L'ancien keeper international, vainqueur de la Coupe arabe avec le Stade Tunisien, met l'accent sur l'aura et la forte personnalité que doit dégager un joueur cadre. «Il n'est pas donné à tout le monde de prétendre au statut de joueur cadre. Il faut jouir de certaines qualités pour assumer une telle et grosse responsabilité car c'en est une :une grande confiance en ses moyens, une personnalité capable de rayonner dans un groupe, la capacité de communiquer et de se faire écouter. Par exemple, j'ai pris une part prépondérante au succès du Stade Tunisien en Coupe arabe des vainqueurs de coupe, en 1989 en Arabie Saoudite, le premier titre international à mettre à l'actif du club du Bardo. Après avoir arrêté un penalty en demi-finale, on s'est présenté en finale, devant Al Kouweït SC nettement diminués. Pour les besoins de l'équipe nationale, la Fédération a ordonné à nos deux internationaux Abdelhamid Hergal et Taoufik Mhadhebi de ne pas prendre part à cette finale après l'avoir déjà fait en demi. En tant que capitaine, je me suis adressé à mes coéquipiers pour leur dire : «C'est maintenant qu'il faut vraiment montrer de quel bois on se chauffe !». Le match s'étant terminé sur un nul (0-0) après prolongations, il fallut recourir à la loterie des penalties. Hachemi Sassi, pourtant très brillant tant au long du tournoi, tombe en pleurs après avoir raté son penalty. Je vais vite lui dire : «Ne t'en fais pas, on va la gagner, cette coupe !». La suite, vous la connaissez : j'arrête deux penalties. Oui, l'âge compte énormément. Pour devenir un joueur cadre, il faut être d'un certain âge. Pourtant, notre équipe était truffée de joueurs âgés : les Jendoubi, Hergal, Sabeur, Behi, Belhoula... qui encadraient les Sassi, Ncibi, Jamel Limam... Je savais motiver les plus jeunes, ceux qui en ont besoin avant un grand match face à l'ESS, au CSS ou dans les derbies. Quand vous acquérez cette dimension de joueur cadre, l'entraîneur n'hésite pas à vous consulter. André Nagy me donnait en exemple car il savait que j'étais un gagneur-né, que je faisais tout pour l'emporter. Quand je perds, j'en deviens malade. Tout au long de mon parcours, il en a été toujours ainsi : mes premières cinq saisons de jeune footballeur au Wydad de Montfleury, mes onze années passées à l'Association Mégrine Sport, puis mes neuf saisons au Stade Tunisien. Alors que j'étais encore cadet, j'ai évolué avec les seniors de l'AMS. J'ai fait toutes les sélections, des minimes à l'équipe «A». Un gardien de but est bien placé pour servir de joueur cadre quand il possède une forte personnalité. Le cas de Attouga, notamment. Le brassard de capitaine aide énormément à se faire écouter».