ROME (Reuters) — A six semaines des élections régionales en Italie, Silvio Berlusconi se retrouve éclaboussé par un scandale de corruption qui touche son premier cercle et commence à affecter une popularité jusqu'alors préservée. Les magistrats enquêtant sur les conditions d'attribution de juteux contrats publics ont resserré leur étau ces derniers jours sur Guido Bertolaso, l'un des proches du président du Conseil, directeur de la Protection civile. Ce dernier a été entendu par les juges au sujet de marchés passés pour un certain nombre d'ouvrages publics, comme le site original du sommet du G-8 l'an dernier. Guido Bertolaso, considéré par certains comme un héros national pour sa gestion du tremblement de terre de L'Aquila l'an dernier, a présenté sa démission quand sa mise en cause a été rendue publique. Berlusconi l'a rejetée. Bertolaso dément toute infraction, mais des enregistrements téléphoniques ont montré que ce dernier a permis à un homme d'affaires de remporter des contrats en échange de versements d'argent et de services de prostituées. Bertolaso a expliqué qu'il bénéficiait de massages thérapeutiques pour des problèmes de dos et qu'il n'était pas impliqué, contrairement aux accusations des juges, dans des "parties fines" se déroulant dans un centre thermal romain. La Protection civile intervient principalement dans les situations d'urgence et les catastrophes naturelles mais elle est aussi déployée pour organiser des événements publics importants, comme par exemple la logistique pour le sommet du G-8 de juillet dernier. Plusieurs centaines de millions d'euros ont été dépensés pour la préparation du site pour le sommet, qui devait se tenir en Sardaigne. La réunion avait été brusquement transférée à L'Aquila dans les Abruzzes après le séisme, en signe de solidarité avec les victimes, avait dit le gouvernement. Incontournable En l'absence d'un véritable contrôle sur sa gestion, la Protection civile est devenue incontournable dans l'organisation de grands événements, comme les sommets internationaux ou, l'été dernier, les championnats du monde de natation à Rome. Même dans un pays comme l'Italie habitué aux scandales et à la corruption, la mise en cause de Guido Bertolaso a constitué un coup de tonnerre. Lundi, un autre membre éminent du parti de Silvio Berlusconi, Denis Verdini, coordinateur national du Peuple de la liberté (PDL), a été entendu dans le cadre de l'enquête, qui vise pour l'instant 28 personnes. Il a nié tout acte répréhensible. Quatre personnes sont actuellement en détention sur ce dossier, mais l'ampleur du réseau de corruption semble si vaste qu'on évoque déja l'opération Mains propres des années 1990, qui avait décapité toute une génération de personnalités politiques. "Bertolaso est le 'golden boy' de Berlusconi et a toujours été considéré au-dessus de tout soupçon. Si même lui est pris dans un scandale, les gens vont se dire que tout est vraiment pourri dans ce pays", estime Franco Pavoncello, professeur de sciences politiques à l'université John Cabot de Rome. Selon un sondage IPR Marketing publié hier par le quotidien d'opposition La Repubblica, la cote de popularité de Berlusconi est en baisse de deux points à 46%, celle du Parti démocrate (centre-gauche) progressant de trois points à 40%. Faute d'un leader aussi charismatique que Silvio Berlusconi, l'opposition peine cependant à tirer parti du climat délétère actuel. Il est vrai qu'elle est elle-même confrontée à ses propres scandales politico-sexuels dans certaines régions qu'elle contrôle. Avant l'affaire Bertolaso, les politologues estimaient que la droite pouvait reconquérir cinq des 11 régions — sur 13 — détenues par l'opposition.