Par M'hamed JAIBI Les Tunisiens n'ont pas manqué de remarquer qu'alors que le débat faisait rage entre le gouvernement et les grandes organisations socioprofessionnelles (Utica et Ugtt) à propos des propositions de Youssef Chahed, les partis politiques gardent le silence, comme s'ils n'étaient pas concernés. Or, dans un pays qui a fait le choix de la République démocratique civile, le rôle des partis est fondamental. Puisque c'est à eux qu'il incombe d'animer la vie politique et de proposer les options et programmes pouvant améliorer la prospérité du pays et la qualité de vie des Tunisiens, en une compétition noble et active pour gagner les suffrages sur la voie du pouvoir. Comment se peut-il que ces très nombreux partis qui se proposent, donc, de gouverner le pays, n'aient rien à dire au sujet des voies de sauvetage des finances du pays et de relance de l'économie et du développement ? Les partis sont, par contre, très bavards sur l'idéologie, sur leurs intérêts partisans et dans les polémiques de propagande ou à propos des nominations et des honneurs. La démocratie exige des partis qu'ils jouent pleinement leur rôle de forces de proposition, d'encadrement et de débat, et qu'ils confrontent publiquement leurs options afin que les citoyens sachent, comprennent et choisissent en toute démocratie. Fort heureusement, la mise sur pied du gouvernement d'union nationale, qu'appuient neuf partis, résout en partie cette problématique, dans la mesure où le rôle de ces formations est désormais assumé solidairement au sein de l'équipe gouvernementale. De même, la négociation entre le gouvernement et les deux grandes centrales, Utica et Ugtt, a enclenché un nouveau processus de réflexion au sein de ces organisations qui est désormais solidaire de la réflexion et de l'action gouvernementale en vue du sauvetage du pays. Bien que les réponses de l'Utica et de l'Ugtt aux propositions de Youssef Chahed soient pour le moment mitigées, le débat constructif enregistré a changé la donne et impliqué pleinement les deux organisations nationales. La porte est ouverte aux partis, à tous les partis, pour qu'ils suivent cette voie de l'implication active. Qu'ils soient proches du gouvernement ou dans l'opposition.