Par Slaheddine GRICHI Alors que les médias, les réseaux sociaux, les députés et, par voie de conséquence, une grande partie de l'opinion publique sont accaparés par un prétendu rejet d'une demande de diffusion d'un film qui n'a finalement même pas été déposée au ministère des Affaires culturelles, ou par des pressions —non avérées— qu'aurait subies une chaîne de télévision pour annuler la projection d'une interview pratiquement sans relief (que Moncef Marzouki nous en excuse), d'autres (mé) faits beaucoup plus importants sont banalisés, sinon franchement occultés, et d'autres pratiques sont en train de s'ancrer dans nos habitudes et de devenir inhérentes à notre quotidien. Le révoltant, c'est qu'on ne fait rien pour les limiter, à défaut de les éradiquer malgré le danger qu'ils représentent. En effet, qui œuvre encore au rétablissement de la discipline et du respect de la hiérarchie dans nos administrations? Qui se dresse contre le laisser-aller et le je-m'en-foutisme en revalorisant (et en les récompensant, le cas échéant) le travail, la compétence et la performance ? Qui essaye réellement de faire le rempart face à la corruption qui s'est propagée pour toucher à tous les niveaux et pratiquement tous les secteurs ? Et dire que tout le monde convient que ce phénomène est le nerf moteur de la contrebande et par là même du terrorisme ! Qui pense à mettre à exécution la promesse de réviser les nominations partisanes de la Troïka qui handicapent et pourrissent les administrations et les institutions du pays ? L'affaire du délégué à l'enfance pour qui une gosse de douze ans est apte à s'engager et à se marier n'est qu'une infime illustration du péril manifeste et latent qui guette la société par cet abus qui a fait d'incompétents des «protecteurs» et des décideurs ! Qui, sur un autre plan, s'inquiète de l'anarchie architecturale qui distingue désormais nos cités, du mauvais goût et du langage de ruisseau, devenus malheureusement dominants dans notre théâtre et dans notre musique, surtout le rap. C'est à croire que l'on jette des rumeurs, qu'on monte des événements ou des incidents mineurs en épingle, juste pour occuper l'attention de l'opinion publique et la détourner de l'essentiel. Nous autres, représentants des médias, tombons souvent dans le panneau. Festival de cinéma cherche salle Depuis la disparition de la prestigieuse salle de cinéma «Le Palmarium», la dégradation de sa voisine «Le Colisée» et la fermeture de «L'Africa» (exiguë quand même), la capitale n'a plus d'espace (ailleurs, non plus hélas) digne d'un festival, comme les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), supposé attirer des stars et les accueillir avec un faste conséquent pour la projection des films dans des conditions décentes. Car, ni le Théâtre municipal (fermé pour rénovation, d'ailleurs) ni le Palais des congrès ne peuvent se convertir en salles de projection. Et puis balader le doyen des festivals cinématographiques arabes et africains de la sorte revient à en faire un SDF, ce qui est dommageable pour son image et pour celle du pays. Pourvu qu'on trouve un bon palliatif à temps.