Présentation de plus de 50 projets d'investissement qui pourraient créer 400.000 emplois Mourad Fradi, commissaire général de la conférence internationale «Tunisia 2020», annonce dans une interview à l'agence TAP, «nous avons déjà 1.800 préinscriptions à la conférence et arriverons facilement à 2.500 inscriptions dont 1.200 seront sélectionnées pour y prendre part». Pour promouvoir la conférence internationale sur l'investissement, qui aura lieu à Tunis les 29 et 30 novembre 2016, un roadshow avait été mené à New York, Washington, Londres, Francfort, Milan, notamment par le ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale et un autre à Tokyo et Séoul par la ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables. De même, le ministre des Affaires étrangères a présenté la conférence dans les pays du Golfe, à la faveur de visites au Koweït et au Qatar. Pour le commissaire général de la conférence, «les résultats de ces préparatifs s'annoncent bons», puisque lors «du roadshow de Milan, 200 investisseurs étaient présents dont la star d'origine tunisienne Afef Jnifen, épouse du patron de Pirelli, Mario Tronchetti Provera». D'ailleurs, «le Roadshow en Europe a donné lieu, en 3 à 4 jours, à 120 préinscriptions»... «Le principal message que nous avons essayé de faire passer aux investisseurs dans ces pays, c'est qu'il n'y a pas de printemps arabe, il n'y a que le printemps tunisien. La Tunisie, qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 2015, a réussi une transition pacifique du pouvoir en 2014», a souligné Fradi. «Nous avons présenté la Tunisie, comme étant un site attractif pour l'investissement et très compétitif de par sa main-d'œuvre et qui va réaliser plusieurs grands projets. Le pays peut se prévaloir de plusieurs avantages sur le plan législatif après l'adoption de la loi bancaire en mai 2016 et de la loi de l'investissement en septembre 2016», outre la prochaine adoption de la loi d'urgence économique qui «j'espère sera approuvée avant la tenue de la conférence». S'agissant de la participation à la conférence «Tunisia 2020», Fradi a indiqué que «les Européens seront très présents», annonçant également «une forte présence des pays arabes qui connaissent le potentiel important de la Tunisie, pays qui peut dégager une forte croissance à laquelle ils peuvent contribuer». Pour l'Union européenne, le commissaire général de la conférence a constaté qu'il y a un décalage entre l'appui politique et l'appui économique, espérant que le soutien européen à l'économie tunisienne sera à la mesure de la coopération au plan politique. Fradi, qui est également expert-comptable et président de la Chambre tuniso-italienne de commerce et d'industrie, a évoqué à ce propos le projet de câble électrique sous-marin entre le Cap Bon et la Sicile, dont la réalisation nécessite un investissement de 600 millions d'euros, dont 150 millions d'euros sont apportés par la Tunisie et le même montant par l'Italie mais restent encore 300 millions d'euros devant être financés par l'UE. Chefs d'Etat et de gouvernement attendus «Pour ce qui est de la participation des institutions multilatérales (Banque mondiale, FMI, BAD..) à la conférence, un travail préparatoire a été fait pour appuyer cette transition démocratique de la Tunisie par le financements de certains projets», a t-il relevé. Le Koweit et le Quatar ont annoncé une forte présence à la conférence sur l'investissement, alors que du côté de l'Afrique, la présence de la Côte-d'Ivoire, du Nigeria et du Congo a été confirmée. Fradi a annoncé, également, la présence de «beaucoup de multinationales, bailleurs de fonds, fonds d'investissement, PME, sociétés cotées en Bourse. Il y a lieu de noter à cet égard que plus de 50 projets d'investissements publics, privés et en PPP dans les domaines de l'économie numérique, le tourisme, l'éducation, les industries mécaniques et électriques, la santé, ou encore l'industrie textile, seront présentés aux participants et partenaires de la Tunisie à la conférence «Tunisia 2020». Le coût global de ces projets est estimé à plus de 120 milliards de dinars (60 milliards de dollars). La Tunisie espère à travers la réalisation de ces projets, accélérer la croissance et créer 400.000 emplois au cours de la période du Plan de développement, selon le site «Tunisia 2020». La conférence placée sous le haut patronage de la présidence de la République tunisienne vise à mobiliser les opérateurs nationaux et internationaux, publics et privés et les associer à la réalisation des objectifs du Plan national 2016- 2020. Ce plan, qui sera exposé lors de ce rendez-vous, prévoit de nombreux projets dans des secteurs clés destinés à renforcer l'économie et conçus pour aider le pays à atteindre un rythme de croissance annuel supérieur à 4 % à partir de 2020. Des chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, ainsi que de dirigeants d'institutions financières internationales sont attendus à cette conférence. Selon la même source, 1500 personnes et 150 personnalités représentant 70 pays devront participer à «Tunisia 2020». Plus de visibilité pour l'investissement Par ailleurs, les décrets d'application relatifs à la loi sur l'investissement adoptée le 17 septembre 2016, qui entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2017 ont été soumis à la présidence du gouvernement et seront adoptés par un conseil ministériel, avant la conférence internationale. De son côté, Mohamed Hédi Oueslati, responsable au ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, intervenant lors d'un débat organisé, hier, par la Ctfci (Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie) sur la nouvelle loi sur l'investissement, a rappelé que ces décrets concernent les incitations financières (les primes), la nomenclature des activités et les délais d'octroi des autorisations et l'aspect institutionnel. Pour sa part, le directeur général de la Fipa (Agence de promotion de l ́investissement extérieur), Khalil Abidi, a souligné que la loi sur l'investissement ne constitue pas la seule réponse aux problèmes de l'investissement en Tunisie et ne permet pas de générer les flux des investissements voulus. Il s'agit d'ajouter une pierre à l'édifice, en attendant des réformes primordiales telles que la révision du code du travail et la législation des changes, a-t-il indiqué soulignant que la majorité des bureaux d'études des investisseurs examinent les textes relatifs à l'investissement avant de prendre la décision de venir. La loi de l'investissement n'est qu'un élément dans l'instauration d'un climat d'affaires propice à l'investissement d'où la nécessité de garantir, également, la stabilité politique, la sécurité et la performance du secteur bancaire et de développer l'efficacité de l'administration fiscale, des infrastructures et des compétences humaines. Selon ce responsable, la majorité des pays développés n'ont pas un code d'investissement, le droit commun est lui-même attractif, ajoutant que le précédent code qui était certes un code d'incitation a accompli ses objectifs mais n'est plus adapté au contexte actuel du pays, rappelant qu'il a contribué à l'installation de 3.320 entreprises étrangères ou à participation étrangère (350 mille personnes) et a permis de développer l'industrie et l'exportation. Cependant, compliqué et inaccessible, ce texte n'a permis qu'à 10% seulement du tissu industriel ou d'affaires de profiter de 90% des avantages proposés. Il ne répond plus aux standards internationaux de codification de l'investissement (accès aux marchés, incitations, aspect institutionnel et arbitrage), a-t-il dit. Grâce à la nouvelle loi, l'investisseur dispose aujourd'hui de plus de visibilité d'autant que le nouveau texte a apporté des nouveautés, notamment en termes de structures, d'autorisations et des délais , a-t-il ajouté, citant la mesure relative à la nécessité de se conformer aux délais de réponse pour chaque demande d'autorisation remise par l'investisseur à l'administration et l'obligation de justifier chaque refus.