Bettoni : du bon, du moins bon... Pour un club endetté et frôlant la faillite il y a peu de temps, revenir à jouer les premiers rôles pour une première saison est bon à prendre. La Presse —En ce qui nous concerne, en tant qu'observateurs, nous pensons sincèrement que le Club Africain a déjà réussi sa saison. Qu'il remporte un titre ou pas, c'est le terrain qui en décidera en fonction du futur rendement de ses joueurs. D'ailleurs, de vrais professionnels n'ont plus besoin d'entraîneur. Ils savent ce qu'ils ont à faire lorsque les conditions sont favorables et qu'ils sentent qu'ils sont en mesure d'enrichir leur palmarès. On n'obtient pas des résultats avec de bons sentiments et des slogans populistes qui faussent tout. Cette réussite est bien l'apurement de ses dettes et son retour au premier plan. Cela a relancé la compétition et… donné des idées à ses fans.Ce qui est parfaitement normal, car personne n'a accordé le moindre crédit à cette histoire de «projet». Les grands clubs de par le monde et pas seulement en Tunisie n'ont qu'un seul projet: les titres. C'est la loi du sport de haut niveau et il ne faudrait pas raconter d'histoires. La crise financière réglée, grâce à l'arrivée d'un fan-sponsor et la consolidation des acquis précédents ont permis au club de recruter des joueurs. Discuter de leur valeur, alors que la saison est sur le point de se terminer, est aussi inutile que superflu. Il est possible en effet de mal juger pour la simple raison qu'un joueur, dont le rendement est en deçà de son standing, est affecté à un poste qui ne lui sied pas ou plus. Tout est question de stratégie collective que l'on met en place en fonction des éléments qu'on possède. Au Club Africain justement, André Nagy avait construit tout son projet autour de Hédi Bayari. Et il a réussi.De toutes les façons, tout en comprenant les réactions des supporters, il nous semble mal venu de mettre en doute la valeur des uns et des autres, alors que l'équipe aborde un tournant crucial de la saison. C'est le meilleur moyen de démobiliser un ou des joueurs dont on annonce le départ. Ce n'est un secret pour personne, David Bettoni a été pris en cible. On lui reproche son manque de vision, sa mauvaise lecture du jeu et son entêtement au niveau des choix des joueurs utilisés. Comme nous possédons en Tunisie, comme partout ailleurs, un minimum de douze millions de techniciens, engager des polémiques serait peu rentable. Il fallait agir non pas pour changer d'entraîneur, ce qui aurait été une réaction aussi primitive que peu fructueuse, mais corriger les faiblesses de…l'entraîneur. Le technicien clubiste, que l'on n'a pas cessé d'encenser en début de saison pour le visage qu'il a su donner à l'équipe, a vite été cloué au pilori, une fois que le titre s'est acharné à courir derrière le Club. En vain. Parce qu'en fin de compte, en sports collectifs, il y a l'entraîneur et il y a le manager et l'analyste qui prennent le relais. C'est ce trio qui doit absolument collaborer pour décider de la stratégie à adopter et de l'utilisation de l'effectif que l'on possède à sa disposition. L'arrivée de Sahli D'après ce que l'on a vu, celui qui a accaparé ces rôles n'a pas réussi. D'où ces résultats en dents de scie qui ont nourri les protestations. L'arrivée d'un «directeur sportif», Mojamed Sahli, ne peut être que bénéfique. Normalement, ce genre de désignation est mal vu par les entraîneurs, qui y voient une façon de les écarter avec doigté, gentiment, sans faire de vagues. Il faudrait justement ne pas prendre les choses sous cet aspect négatif. Si l'arrivée de Sahli est considérée à sa juste valeur, elle pourra être salutaire. On peut être le meilleur entraîneur qui soit, mais savoir comment colmater une brèche, changer la donne, injecter un élément pour secouer le groupe à la vitesse de l'éclair, sans perte de temps, bloquer ou aspirer la brusque emprise imposée par l'adversaire n'est pas donné à tous. Et c'est la raison pour laquelle tout a été remis en question. Une collaboration en cette période critique de la saison pourrait relancer le club et reprendre en main un groupe qui peut aspirer à mieux. Même si cela ne fait pas partie du… projet.