L'entraîneur de l'Etoile de Métlaoui, dont les joueurs ont fait la grève il y a quelques jours, met l'accent sur l'effort particulier que doivent consentir les dirigeants. «Métlaoui n'a pas échappé non plus à la vague des mouvements de protestation des joueurs pour des retards de versement des salaires. J'appellerais ce boycottage des entraînements une sorte de «mise en demeure» plutôt que grève. Il n'y a rien d'étonnant à cela si l'on tient compte du contexte économique du pays. Longtemps, les sources primordiales de financement des clubs étaient constituées par les subventions publiques, sauf dans le cas de certains clubs qui tirent leurs fonds des caisses de développement, de la Compagnie des phosphates de Gafsa et du Groupement chimique tunisien, dont l'ESM, justement. Aujourd'hui, tout le monde est logé à la même enseigne et en est réduit à tendre la main dans l'espoir d'une intervention de l'Etat. Pourtant, il faut faire le meilleur usage possible du budget disponible. Un club dont le budget ne dépasse pas deux ou trois millions de dinars ne se prive pas de recruter un joueur à coups de centaines de milliers de dinars. Il vit sans la moindre gêne au-dessus de ses moyens. En plus de l'indispensable bonne gestion des recettes disponibles, les dirigeants doivent aussi consentir un effort particulier afin de trouver des fonds supplémentaires. Par exemple, en établissant un partenariat avec des sociétés privées et publiques. A l'instar de ce qui se passe au Soudan qui n'a pas pourtant un meilleur championnat que le nôtre. Pourtant, dans chaque région du pays, il existe suffisamment d'entreprises capables d'apporter une précieuse contribution aux associations sportives. On cite le cahier des charges comme préalable à un tel partenariat devenu incontournable. On peut également imaginer un effort pour ouvrir des magasins d'articles de sport, pour convaincre les sponsors... Notre partenaire, la Compagnie des phosphates de Gafsa, s'est dit prêt à ouvrir un magasin de sport et une salle de musculation dont les recettes iraient toutes en faveur de l'Etoile de Métlaoui. Bref, il n'est plus possible de s'en remettre à l'Etat providence qui prend en charge toutes les dépenses. N'oublions pas non plus l'apport de Promosport qui vient malheureusement à manquer dans cette phase délicate. Et elle risque de le devenir encore plus après dix ou vingt journées. On n'a joué jusque-là que trois journées. Qu'adviendra-t-il au milieu de la saison quand les dépenses vont augmenter, a fortiori pour des clubs qui n'ont pas la chance de bénéficier de revenus fixes comme c'est le cas de l'Etoile de Métlaoui? Pourtant, tout le monde est unanime à dire que le véritable changement en profondeur commence à partir des statuts régissant le sport tunisien, lesquels doivent évoluer dans le sens de l'organisation des associations en sociétés à but lucratif».