La pièce se veut un manifeste contre toute forme de violence qui, entre un texte joué ou chanté et mis en rythme, dénonce la haine et les bouleversements qui, secouent l'humanité La 18e édition des Journées théatrales de Carthage s'est clôturée, samedi soir au Colisée, lors d'une cérémonie marquée par la remise d'une série de prix spéciaux d'encouragement décernés par des organisations tunisiennes et étrangères pour encourager les productions théâtrales locales. Dédiée à la mémoire de l'un de ses fondateurs, l'homme de théâtre Moncef Souissi, et célébrant l'œuvre de William Shakespeare, cette édition a vu la programmation, à Tunis et dans d'autres régions du pays, de 62 pièces théâtrales dont 18 tunisiennes, 10 africaines, 17 du monde arabe et 17 autres d'un peu partout du monde. Bien avant la cérémonie officielle, l'on a pu assister, à la salle Le Rio, à la représentation de « Roméo et Juliette », la pièce de clôture de l'édition. Créée et mise en scène par Ghazi Zaghbani, la pièce a été présentée à l'occasion de la pré-ouverture régionale des Journées théâtrales de Carthage, le 16 novembre à Kairouan puis le 17 à Sousse. L'œuvre est l'une des pièces les plus jouées de Sheakspeare, elle a été également adaptée au cinéma mais aussi à travers différentes expressions artistiques. Le propos de cette tragédie, écrite au début de la carrière du dramaturge anglais, est célèbre, celui de cet amour interdit entre deux jeunes amants dont la mort réconcilie leurs familles ennemies, les Montaigu et les Capulet. Pour sa lecture de cette pièce, Ghazi Zaghbeni a choisi d'être fidèle au texte pour nous présenter une version chantée et mise en musique. Sur la scène du Rio, les comédiens Fatma Felhi, Amel Farji, Amal Amraoui (Juliette), Mohamed Hussine Grayaa, Assem Bettouhemi (Roméo), Tahar Radhouani et Slim Zaghbani domptant, in situ, des instruments (cajon, clavier, bendir ou tbal, castagnettes) ont donné du rythme aux différents sentiments exprimés par cette tragédie. La colère est hurlée (un peu trop par moments) et condensée dans la voix, expressive et émouvante de Fatma Felhi ou par le rythme des instruments dégainés comme des armes. Habillés en noir, à l'allure de rock stars déchaînées sur la scène, les comédiens nous livrent d'emblée un tableau inaugural qui exprime dans un tohu bohu vocal et instrumental la haine entre les deux familles. La pièce se veut un manifeste contre toute forme de violence qui, entre un texte joué ou chanté et mis en rythme, dénonce la haine et les bouleversements qui secouent l'humanité. L'on apprécie la confusion temporelle exprimée aussi par le travail des costumes de Sarah Sakhri (le cuir, le noir pour le côté révolté et la robe blanche iconique de Marilyn Monroe (« 7 ans de réflexion ») pour exprimer peut-être la fragilité et la sensibilité de Juliette). Mais l'on aurait voulu que ce côté implicite soit plus creusé. La présence bien dosée de la musique et autres expressions orales, aurait pu l'emporter sur la simple interprétation du texte (par moments très fade).