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Au début était la cité
Rencontre avec Neila Akrimi, experte en gouvernance locale
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 12 - 2016

Neila Akrimi est de ces personnes dont on se dit parfois que si elles n'existaient pas, il aurait fallu les inventer. Œuvrant dans la discrétion la plus totale, elle incarne un étonnant mélange d'humilité personnelle, et de ténacité combattive quand il s'agit de défendre la cause à laquelle elle s'est vouée. Cette fille de militaire, rigoureuse, déterminée, a un credo : quand on veut on peut. Tout est pour elle question d'attitude, de responsabilité, d'honnêteté.
A cheval entre Tunis, la Haye et le reste du monde, Neila Akrimi dirige depuis cinq années le CILG, Centre international de développement pour la gouvernance locale innovante, bureau régional d'une des plus anciennes agences de coopération internationale européennes : VNG International, agence néerlandaise de coopération.
Rayonnant sur la région Mena à partir de Tunis, ce centre opère sur 18 villes tunisiennes. Neila Akrimi rêve d'en faire des cités démocratiques, heureuses, égalitaires et pacifiées. Mais elle ne fait pas que rêver, et ses bureaux où s'activent une trentaine de collaborateurs, où défilent les experts, constituent une véritable ruche sur le pied de guerre jour et quelquefois nuit.
Avec passion, mais aussi pragmatisme, elle nous explique sa conviction profonde et la finalité de son combat : rendre à la cité sa place dans la gouvernance, et au citoyen son rôle dans la vie politique. Pour cela, les villes doivent acquérir autonomie et indépendance
La discrétion est un bien vilain défaut quand on porte un projet tel celui dont vous êtes en charge. Qui êtes-vous Neila Akrimi ?
Je suis originaire du Sud, de Sidi Bouzid, fille de militaire, et j'ai donc vécu de garnison en garnison, à Gabès, Remada, Sbeïtla, Kairouan, Gafsa, Béja... Ma mère était institutrice, issue de la première génération des normaliennes d'après l'indépendance. J'ai été élevée dans une conviction : être utile, défendre les causes nobles. J'ai donc choisi de faire des études de droit, et je me suis spécialisée en « droit européen du développement ». Les relations internationales m'ayant toujours attirée par leur prestige, je me suis présentée au concours d'entrée des Affaires étrangères et j'ai été lauréate. Cela répondait à ma volonté d'être utile pour mon pays, mon gouvernement, ma région. On m'a affectée à la direction Europe. C'est là que j'ai commencé à me poser des questions qui restaient sans réponses faute de repères. Pourquoi les mêmes textes d'accords avec l'Union européenne n'avaient-ils pas les mêmes effets et subissaient-ils des blocages en Tunisie et pas en Pologne par exemple ?
Ce qui vous a poussé à étudier le problème dans sa complexité ?
Ayant effectivement beaucoup de questions et pas de réponses, j'ai décidé d'entreprendre des recherches, et d'entamer une thèse sur un modèle de développement européen. Pour trouver les réponses à ces blocages de la diplomatie pratique, j'ai dû quitter la diplomatie. Ce qui m'a permis, en tant que chercheur, de diriger des projets de recherche et de mener des missions en tant qu'expert. L'une de celles dont je suis la plus fière a été l'élaboration du « livre blanc pour l'égalité des chances », un combat qui permettra de changer les mentalités, mais qui demande beaucoup de persévérance.
C'est là que commence votre seconde vie en Hollande...
J'ai, en effet, été sollicitée par une agence de coopération néerlandaise, VNG International, pour assurer la direction du portefeuille francophone couvrant l'Afrique francophone, donc l'Afrique du Nord, dont la Tunisie bien sûr, et l'Afrique subsaharienne. J'étais la seule femme non européenne à intégrer cette agence, et la première femme membre du conseil de direction de VNG, la plus ancienne association de villes européennes, et l'une des plus actives à l'international.
Votre action en Tunisie n'a commencé qu'après la révolution puisque vous fêtez un cycle de cinq années d'activités ?
Nous avons essayé de travailler en Tunisie avec l'ancien régime. Nous sommes venus en 2009 : nous gérions à l'époque un fonds d'aide et d'appui aux régions minières. La réaction a été étrange : on ne nous a pas dit non, mais on ne nous a pas dit oui non plus. On a laissé le temps s'écouler, les dead lines être dépassées, et les fonds sont partis au Maroc. Puis en 2011, nous avons été mandatés par l'Union européenne pour mettre sur pied un programme d'appui à la gouvernance locale dans le domaine de l'environnement et de l'énergie. L'Union européenne avait impliqué plusieurs villes du cercle méditerranéen.
Vous avez alors engagé une véritable croisade pour les villes de Tunisie...
J'ai alors réussi à convaincre VNG International d'ouvrir un bureau à Tunis. Nous arrivions presqu'en clandestins. Nos premières conventions, car nous étions les premiers à être arrivés, étaient signées dans des cafés, les municipalités ayant brûlé.
Il est aujourd'hui essentiel que les villes aient une autonomie, une indépendance, une marge de prise de décision, qu'elles soient considérées comme décideurs à part entière. Le maillon fort ou faible d'un pays, c'est son développement local. Les pays scandinaves l'ont réussi, les pays du sud de l'Europe beaucoup moins.
En février 2011 on m'a appelée pour me dire : que peut-on faire ? Les pays européens, les bailleurs de fonds potentiels, étaient choqués par la profondeur de la crise dans les localités, par la frustration évidente. Je répondais que la révolution était le symptôme du génie tunisien. Moi je voulais aider non pas le gouvernement mais les villes.
Il m'a fallu vaincre des réticences, et j'ai pu le faire en disant : « Si nous n'aidons pas, nous allons laisser passer l'espoir.» On m'a accordé 600.000 euros pour un projet d'un an concernant Le Sers, Regueb, Kasserine, Thala, Béja, Jendouba, Ben Guerdane.
Et aujourd'hui ?
Aujourd'hui, nous travaillons sur 18 municipalités en Tunisie. Et à partir du centre régional de Tunis de CILG, nous opérons dans la région, en Libye, au Liban, en Jordanie... Nos bailleurs de fonds sont les ministères des Affaires étrangères des Royaumes des Pays-Bas et du Danemark, l'Union européenne. Nos partenaires sont les ministères et institutions chargés de la décentralisation, les collectivités locales, les associations et les jeunes promoteurs et acteurs économiques. Nos principaux axes d'action portent sur l'appui à la transition démocratique, le renforcement des capacités des collectivités locales, l'appui à la société civile, la promotion de l'égalité homme-femme et le renforcement de l'intercommunalité et de la coopération transfrontalière décentralisée.
De façon plus concrète, quel est votre rôle ?
Plus concrètement, au cours des dernières années, en Tunisie, nous avons travaillé en étroite liaison avec l'ANC, puis l'ARP sur les lois concernant les cités. Nous avons travaillé avec le ministère des Affaires locales depuis sa création. De même que nous sommes fiers d'avoir collaboré avec le ministère de la Femme pour l'initiative de la charte pour l'égalité des genres.
Dans les villes, pour donner quelques exemples, nous avons créé des espaces verts et des centres d'informatique pour enfants à Ben Guerdane, des unités de traitement des déchets hospitaliers dangereux à Gafsa et Métlaoui, l'électrification de puits par énergie solaire à Dhehiba, des pépinière à Béja.
En fait, nous essayons de jouer le rôle d'un pont entre les besoins réels, les défis et les attentes des citoyens, et la prise de décision au niveau politique. Nous croyons que la décentralisation est un projet national et le mettre en route est la condition clé du succès
Ce n'est pas facile car c'est un processus lent et complexe. Bien sûr, il y a des hauts et des bas, mais je crois que l'action locale est la meilleure solution pour répondre aux défis de la transition démocratique en Tunisie, et qu'elle pourra ouvrir la voie pour un modèle de développement juste et fort
Le salut est donc dans la cité
Cet évènement, cette célébration de ce cinquième anniversaire célèbre en fait notre combat : un combat pour des villes plus sûres et plus accueillantes, pour un plus grand espace de participation des femmes et des jeunes à la vie publique locale. Mais aussi pour rappeler aux gens ce qui est réellement important en ces temps où les politiques semblent s'éloigner de plus en plus des changements auxquels nous aspirons. Nous croyons que les villes en Tunisie jouent un rôle central dans l'élaboration d'un modèle de gouvernance et de développement. Elles sont la plus belle chance pour construire un avenir équitable, l'occasion de rendre confiance aux jeunes en leurs institutions publiques et de renforcer les valeurs de paix et de cohésion sociale. Elles ont un potentiel énorme de création de valeur, un potentiel qui doit être exploré, équipé, renforcé.
Alors oui, ce n'est pas facile. Il faut de la persévérance, de la patience, de la solidarité, de la volonté, mais c'est la voie qu'il faut prendre. Nous « avons un rêve » de cités heureuses, pacifiées, prospères, démocratiques. Mais derrière le rêve, nous avons aussi une vision, une mission, un plan. Nous offrons notre assistance et une expérience de longues années passées à transmettre notre savoir-faire entre l'Europe et ses voisins du Sud, et à nous faire les avocats des causes des gouvernements locaux.
Quand vous ne vous battez pas pour l'avenir des cités, quand vous ne sillonnez pas le monde, ce que vous faites près de 200 jours par an, que faites-vous ?
Je suis une citoyenne très active de Duiven, la petite ville hollandaise où je vis. J'ai un hobby, j'aime beaucoup fabriquer mes bijoux. Et puis surtout je m'occupe de mes enfants. Mon petit Lyess de cinq ans n'est pas content quand je pars. Avec mon époux hollandais, nous essayons de faire de nos enfants un bon produit du dialogue des cultures, de la mixité de deux mondes. Nous voulons dire à ces deux mondes qu'il est possible de s'aimer, de se respecter, d'être tolérant l'un envers l'autre. J'espère que mes enfants sauront faire passer ce message


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