants de l'éducation physique. Ces derniers, dont les demandes, déjà acceptées suite à un accord Ugtt-gouvernement, sont, jusqu'ici, restées lettre morte, se sentent profondément trahise et veulent que les promesses soient concrétisées. La commission administrative sectorielle tenue samedi dernier menace de boycotter les mutations des professeurs du secondaire. Et puis, des rassemblements auront, probablement, lieu devant les délégations régionales de l'Education. Autant dire, les deux protagonistes du secteur, en l'occurrence, Mme Cherni et M. Jalloul devraient, de leur côté, prendre le taureau par les cornes, afin d'en finir avec ce bras de fer devenue rituel. Promesses non tenues Mais, il y a encore un hic : les enseignants en sit-in ouvert devant le siège du ministère à Bab Bnet dans la capitale. Il dure depuis neuf mois, sans que personne ne lève le petit doigt. Et l'on ne voit guère le ministère de tutelle agir en connaissance de cause. Dans moult communiqués dont le dernier en date a été rendu public hier, les sit-inneurs ont dénoncé la sourde oreille qui leur est prêtée. «Neji est l'homme qui ne tient pas parole, puisqu'il n'a rien fait pour les candidats qui figurent sur la liste d'attente, afin d'être recrutés...», déplorent-ils. De même, ses récentes déclarations à l'ARP sont jugées inacceptables et «ces demandeurs d'emploi ne sont pas des ayants-droit...». Déçus, les protestataires en colère se sont joints, hier matin, à leurs collègues suppléants dans la défense de leur commune cause, à savoir l'intégration dans le corps enseignant. Surtout que le secteur éducatif souffre, aujourd'hui, d'un déficit en compétences et en qualité pédagogique nécessaires à la formation des générations futures. L'école publique n'est plus ce qu'elle était, dit-on unanimement. Face à la grande percée du secteur privé, marquée plutôt par sa cherté, l'école de Bourguiba, publique et gratuite, est devenue celle des pauvres, des catégories démunies. Bref, une école qui n'a pas su rattraper le temps perdu. Le projet de réforme, dont elle fait actuellement l'objet, serait-il en mesure de la sortir des sentiers battus ?