La guerre des clans et des polices s'est soldée, il y a quelques jours, par la démission du directeur de la Sûreté nationale. Le même jour, l'assassinat par arme à feu d'un homme de 49 ans à Sfax a mis au jour l'existence de réseaux parallèles, scabreux et politico-véreux sous nos cieux Il y a désormais, sous nos cieux, une espèce de malédiction des lois de finances. Il semble que les gouvernements successifs subissent les revers des lois de finances. Le gouvernement Habib Essid avait rendu le tablier six mois avant le terme de la loi de finances 2016. Le renouvellement du vote de confiance du gouvernement s'était soldé par seulement 3 voix parlementaires favorables pour un gouvernement investi avec 169 voix. Le gouvernement Youssef Chahed subit depuis peu les effets de la désunion de la coalition l'ayant porté aux affaires. La nouvelle loi de finances n'a recueilli que quelque 120 voix au Parlement, là où il avait été investi, trois mois auparavant, avec près de 170 voix. La désunion est passée par là. Les députés de Machrou Tounes et de l'UPL, notamment, ont voté contre la loi de finances. Pourtant, ils figurent parmi les 9 partis et 3 organisations nationales signataires du Document de Carthage ayant lui-même présidé à la formation du gouvernement dit d'union nationale. En fait, le Document de Carthage est désormais entamé par le virus de la désunion et des scissions. Mohsen Marzouk et Slim Riahi, dirigeants respectifs du Machrou et de l'UPL, s'affairent en vue de la formation d'un nouveau front d'alliance politique. Ils consultent à tour de bras, amenant Mohsen Marzouk à s'allier avec un clan de ses ennemis de la veille au sein de Nida Tounès. Ce qui avait alors justifié sa scission et la fondation de Machrou Tounès. Du coup, le gouvernement Youssef Chahed n'a plus les coudées franches comme auparavant au sein du Parlement. Certes, il dispose toujours d'une alliance totalisant une majorité parlementaire. Mais cela n'exclut guère des difficultés imminentes pour faire passer des projets de loi notamment. La scène politique est malade. Alliances et contre-alliances s'y succèdent, au gré des circonstances et des humeurs. Sans que cela soit sur la base de véritables programmes politiques ou projets de société aux contours clairs. Il y a beaucoup de considérations personnelles, de moi surinvesti, de préventions et de sautes d'humeurs d'ordre formel et protocolaire par moments. On l'a vu lors des assises de la Conférence internationale sur l'investissement tenue, dans nos murs fin novembre. Mohsen Marzouk avait boycotté la séance inaugurale, imité par Slim Riahi, pour avoir été placé au deuxième rang. Il avait assimilé cela à un manque de considération, voire à un affront personnel. Et puis Youssef Chahed en est réduit à composer avec les crises successives de son propre parti, Nida Tounès. Il y a désormais plus de trois entités distinctes, antagoniques le plus souvent. On avait parlé il y a trois mois de sa présidence du parti, puis silence radio. A défaut d'élections intra-muros, Nida Tounès se retrouve avec des dirigeants désignés ou autoproclamés qui revendiquent chacun une légitimité écornée, les bases ayant tourné le dos à tout ce beau monde. De nouveau, le consensus politique est sur le tapis. La coalition gouvernementale traite les situations au cas par cas. Cela débouche sur un perpétuel marchandage, à chaque tournant important. Et Dieu sait s'il en est. Le pays a besoin de profondes réformes, basées sur un fort engagement consensuel plutôt que conflictuel. Du coup, la reconfiguration de la scène politique pose problème. De l'avis général, y compris et surtout des observateurs avertis et des instances financières internationales, la crise politique en Tunisie préside à la profonde crise économique. Elle la provoque et l'accuse en même temps. En fin de compte, les rares accalmies dans le paysage politique préfigurent des crises et des retours de flamme plus poignants les uns que les autres. Pour l'heure, le gouvernement Youssef Chahed tient la route. Même si la guerre des clans et des polices s'est soldée, il y a quelques jours, par la démission du directeur de la Sûreté nationale, M. Abderrahmane Belhaj Ali. Le même jour, l'assassinat à l'arme à feu d'un homme de 49 ans, à Sfax, a mis au jour l'existence de réseaux parallèles, scabreux et politico-véreux sous nos cieux. Tous les ingrédients d'un hiver pourri en somme.