Un droit recommandé par la convention en date du 11 avril 2011, qui se trouve, a priori, négligé pour des motifs sur fond de corruption Les ouvriers chargés du transport du phosphate sont en grève ouverte et ce, depuis le 12 décembre 2014. Ce mouvement social collectif a pour finalité d'inciter les parties concernées ayant signé la convention du 11 avril 2011 à respecter les principes de ladite convention, honorer leurs engagements et permettre aux transporteurs de phosphate d'intégrer la Compagnie des phosphates de Gafsa ( CPG ). M. Adnène Hajji, député à l'ARP et membre du Ftdes a crevé l'abcès, lors de la tenue, récemment, d'une conférence de presse sur le rapport de l'Observatoire social tunisien sur les mouvements sociaux. Il a exposé le problème avec beaucoup de franchise, montrant du doigt l'irrespect de la Compagnie pour les principes de la convention, la discrimination insensée envers les transporteurs de phosphate,la dilapidation du capital de la compagnie, la corruption ainsi que la répression exercée par les forces de l'ordre sur les ouvriers. A l'aube de la révolution, un conseil régional s'était tenu le 11 avril 2011 au terme duquel une convention a été signée par les parties concernées dont le gouvernorat et l'UGTT. Cette convention consiste à rompre avec les prestations des sociétés de sous-traitance et intégrer tous les ouvriers œuvrant dans le domaine des phosphates dans la CPG. Cet accord n'a été appliqué qu'à moitié pour finir, depuis quelques mois, par reprendre les pratiques anciennes. La CPG a, en effet, recruté bon nombre d'ouvriers, dont les concierges et les responsables de la buvette. Elle a, cependant, exclu les transporteurs de phosphate qui constituent, pourtant, un maillon fort de l'activité de la Compagnie. « Pour dérouter les ouvriers et l'opinion publique, une nouvelle société a vu le jour. Une société mort-née, montée à travers le recours aux équipements désuets achetés auprès des sociétés de sous-traitance à des prix exorbitants », souligne M. Hajji. Depuis quatre ans, ces ouvriers souffrent le martyre. Ils sont privés de leur droit à la couverture sociale et ne disposent d'aucun parapluie juridique à même de préserver leurs droits. « Quatre ouvriers ont péri dans des accidents de travail. Ces accidents ont été considérés comme des accidents de la route afin de priver les familles sinistrées des compensations en vigueur », indique l'orateur. Payer 24 dt par tonne au lieu de 5 dt 600 ? En contre-réaction à la grève des transporteurs, la Compagnie des phosphates de Gafsa a choisi de renouveler le traitement avec les sociétés de sous-traitance d'antan, mettant ainsi au pied du mur les principes de la convention de 2011. Selon M. Hajji, ces sociétés-mêmes sont parties prenantes de la chaîne de corruption qui rongeait la CPG depuis des lustres. Le transport de phosphate représente pour elles la poule aux œufs d'or : la tonne est transportée à 24dt. Pourtant, le transport du phosphate par voie ferrée n'excède pas 5,6dt par tonne, tout au plus ! « Vous pouvez imaginer le gâchis et les pertes d'argent qu'enregistre la Compagnie en traitant avec les sociétés de sous-traitance », fait remarquer l'orateur. Soucieux du sort de la Compagnie, des richesses nationales en phosphate et de leur gagne-pain, les ouvriers ont décidé de faire face à ce traitement suspect. En tâchant d'empêcher lesdites sociétés de transporter le phosphate, ils ont été opprimés et violentés par des agents de la police provenant de Métlaoui. « Nous avons demandé au gouverneur de Gafsa, indique l'orateur, de ne plus impliquer la police dans cette affaire, ce qui n'a pas été pris en considération. D'autres accrochages tout aussi violents que les premiers se sont déroulés, suite auxquels certains ont mis le feu au poste de la police à Rdaïef ; un acte que nous condamnons ». Aujourd'hui encore, le problème persiste. Les parties concernées et signataires de la Convention de 2011 gardent, semble-t-il, les bras croisés. « Les revendications des transporteurs de phosphate sont plus que légitimes. Elles ne nuiront nullement au budget de la Compagnie ce qui n'est point le cas des sociétés de sous-traitance », souligne M. Hajji. Il ajoute : « Les ouvriers ont ras-le-bol des discours assommants. Ils veulent des solutions radicales. L'UGTT doit intervenir et soutenir leur cause, car l'affaire est syndicale par excellence ».