L'Ugtt pour un retour à un dialogue sérieux et responsable Hassine Abassi : «Il n'est pas question de reporter les majorations salariales» Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Hassine Abassi, a plaidé en faveur du retour d'un dialogue «sérieux», «responsable» et «cartes sur table» avec le gouvernement, pour faire face à la situation «grave» et «incertaine» que connaît le pays. Lors d'une déclaration à la presse, hier, à Médenine, où il a présidé une conférence régionale sur les caisses sociales, Abbassi a prévenu que l'Ugtt ne cédera pas sur les majorations salariales. «Il n'est pas question de reporter les majorations salariales. Cela est totalement contraire aux accords et aux résultats des négociations. Un Etat qui se respecte doit respecter ses engagements», a-t-il lancé. Les faibles ressources de l'Etat, a-t-il encore considéré, peuvent être comblées par la lutte contre la contrebande, la restructuration de l'économie, la poursuite des évadés fiscaux et la révision de la législation fiscale vers plus d'équité. «Il faut une vision logique et judicieuse permettant de trouver des solutions qui ne soient pas au détriment de certaines personnes et pas d'autres», a souligné le responsable syndical. S'agissant des caisses sociales, Abassi a rappelé que l'Ugtt a mis en garde contre les problèmes majeurs de ces structures depuis 2006. «Des solutions radicales doivent être trouvées. Elles doivent être concrètes et durables, et non pas de simples mesures provisoires», a-t-il insisté. Le secrétaire général adjoint de l'Ugtt, Abdelkarim Jrad, a présenté, lors de la conférence, une étude effectuée par la centrale syndicale sur la situation des caisses sociales, et comprenant des recommandations à la présidence du gouvernement, au ministère de tutelle et aux directions des caisses, pour les sortir de la crise. Selon cette étude, les caisses sociales connaissent un déficit permanent qui a atteint pour la Cnrps (Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale) quelque 345.8 millions de dinars en 2015, contre 83 millions de dinars en 2010. Les prévisions estiment que le déficit grimpera à 603 millions de dinars en 2016. De son côté, le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Belgacem Ayari, a dit espérer que la reprise du dialogue et des négociations avec le gouvernement, début de la semaine prochaine, aboutira à des résultats concrets à même de contribuer à l'apaisement de la crise sociale. Dans une déclaration à l'agence TAP, hier, à Hammamet, en marge de l'ouverture des travaux du 3e congrès de la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Ayari a manifesté le souhait de l'organisation syndicale de voir le gouvernement revenir sur sa décision appelant au report des majorations salariales. «L'Ugtt reste attachée à la poursuite du dialogue et renouvelle, dans le même contexte, son appel aux structures syndicales et aux adhérents à se tenir prêts, dans le cas où les revendications des travailleurs en relation avec le budget de l'Etat ne seraient pas satisfaites», a-t-il déclaré. Pour Ayari, la sortie de crise ne doit pas se faire au détriment des ouvriers et de la classe moyenne uniquement. Il a dans ce sens invité le gouvernement à «faire montre d'audace» pour demander des comptes aux évadés fiscaux, aux contrebandiers et aux lobbies de la corruption, et à mettre en place une réelle justice fiscale. Saluant par ailleurs la contribution de la Fédération générale de l'enseignement supérieur aux actions de l'Ugtt, le responsable syndical a fait savoir que ce congrès électoral est une occasion pour évaluer et publier des motions intéressantes autour de la situation générale dans le pays, ainsi que sur l'avenir du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche.