Lors de son intervention sur Express FM, mardi 23 septembre 2025, le président de l'Association des parents d'élèves, Ridha Zahrouni, a dressé un constat préoccupant de la rentrée scolaire. Selon lui, malgré les discours officiels, la situation de l'enseignement public tunisien demeure marquée par des failles structurelles et sociales profondes. Ridha Zahrouni a qualifié cette rentrée de « classique », marquée par les mêmes difficultés récurrentes : manque de ressources humaines, infrastructures défaillantes dans de nombreuses régions, mouvements de protestation des enseignants et demandes massives de mutation. « En l'absence de mesures sérieuses, je pense que la situation ira de mal en pis », a-t-il averti. Pour lui, le décalage entre les discours officiels et la réalité du terrain est flagrant. Alors que le ministre de l'Education, Noureddine Nouri, affirmait récemment qu'« il n'y a pas de surcharge insupportable dans les classes », Ridha Zahrouni évoque au contraire des classes surpeuplées et dénonce l'absence de chiffres précis et de décisions concrètes.
Ridha Zahrouni a également insisté sur l'investissement considérable des familles dans l'éducation, en parallèle avec l'effort de l'Etat. « Si le succès n'est pas au rendez-vous, si le décrochage ne diminue pas, si la violence scolaire ne recule pas, alors d'autres mesures doivent être prises et annoncées explicitement par le ministre », a-t-il déclaré. Il a surtout pointé du doigt le fléau des cours particuliers et du parascolaire, devenus selon lui inaccessibles pour la majorité des citoyens : « Le succès dépend de l'offre d'enseignement proposée dans les écoles, et là, on constate vraiment une iniquité ».
Au-delà des constats, le président de l'Association des parents d'élèves a rappelé que « le projet éducatif est un projet de société ». À ses yeux, le discours rassurant adopté par les autorités masque une réalité beaucoup plus alarmante. « Un discours responsable est plutôt un discours qui pointe les indicateurs négatifs et œuvre à les réduire, tout en valorisant les indicateurs positifs », a-t-il souligné. Les propos de Ridha Zahrouni interviennent dans un climat social tendu. La Fédération générale de l'enseignement de base poursuit ses mouvements de protestation, dénonçant le refus de dialogue du ministère et des conditions d'enseignement jugées intenables : classes surchargées, manque d'enseignants et infrastructures dégradées. L'UGTT, de son côté, accuse le ministère d'une « gestion unilatérale » et de violation des conventions signées. Une grève nationale de l'enseignement de base est d'ailleurs prévue le 7 octobre prochain, signe que le bras de fer est loin d'être terminé.
Dans ce contexte conflictuel, l'appel de Ridha Zahrouni résonne comme une mise en garde : sans réformes sérieuses et sans volonté politique de transparence, l'école publique tunisienne risque de s'enfoncer davantage dans la crise.