On a beau crier sur les toits qu'une nouvelle page est en train de s'écrire. Pourtant, ce secteur névralgique renoue avec ses travers... La scène arbitrale alterne le bon et le moins bon. Elle soumet ses fidèles au régime de la douche écossaise. L'espace de trois jours, elle passe du chaud au froid, et vice versa. L'éclaircie apportée par le referee du derby de la capitale, Walid Jeridi, est vite obscurcie par deux épisodes venus ternir cette embellie. Comme si une fatalité frappait ce secteur fragile et aux humeurs vagabondes, si l'on peut s'exprimer ainsi. Mardi, Abdelhamid Hachfi a annoncé sa retraite sur fond de polémiques et de graves accusations. Dépité par sa marginalisation puisqu'il n'est plus désigné par la direction nationale d'arbitrage, il a choisi de vider son sac en partant. A l'en croire, un dirigeant d'un grand club de la capitale ferait la pluie et le beau temps, tirant les ficelles et imposant sa loi en matière de désignation. Il accuse également un dirigeant d'un grand club du Sahel d'avoir juré qu'il ne dirigera plus une seule rencontre, ce qui lui est justement arrivé depuis. Alors qu'une nouvelle vague d'hommes en noir arrive, imposant jusque-là la fraîcheur, l'innocence et la probité propres aux sifflets qui n'ont pas encore été éclaboussés par les affaires, ni dégagé l'odeur nauséabonde des compromissions, certains referees confirmés se retirent un à un en dénonçant le mépris dont ils sont entourés et les pratiques mafieuses d'un univers régulièrement montré du doigt. «Soit vous trempez dans ces micmacs de camorra, soit vous êtes ignorés», déplorent-ils. A quoi servent les restructurations consistant à placer flen à la place de felten au sein des commissions de la direction nationale d'arbitrage, au lieu des actions en profondeur allant jusqu'aux racines du mal? L'autre épisode du week-end a trait à la polémique suscitée par la direction du classico de samedi dernier, Club Sportif Sfaxien-Etoile Sportive du Sahel (1-1). Le bureau noir et blanc, son président Moncef Khemakhem en tête, en veut à l'arbitre Slim Belakhouas auquel il reproche notamment d'avoir fermé les yeux sur plusieurs dépassements disciplinaires d'Aymen Mathlouthi, Ghazi Abderrazak, Ammar Jemal... Khemakhem a épinglé l'enfant du referee des années 1970, Mustapha Belakhouas, en s'exprimant, sur sa page Facebook. Mais l'affaire a pris de l'ampleur à travers un communiqué rendu public par le comité directeur noir et blanc où celui-ci demande à la commission de suivi relevant de la direction nationale d'arbitrage de convoquer Belakhouas pour l'auditionner au sujet de certaines décisions controversées. Et exige qu'on ne désigne plus l'arbitre international pour ses prochaines rencontres. La liste des arbitres récusés par les clubs s'enrichit de la sorte d'un nouveau nom après le dernier en date, l'arbitre assistant Majed Khouma et le referee Mourad Ben Hamza voit ses rapports avec un grand club, le CSS, se détériorer. La crise de l'arbitrage rebondit subitement, rappelant qu'il ne suffit pas parfois de lancer dans le grand bain des blancs becs, mais qu'il faut également faire face au climat délétère dans lequel baigne l'arbitrage national. On n'est toujours pas sorti de l'auberge. Les défaillances, ataviques et structurelles, ne sont pas près d'être réglées. D'ailleurs le monde du football désespère de voir un jour l'arbitrage tunisien faire l'unanimité et retrouver sa place d'antan sur l'échiquier africain.