En privilégiant la rentabilité financière à la visibilité, la fédération crée la frustration non seulement chez les supporters, mais aussi chez les amateurs et passionnés de football Très peu d'innovation et encore moins de diversification, on zappe pour tomber chaque fois sur la même chose. Souvent la même image, le même discours, le même commentaire. Le sport dans les différentes chaînes de télévision tunisiennes n'a plus aujourd'hui l'impact habituel sur le téléspectateur. La preuve, nous sommes aujourd'hui à la onzième journée du championnat et l'émission phare ‘'Dimanche Sport'' ne figure pas toujours dans la grille des programmes. Une première dans l'histoire de la télévision nationale et de toute la scène audiovisuelle !... L'exemple de ‘'Dimanche Sport'' est d'ailleurs très significatif. Ceux qui se sont succédé à sa production et à sa présentation n'ont rien apporté de nouveau. La synthèse des matches est la même, presque éternelle et nous renvoie à celle d'un passé lointain. Sans âme et sans profondeur. La manière d'aborder les sujets et leur transition est des plus courantes. Ce qui fait que les consultants reprennent les mêmes idées, le même discours sur les mêmes sujets, sans diversification d'angle et sans apporter quelque chose de nouveau par rapport à ce qui a été déjà fait et dit. Pire, ils commentent et analysent des fois des matches qu'ils n'ont pas vus. Le téléspectateur n'est pas dupe. Il sait qu'il leur est impossible d'assister à plusieurs matches à la fois pour en faire par la suite un sujet de réflexion et d'analyse! Bien malin celui qui comprendra ce qui se dit, ou encore à quoi on voudrait en venir!... Nos chaînes de télévision n'ont pas changé grand-chose à leurs habitudes et à tout ce qu'elles sont censées offrir. En manque d'inspiration, de diversification, d'effort et d'idées, elles ne dépassent plus le stade des reportages, commentaires et débats ordinaires. Préférant meubler les plateaux par ce qu'on a pris l'habitude d'appeler communément, à tort ou à raison, consultants sans en avoir réellement la vocation, et encore moins le profil. N'est pas consultant qui veut. Encore moins spécialiste en la matière... Quelle que soit l'importance de l'événement, la manière de présenter et de couvrir les événements est quasiment la même dans toutes les télévisions. Le talk et les plateaux sont le plus souvent destinés à replacer le verbe devant l'image. Ou la fiction avant la réalité. La théorie à la place de la pratique. Les procédures de retransmission des matches, telles qu'elles sont aujourd'hui préconisées par la FTF, divisent le monde de la télévision en différentes catégories. Le streaming fait de plus en plus son entrée dans le monde du football. Plus encore : il conditionne comme jamais le paysage à la fois sportif et audiovisuel. Ceux qui ont les droits des événements sportifs, et ceux qui scrutent. Ça se complique En privilégiant la rentabilité financière à la visibilité, la fédération crée la frustration non seulement chez les supporters, mais aussi chez les amateurs et passionnés de football. Les sponsors pourraient eux aussi réclamer des comptes. Et ils ne peuvent qu'avoir raison... Le phénomène est en train de s'imposer. Les chaînes nationales qui se définissent comme le plus grand terrain de sport en clair, qui sont habituées à diffuser massivement du football, qui se donnent une mission de service public en permettant au plus grand nombre de spectateurs l'accès gratuit aux matches, le plus souvent avec un grand format de programmes, s'en ressentent comme les premiers perdants de ces nouvelles mesures. C'est toute la raison d'être de la couverture TV qui est bouleversée. Le football tunisien entre dans une nouvelle ère, dominée essentiellement par la privation et les interdictions. Le téléspectateur court le risque de ne plus profiter des «événements protégés». Les enjeux sont devenus incommensurablement énormes.