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Autopsie d'un suicide
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 09 - 2016


Pr Ahmed Dhieb*
Le suicide représente dans notre pays à la fois un problème social, psychique et de santé publique. D'autant que, ces dernières années, nous constatons son aggravation et aussi ses retombées. Ces dernières ne cessent parfois de prendre des tournures dépassant le cadre personnel, familial, pour enfin intéresser, de diverses manières, toute une société. Parfois, c'est une grève ou un blocage de la circulation qui en découlent. La journée du samedi 10 septembre a été fort instructive à cet égard. D'éminents conférenciers ont donné leurs points de vue à Beit Al Hikma. Ils ont surpris la très nombreuse assistance de par nombre d'aspects insoupçonnés jusque-là
«Selon une légende, il est un oiseau qui ne chante qu'une seule fois de toute sa vie, plus suavement que n'importe quelle autre créature qui soit sur terre. Dès l'instant où il quitte le nid, il part à la recherche d'un arbre aux rameaux épineux et ne connaît aucun repos avant de l'avoir trouvé. Puis, tout en chantant à travers les branches sauvages, il s'empale sur l'épine la plus longue, la plus acérée. Et, en mourant, il s'élève au-dessus de son agonie dans un chant qui surpasse celui de l'alouette et du rossignol. Un chant suprême dont la vie est le prix !»
Pourtant, durant tout ce samedi 10 septembre, on s'est évertué à Beit al Hikma, l'Académie des Sciences, des Lettres et des Arts, à nous convaincre de l'idée que le suicide est un acte purement humain. Et de conclure intelligemment, en fin de journée, que l'on va continuer à en débattre.
L'homme n'est-il pas né sur terre pour tenter chaque jour de survivre ?... Tant il y aurait d'embuches sociales, de brisures sentimentales, de départs d'êtres aimés, de problèmes d'incompréhension, de silences autour de soi, et parfois, ce sont des vociférations tonitruantes... Tant ce voyage dans l'au-delà semble mettre fin à tout cet imbroglio qui s'appelle la vie.. Ainsi, tant qu'on n'aura pas réglé avec certitude ce qu'il y aurait dans l'autre monde, seuls les bons croyants semblent posséder ces certitudes-là... Pour tous les autres, toutes ces certitudes ont une seule caractéristique : c'est qu'elles sont incertaines. Elles ne valent pas un cheveu de femme.
Celui qui tente de se suicider est, semble-t-il, un être fragile qui demande à être reconnu dans son essai... Et il serait légitime de se poser la question : Est-ce que l'on procède à un suicide ou bien est-ce qu'on le subit ?D'où et comment se constitue cette force intérieure qui pousse un individu à faire mal, très mal à son corps d'un coup. Avec une strangulation subite... Une chute avec fracas sur un sol dur avec tant de dégâts aux organes internes et externes. Une noyade avec une suffocation qui durera quelques minutes.. Une mort lente de par un médicament que l'on s'injecte.. Une section de veine avec hémorragie. Une immolation par le feu... Tous ces procédés que le suicidant (celui qui tente plusieurs fois de se suicider) essaie afin d'ameuter autour de lui et d'avertir, sont des appels au secours... Est-il alors en l'état où il subit cet appel de l'intérieur ? Ou bien est-il parfaitement acteur conscient et volontaire ?
Crime religieux et social, dites-vous ?
Le Professeur Neila Sellini enfonça le clou. Elle nous a relaté avec une méthode khawarizmique le nombre de versets coraniques où il est dit combien tuer est un crime odieux. C'est un péché abject. «. Il n'appartient pas à un croyant de tuer un autre croyant, si ce n'est par erreur» (Le Coran)... Et alors que le public était saisi dans sa certitude que tuer ou se tuer était sans doute l'un des plus grands péchés, voilà que des caméras se braquent sur un texte affiché, des micros se tendent et la salle se fige dans un silence de mort.. C'est bien le cas de le dire. Cette dame nous sort en préambule : je demande toujours à mes étudiants de laisser leur croyance hors la salle de cours. Ici, nous présentons et discutons avec rigueur tous les textes en notre possession. Il ne faut rien occulter. Le travail de recherche ne doit nullement épargner une tranche de l'histoire humaine, ni oublier un écrit.. L'interprétation du texte, c'est autre chose.
Donc nous voici perplexes devant un hadith relaté dans Sahih al Boukhari, il porte le numéro 6581... Je ne vais pas le relater... Ni le traduire.. J'en dirai simplement que lorsque la révélation du Coran tardait à venir, le Prophète Mohamed remontait certaines cimes de montagnes.. ..... Et c'est l'Ange Gabriel qui venait le rassurer pour lui dire qu'Il était le Véritable Prophète... L'événement se reproduisit nombre de fois. Avec la même issue..
Sans doute qu'il y eut en ce samedi 10 peu de gens qui quittèrent la salle de conférences, indemnes.
Extériorité, étendue et contrainte caractérisent le fait social
Si l'être humain est libre de penser au suicide, a-t-il par la même le droit d'alerter autrui par une tentative ou celui d'aller au ciel en cendres ? A-t-il le droit par la même de mettre en déroute tant de régimes politiques semblant jusques-là bien assis dans leurs fauteuils de rois élus manu militari ?
Le Professeur en Sciences politiques, Mohamed Kerrou, est adepte de Durkheim, ... Et ce dernier, n'est-il pas celui qui dissocié social du psychologique,et l'individuel du collectif ? C'est lui aussi qui fonda les conditions de possibilité d'une action contraignante de la société sur les individus. En effet, « Extériorité, étendue et contrainte caractérisent le fait social » . Il devint ainsi à la fin du dix-neuvième et début du vingtième siècles le véritable fondateur de la sociologie en tant que discipline autonome et scientifique.
Durkheim est également à l'origine de plusieurs termes qui sont aujourd'hui très connus, comme anomie et conscience collective. Il écrivit aussi sur les thèmes suicide et religion, constituant, jusqu'à ce jour, les bases de la sociologie moderne. En tout cela, Ibn Khaldoun fut absent. Il semblerait pourtant qu'une lecture mérite d'être faite en la matière.
Une fois ceci présenté, il nous fit la belle surprise de nous donner quelques révélations de taille à propos d'un certain Bouazizi qui s'était immolé par le feu en décembre 2010...mettant par la même, à feu et à sang, tant de pays arabes et au-delà...
Aucun diplôme... il ne fallait pas le confondre avec un autre Bouazizi... Les photos présentées dans les médias ne sont pas siennes...Sa famille s'est réfugiée au Canada. Mais le clou des révélations est son nom... Et il faudrait changer toutes les pancartes, les noms de rues, et tant d'autres effigies... Il s'appelle donc Tarek Bouazizi et non Mohamed Bouazizi. Voilà qui est dit.
L'on nous a gavés de chiffres, de statistiques. Ces chiffres concernent cependant certaines régions de Tunisie. L'oubli concerne également les morts. L'inégalité aussi. Tant il était clair que le petit groupe d'études, de conférenciers, et de proposants concernait encore une fois de plus le Grand Tunis. S'il n'y avait Le Professeur Sellini du Sahel... Et quelques électrons libres qui, comme moi, étaient venus écouter et essayer de semer par-ci et par-là quelques questions restées figées entre ciel et terre. Pourtant, il s'agissait d'un sujet national à traiter dans la langue nationale afin de servir de tremplin dans ce qu'il y aura d'essentiel : la Prévention.. Le Professeur Sadok Belid, mécontent le matin pour l'absence de l'aspect philosophique, semble s'être rattrapé dans la séance de l'après-midi après une pause et un agréable moment de visionnage de la baie de Tunis sur la mer bleue et BouKornine au loin..
Nous sommes loin derrière les chiffres de pays développés et de l'Iran! Mais nous glissons progressivement vers leurs chiffres avec notre honte de reconnaître un suicidé qui nous appartient bien.
Une journaliste s'est évertuée dans un français moyennement audible à nous montrer principalement les premières pages d'un journal de la place, presqu'un seul ( ??), allez savoir pourquoi. Donc, nous montrer ce qu'il ne faut pas montrer. Pourtant, il s'agissait d'un aspect fondamental de cette journée. A qui s'adressait-elle avec ce français et des titres d' images en arabe ? Est-on devenu schizophrène à ce point ? Et n'est-ce pas dans l'incompréhension qu'il faut chercher une part des causes de suicides de nos jeunes de l'intérieur du pays totalement incompris... ; Allez leur parler ainsi dans cette langue à Sidi Bouzid, à Kebili, ou à Kasserine et vous en récolterez la réaction.
Un suicide n'est-il pas en même temps le meurtre d'un délaissement parental et celui de toute une société ? Ce qui s'est passé au septième siècle s'est reproduit au dix-huitième en Arabie Saoudite du temps de Abdelwaheb. Il se reproduit également aujourd'hui avec Daech. Avec image et son. Tout le monde le sait. Beaucoup de gens sont complices de ces suicides volontaires au milieu d'autres gens que l'on tue. Le pire est que certains parents préparent et fêtent le départ d'un fils vers ces attentats-suicides!!
N'est-il pas dit dans ce best-seller, les oiseaux se cachent pour mourir : Il n'y a point de bonheur sans douleur. Mais ce qui est déplorable et injuste,c'est que cet ange Gabriel n'intervient jamais dans les tentatives de suicide des oiseaux.
* (Professeur en Médecine)


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