Plusieurs entreprises privées tunisiennes ont commencé à appliquer les dispositions du nouveau Code du travail révisé, en recrutant progressivement leurs agents contractuels et sous-traitants, a indiqué Hafedh Laamouri, expert en législation du travail. La régularisation complète de ces travailleurs est attendue d'ici le mois de juillet. Dans une déclaration à l'Agence TAP, Laamouri précise que certaines entreprises ont déjà informé leurs agents de leur volonté de mettre fin aux formes d'emploi précaire. Plusieurs ont commencé à rassembler les documents nécessaires à la régularisation, dont le casier judiciaire (bulletin n°3) et un certificat médical d'aptitude. Selon lui, le secteur privé a accueilli favorablement cette réforme, qui vise à éliminer définitivement l'emploi précaire en Tunisie. L'Etat a montré la voie en régularisant les contractuels du secteur public, notamment les enseignants suppléants, les ouvriers des chantiers et les agents des mécanismes d'emploi. La mise en œuvre de cette réforme avait suscité, dans un premier temps, des incertitudes, notamment en raison d'un manque de clarté sur les mécanismes d'application et des inquiétudes sur son impact sur l'emploi et l'investissement. Ces craintes se sont toutefois estompées grâce à la mise en place de procédures claires et souples, permettant aux entreprises de s'adapter sans compromettre leur activité. « La flexibilité offerte par le nouveau texte a permis aux employeurs de régulariser les situations sans supporter de charges supplémentaires pour l'intégration des contractuels. En revanche, l'intégration des agents de sous-traitance représente un coût que les entreprises doivent assumer », a expliqué Laamouri. Certains licenciements observés dans le secteur privé ont été attribués à une mauvaise interprétation du texte par certains employeurs, craignant une hausse de la masse salariale. Mais la régularisation des agents, qui occupaient déjà des fonctions pérennes, s'est révélée compatible avec la flexibilité du marché du travail. L'expert a par ailleurs relativisé le risque d'une hausse du chômage, dont le taux s'élevait à 15,7 % au premier trimestre 2025, selon l'Institut national de la statistique. Il estime que ce taux devrait baisser au cours des trois prochains mois, au fur et à mesure que les travailleurs concernés seront intégrés de manière stable. Dans un autre registre, il a souligné que les sociétés de sous-traitance actives dans les services de sécurité et de nettoyage ont cessé volontairement leur activité, conformément à la loi qui interdit désormais leur fonctionnement. Cette fermeture vise à éviter les sanctions prévues par le nouveau Code du travail. Laamouri a conclu en affirmant que la réforme marque une rupture avec les pratiques d'emploi précaires, tout en répondant aux exigences économiques du moment. Contrairement aux rumeurs, les entreprises étrangères implantées en Tunisie n'ont pas quitté le pays ; elles ont poursuivi leurs investissements, attirées par la compétence de la main-d'œuvre locale et la position stratégique de la Tunisie, proche de l'Europe et bénéficiant de faibles coûts de transport.