«L'ancien système est responsable de notre baisse de compétitivité sportive» Le football tunisien évolue et tente de s'inscrire dans une problématique qui puisse redonner de la compétitivité à nos clubs. Quota de transferts, joueurs répondant à des exigences particulières, qu'ils aient plus ou moins de 19 ans. Et, enveloppe financière attribuée aux emplettes au prorata du budget de l'association. Pour analyser la portée de ces mesures, nous avons sondé Kamel Chebli, en passe de prendre en main la direction technique des jeunes du CA : «Cela fait quelque temps déjà que les tenants de notre football se posent la question d'insérer de nouveaux quotas pour les transferts, ce qui favoriserait à terme la formation et nivellerait le niveau. Maintenant, après avoir défini le cadre légal, on va passer à l'action en procédant à une manœuvre visant à redonner de la compétitivité à notre sport roi. Je pense qu'en appliquant ces lois édictées par le bureau fédéral, notre football profitera à terme de ces restrictions, même si au niveau continental, cela freinera au début la progression sportive au niveau africain (Ligue des champions et Coupe de la Caf). Ces modifications d'envergure sont révolutionnaires et je pèse bien mes mots. Cela permettra aux clubs tunisiens d'aligner des équipes homogènes, formées de locaux, de jeunes étrangers ayant un statut international, sans oublier la majorité de jeunes du cru, tout bénéficie pour nos sélections nationales. Il n'y a pas photo en ce sens. Les derniers résultats du football tunisien ont convaincu la direction de la FTF d'un nécessaire changement de stratégie. Car, jusque-là, la stricte réglementation en matière de signature de joueurs étrangers n'a pas permis d'éviter la dégringolade de notre football au classement Fifa. Depuis quelques années, nous avons à plusieurs reprises hypothéqué nos chances de participer à la grande messe du football mondial, la Coupe du monde. Cela déteint sur notre sport roi et impacte l'évolution de nos joueurs et leur visibilité. Vous verrez, beaucoup de clubs seront soulagés par cette décision». «L'on ne peut libéraliser le marché à l'envi ! » «C'est de notoriété publique. Notre championnat a subi un décrochage au cours des dernières années. On ne peut que dénoncer la réglementation jusque-là en vigueur en matière d'engagement de joueurs comme étant responsable de cette baisse de compétitivité. Je rappelle que notre système a provoqué une vague inflationniste au sujet des joueurs. Nos nationaux, par exemple, sont devenus trop chers par rapport à leur niveau de jeu et leur statut. Un phénomène qui entraîne une dévaluation pour les grands clubs du pays. Les derniers bruits de transfert ne peuvent d'ailleurs que donner raison aux dirigeants des clubs favorables à des restrictions drastiques. L'on ne peut libéraliser le marché à l'envi sans s'exposer au retour de manivelle qui se décline sous maintes formes. Croyez-moi, vous entendrez le même son de cloche du côté des autres techniciens et analystes du football tunisien. Ces dernières années, nous avons dépensé trop d'argent sur des joueurs étrangers et nationaux quelconques à cause d'une fièvre acheteuse, sorte de folie marchande qui n'apporte quasiment rien en retour. Maintenant, si on forme et on met le paquet par la suite sur des jeunes de l'élite à la marge de progression palpable, le retour sur investissement sera garanti, qu'il s'agisse d'autochtones ou de continentaux. N'oubliez pas que, par ricochet, même nos finances ne s'en porteront que mieux».