Il y a risque de voir les joueurs titularisés cet après-midi tirer au flanc et prendre ce test de haut. La reprise des championnats est déjà là ! A quoi peut bien servir un match amical survenant quatre jours après un autre, officiel celui-là, et en déplacement qui a sollicité toutes les énergies et poussé les Aigles jusqu'à l'extrémité de l'effort? Placé en sandwich entre l'épreuve libyenne du stade Omar Hamadi d'Alger et une reprise des championnats, que ce soit en Tunisie ou sur le Vieux Continent, le test mauritanien veut exploiter à bon escient une journée-Fifa, ces précieuses dates qui constituent une rareté au calendrier général. Et deviennent à ce titre une opportunité à ne pas manquer. On a, certes, envie d'écrire : «Enfin, un match amical !» tellement l'équipe de Tunisie n'en livre plus depuis belle lurette. Toutefois, il y a de bonnes raisons de se demander sur l'opportunité de ce match qui hérite de joueurs titulaires fatigués et de remplaçants pas très motivés et qui risquent de se ménager en vue des échéances du prochain week-end au sein de leurs clubs. La Mauritanie, éliminée sur les deux fronts de la Coupe d'Afrique des nations et de la Coupe du monde, représente-t-elle le sparring-partner idoine? Surtout, que prépare ce test au juste? Bref, au sujet de l'opportunité d'un tel match, il y a vraiment à boire et à manger. Mais le staff technique ne veut pas s'arrêter sur cette grille d'analyse beaucoup trop restrictive. Il sait parfaitement que la Coupe d'Afrique des nations, c'est demain. A partir du 14 janvier prochain, les hommes de Kasperczak vont devoir retrousser leurs manches dans un premier défi annonciateur d'un autre non moins exaltant, non moins difficile, en l'occurrence le bras de fer Tunisie-République Démocratique du Congo pour l'unique billet du groupe «A» qualificatif pour le Mondial russe. Car le mano a mano se précise depuis dimanche soir et la victoire des Léopards en terre guinéenne (2-1). La veillée d'armes va se révéler interminable : que d'eau va couler sous les ponts d'ici le mois d'août prochain lorsque les coleaders du groupe «A» vont croiser le fer, d'abord à Tunis, ensuite à Kinshasa. La menace des copains du fantasque Kidiaba, le keeper de Mazembe, qui n'est plus le titulaire indiscutable dans les bois de sa sélection, est aujourd'hui d'autant plus sérieuse qu'il faut vraiment se lever de bonne heure pour espérer gagner à Conakry, là où le onze tunisien ne compte que des déboires. Certes, on peut rétorquer qu'il n'est pas non plus évident de battre la Libye chez elle, soit sur le terrain neutre d'Alger, d'Oran, du Caire ou d'Alexandrie, c'est-à-dire là où le hasard lui proposera d'aller «recevoir» ses adversaires. Mais il se trouvera toujours des malins pour contester ce raisonnement en rappelant malicieusement que les échos de la polémique et la fureur de la profonde frustration qui habite toujours les Libyens ne se sont pas encore tus. La fédération du voisin du Sud ne vient-elle pas de saisir la Confédération africaine (CAF) pour protester contre l'arbitrage du Kényan Davies Ogenche Omweno accusé d'avoir invalidé un but régulier en tout début de rencontre sur une tête d'Ani Salto. Les images télé allaient du reste révéler qu'il n'y avait pas hors-jeu. Voudrait-on enlever le mérite des Aigles dans cette victoire à la pyrrhus qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Ce n'est pas la joie Le temps va sans doute faire son œuvre et effacer ce sentiment d'usurpation. Le team national doit tourner la page d'Alger, et s'efforcer de rectifier le tir et de remédier aux nombreuses carences qui persistent encore. Il doit regarder droit devant sans toutefois se montrer insensible aux critiques et fermé aux exigences de la prochaine étape. Son programme de préparation pour la CAN n'est pas toujours arrêté. Le choix se fera entre un stage en Egypte sanctionné par un match-test face aux Pharaons, un rassemblement au Maroc également sanctionné par une rencontre amicale contre la sélection chérifienne, et enfin une mise au vert à Monastir, fief habituel des copains d'Ali Maâloul, avec en supplément une ou deux rencontres amicales. Après trois victoires consécutives dans des matches couperet, une sorte de finales de Coupe (Liberia pour le compte de la CAN, et Guinée et Libye aux éliminatoires du Mondial), peut-on vraiment faire la fine bouche ? Certes, ce n'est pas la joie au rayon de la production, de la qualité du jeu, des progrès à faire. Tôt ou tard, cela risque d'être payé cash, notamment au rayon de l'inefficacité offensive, de la lenteur de la reconversion pour revenir défendre et de la subtilité tactique permettant de ne pas rester prisonnier d'un seul schéma tactique. Ce qu'appelait dans notre édition d'hier le manager général de l'Espérance Sportive de Tunis, Mondher Kebaïer «flexibilité tactique». En vieux briscard, le sélectionneur Henry Kasperczak mesure parfaitement les nombreuses insuffisance dont pâtit actuellement son équipe. Il ne peut pas se voiler la face devant l'inéluctable, la perspective d'un nouveau fiasco qui pointe à l'horizon si jamais les Aigles se maintenaient dans leur standing du moment. Voilà pourquoi le test de tout à l'heure doit d'abord balayer une partie des incertitudes devant un sparring-partner tenu en échec la semaine dernière par le Club Africain (2-2). Pourvu que les doublures qui seront alignées à Gabès prennent ce test suffisamment au sérieux !