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Rithy Panh renverse la logique de l'image coloniale
Documentaire «La France est notre patrie» aux JCC
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 11 - 2016

Un film marquant et une approche essentielle pour la mémoire et pour la dignité.
Quand le réalisateur franco-cambodgien appelle son dernier documentaire «La France est notre patrie», on ne peut qu'être intrigué. Avant d'aller vivre en France, il a été rescapé des camps de la mort des Khmers rouges, alors qu'il n'avait que 15 ans. Après des études en cinéma à l'Idhec, il signe des films sur la mémoire de guerre de son pays natal et sur son identité culturelle. Parmi ses films, «Site 2» (1989) sur les camps de réfugiés cambodgiens, «Le papier ne peut pas envelopper la braise» (2007) sur la vie de prostituées cambodgiennes, «L'image manquante» (2013) qui reproduit des scènes de crimes de guerre commis par les Khmers rouges au Cambodge avec des figurines d'argile, et son dernier «La France est notre patrie» (2013), projeté aux Journées cinématographiques de Carthage dans la section des films restaurés et à l'occasion du cinquantenaire du festival.
Entièrement constitué d'images d'archives, ce documentaire de 75 minutes part de l'idée qu'une image dit ce qu'on veut lui faire dire, mais aussi autre chose, souvent son contraire. Elle dit et révèle, témoigne du regard de celui qui filme, de ses idées, et permet ainsi de montrer ce qui dérange dans ses valeurs et son discours. Le montage que fait Rithy Panh des images d'archives filmées pendant la colonisation française de son pays natal leur donne un autre sens. Il renverse leur logique d'images colonialistes et les place à l'autre pôle, comme pour répondre à la question «comment auraient-elles été créées ou perçues si l'on se plaçait du point de vue du colonisé, le local, l'indigène, que l'on filme sans jamais lui donner la parole». «La France est notre patrie» s'attelle justement à cette tâche en nous donnant l'impression, grâce au montage, que la caméra est enfin placée entre les mains des Cambodgiens pour témoigner de ce que le colon leur a fait subir, dans tous les domaines et au nom de la civilisation et de la démocratie. Le crime le plus atroce étant d'avoir écrasé une culture pour asseoir dessus une autre, pour justifier le pillage des richesses qui maintiennent la grandeur de l'empire colonial.
L'indication est dans le carton
Le montage est renforcé par des cartons écrits par le réalisateur, empruntant le discours bienfaiteur des auteurs des images, mais qui rajoute une couche dans la mise à nu de la machine colonialiste. «La France est notre patrie » est l'histoire d'une rencontre manquée entre deux cultures, deux sensibilités, deux imaginaires. Une rencontre qui a débouché sur une colonisation non exempte de brutalité, alors qu'elle aurait pu éviter les guerres, le chaos et la destruction. Le film composé d'images d'archives fait résonner à l'infini cette idée que : «La France est notre patrie...», précise le réalisateur dans le synopsis. En faisant ce film, il s'est inspiré d'un livre intitulé «Cochinchine», écrit par l'anticolonialiste Léon Werth en 1925, où il présente l'autre comme une découverte et un émerveillement, loin de la vision réductrice et méprisante qui a accompagné et justifié la colonisation de cette partie du monde par la France.
La présence de Rithy Panh aux JCC pour présenter son film et débattre avec le public a été un moment marquant. La force de ses images n'a d'égale que la clairvoyance de ses paroles. Il explique que les images d'archives sont un outil important pour analyser et comprendre comment l'autre pense à travers la manière dont il filme et ce qu'il montre. Comme pour anticiper la question, il ajoute que pour lui il ne s'agit point d'une revanche, mais de montrer ce que ça lui fait comme cambodgien de voir ces images et d'exprimer ce point de vue à partir des mêmes images. «Mon but est de pointer cette inégalité face à l'image, et la caméra qui n'arrête pas de juger». Pour lui, son travail est un travail de recontextualisation de l'image, contre la colonisation heureuse. «Je ne suis pas là pour dire "bande de colonisateurs !", mais pour dire "essayons de comprendre ce qui est arrivé"», explique-t-il. Cela donne un film marquant et une approche essentielle pour la mémoire et pour la dignité. Et que de parallèles avec notre propre histoire avec la colonisation, mais de notre côté, l'image reste manquante !


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