Après un premier mandat entamé en juin 2014 sur fond d'intérim, Mourad Mestiri a réussi du bon et du moins bon. En dépit de tous les aléas, il a décidé de se représenter aux élections de la Fthb. Un pari pour lui, d'autant que son concurrent au poste n'est autre que son prédécesseur, Karim Helali. Il a gagné et promet de rectifier le tir, surtout qu'il n'a pas été lâché par les clubs qui lui ont refait confiance. Interview Franchement, vous attendiez-vous à votre réélection à la tête de la fédération ? Disons que j'étais confiant. J'avais un capital sympathie sur lequel je pouvais compter. Il s'est confirmé lors de ma campagne électorale puis lors du vote. Je n'ai pas été trahi. Pourtant, votre bilan reste mitigé et la concurrence redoutable pour vous déstabiliser... Comme dans tous les mandats, il y a du positif et du négatif. Depuis mon arrivée à la tête de la fédération en juin 2014, il y avait un tas de problèmes à résoudre, dont le gel des comptes bancaires par mon prédécesseur. On a essayé par tous les moyens de mettre les bâtons dans les roues des affaires administratives de la fédération. Sans succès d'ailleurs, puisque la fédération a continué son travail. Sur le plan sportif maintenant, nous avons raté en 2015 le Mondial du Qatar à cause des retombées économiques. L'inflation a pesé sur le budget de la fédération et il fallait cravacher dur pour convaincre les sponsors de nous aider. Les charges ont augmenté. D'un autre côté, nous avons réussi à nous qualifier aux Jeux olympiques de Rio, ce qui n'est quand même pas une mince affaire. Les deux autres points positifs à notre actif, c'est que les sélections des cadets et juniors garçons ont remporté le titre africain. Cela prouve que la relève existe ainsi que la bonne graine. Je suis satisfait de ces deux titres. Par contre, et il ne faut pas le nier, la prestation aux Jeux olympiques a été simplement catastrophique... Elle a été, c'est vrai, en deçà de nos attentes. La fugue de Mosbah Sanaï et Abdelhak Ben Salah a quelque peu déstabilisé le groupe. Pourtant, le sept national a failli surprendre la France lors du premier match. C'est le match contre le Qatar qui nous a porté préjudice. C'était le match-clé pour se qualifier au second tour. Il y a eu des points négatifs, notamment l'encadrement de la sélection qui est à revoir. Dorénavant, nous engagerons un préparateur mental. Des erreurs ont été commises lors de votre premier mandat, notamment l'abandon de l'opération rajeunissement opérée par Alain Portes... Je sais qu'on me reproche le retour de Issam Tej en sélection. Mais je tiens à dire aussi que le retour de Saed H+asanfendic à la tête du sept national a été aussi une erreur. Et ce n'est sûrement pas moi qui fus derrière son retour en Tunisie. Hasanfendic aurait été limogé juste après la CAN d'Algérie en janvier 2014. Quant à Tej, c'est Hafedh Zouabi qui l'a voulu. Pour lui, c'était une carte gagnante. Il s'était bien comporté lors du tournoi préolympique de Gdansk. On ne pouvait rien changer dès lors et on connaît la suite. Une charte pour les internationaux D'un autre côté, les vieux démons ont ressurgi et Tej a barré la route de la sélection à Gharbi. N'est-ce pas ? Le problème entre les deux joueurs est né en France où ils évoluaient. Il ne date donc pas d'aujourd'hui. C'est leur cuisine interne qui s'est malheureusement propagée en équipe de Tunisie. Tej et Gharbi ne pouvaient plus s'entendre en sélection. Il fallait donc trancher et le choix s'est porté sur Tej, bien que Gharbi demeure aussi un joueur de qualité. Aujourd'hui, il va falloir trancher de nouveau. Comment allez-vous procéder ? Je vais bientôt me réunir avec les joueurs. Hédoui, Tej et Gharbi seront convoqués. Pour l'intérêt du sept national, nous allons essayer de faire la paix des braves. Je vais mettre tous les joueurs dos au mur et face à leurs responsabilités. Ils devront signer une charte de bonne conduite. Ce sera à prendre ou à laisser. Un des reproches qu'on vous fait souvent est d'avoir été influencé par votre vice-président Ridha Manaï. Qu'en dites-vous ? Ridha Manaï, qu'on le veuille ou non, a réussi le bon et le moins bon. Je sais que les critiques fusent à son sujet. L'expérience m'a appris qu'il ne faut pas laisser une même personne longtemps au même poste. Pour être franc, Ridha Manaï a fait des jaloux. Mais maintenant, le temps du changement a sonné. Comment cela ? Désormais, c'est Ridha Attia qui est le nouveau responsable de la sélection nationale «A». Il a déjà fait ses preuves à l'Etoile du Sahel en instaurant la discipline avec Kamel Akab. On raconte aussi que Ridha Manaï est derrière le choix de Hafedh Zouabi en sélection... Zouabi ne m'a été imposé par personne. Après le départ de Sylvain Nouet, j'ai pris tout mon temps pour le remplacer. Il fallait faire le bon choix et opter pour l'école tunisienne. Zouabi est un des meilleurs entraîneurs du pays et il a réussi son examen au tournoi préolympique de Gdansk. Je ne pouvais donc pas le changer à la veille des Jeux olympiques. L'ombre de Hammou Nous en arrivons à la sélection féminine. Que vous inspire-t-elle ? J'ai côtoyé les joueuses pratiquement de 2000 à 2015. Je tire au passage ma révérence à Abderrahman Hammou. C'est lui qui est à la base de la renaissance de cette sélection. Malheureusement, la relève aujourd'hui se fait attendre. On ne remplace pas les Toumi, Msaed, Marzouk et Haïfa Abdelhak d'un coup de baguette magique. Toutes ces joueuses ont quitté le club Tunisie en même temps. Nous avons quand même une bonne sélection féminine junior qui est vice-championne d'Afrique. Il faut avouer que les filles ont leurs propres problèmes. Malgré cela, la Tunisie est le seul pays arabe présent continuellement dans les joutes internationales. Aujourd'hui, c'est la période des vaches maigres, j'en conviens. Mais elle ne durera pas. Les centres de formation de Sousse pour les natives de 2000-2001 et de Mahdia pour les natives de 1998-1999 nous sortiront la relève espérée. Le passage à vide ne durera pas longtemps, à mon avis. Qui conduira la sélection à la CAN d'Angola ? Moncef Chérif a assuré l'intérim après le départ de Riadh Sanaâ. Maintenant, c'est au tour de Mohamed Ali Seghaïer de prendre les rênes. C'est lui qui sera aux commandes en Angola pour une mission déterminée. Après le championnat d'Afrique, un sélectionneur à long terme sera nommé. Il y a aussi le problème de la naturalisation d'Asma Ghaoui. Où en est-on ? La Hongrie veut la naturaliser. De notre côté, nous allons la convoquer pour la CAN. Si elle ne vient pas, elle devra se justifier. Quels sont les changements attendus par rapport à votre premier mandat ? Nous allons réaliser un grand travail au niveau des jeunes et multiplier les centres de formation avec tout le staff technique nécessaire. Nous allons définir le parcours d'excellence du joueur d'élite. Il y a de nouvelles techniques mondiales d'entraînement à adopter. Nous allons aussi mettre sur pied l'école tunisienne pour le recyclage des entraîneurs. Nous avons aussi un sponsor pour la relance de l'arbitrage. Nous avons de même la promesse de la tutelle pour la construction d'un siège de la fédération. Nous devons également effectuer un travail énorme pour ramener d'autres sponsors. Nous allons aussi essayer d'avoir une quote-part de l'argent du Promosport. Sans parler des droits de retransmission des matches. Certains règlements internes doivent aussi changer. Une assemblée générale extraordinaire aura lieu dans ce sens dans trois mois. Nous allons aussi créer un collège des Sages avec toutes les personnes influentes du handball. Nous devons améliorer notre image sur le plan international. Je tiens à préciser que la Tunisie aura bientôt un poste-clé au sein de la Cahb. Mansourou Arémo, le président de l'Instance continentale, sera bientôt à Tunis pour assister à une réunion du bureau fédéral. Nous avons aussi rectifié le tir avec l'IHF et son président Hassan Mustapha qui sera également bientôt parmi nous. Doit-on s'attendre à plus de fermeté dans la gestion de la fédération de votre part ? Je l'avoue, je n'ai jamais été à l'aise lors du mandat passé. J'ai accepté de prendre la relève en juin 2014 pour éviter la dissolution du bureau fédéral. Cela aurait été une mauvaise image du handball national. Maintenant, je vais travailler avec un groupe de collègues que je connais bien et que j'ai choisi. Ce sera un travail collégial. J'ai la confiance des clubs et je donnerai le meilleur de moi-même.