Ferid Belhaj, premier conseiller du directeur général du Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES), met en garde contre l'affaiblissement du multilatéralisme et appelle les économies arabes à accélérer leurs réformes pour faire face à un monde en mutation rapide. En effet, dans un contexte de transformations géopolitiques et économiques accélérées, Ferid Belhaj souligne que le système libéral hérité de l'après-Seconde Guerre mondiale perd de son influence. « Les institutions comme l'ONU, la Banque mondiale ou le FMI voient leur poids diminuer au profit de la loi du plus fort », souligne-t-il, dans une déclaration accordée à Express FM ce 7 mai 2025. Selon lui, l'administration Trump a marqué un tournant vers un unilatéralisme plus agressif, remettant en cause les équilibres traditionnels. Bien que les Etats-Unis aient réaffirmé leur engagement dans les institutions financières internationales, leur vision de la « réforme » de ces structures suscite des craintes. « Le discours américain prône une efficacité qui sert avant tout leurs intérêts nationaux », explique Belhaj, ancien vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Les économies arabes face au défi de l'adaptation Pour les pays de la région, ces bouleversements exigent une réponse urgente. « Nos économies doivent entrer dans une phase de réformes profondes et complexes », insiste Belhaj. Il plaide pour une réduction de l'interventionnisme étatique, une libéralisation contrôlée et un meilleur équilibre entre secteur public et privé. « L'Etat ne doit plus être un entrepreneur, mais un régulateur. Le secteur privé, quant à lui, ne doit pas verser dans l'exploitation des travailleurs. » Les pays arabes, fragilisés par des dynamiques internes parfois rigides, pourraient néanmoins saisir des opportunités. « L'Europe traverse une période de faible croissance. Cela ouvre une fenêtre pour attirer des investissements qui, autrement, iraient ailleurs », estime Belhaj. Mais pour cela, il faut améliorer le climat des affaires, simplifier les régulations et limiter la bureaucratie. En conclusion, Belhaj exhorte les gouvernements à agir vite : « Si nos économies se réforment et trouvent un modèle équilibré, elles pourront mieux résister aux chocs externes. Sinon, elles resteront vulnérables aux caprices d'un monde de plus en plus imprévisible. »