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Les lagunes côtières de plus en plus menacées par l'activité humaine Cité des Sciences — Présentation d'un exposé sur le thème «Les lagunes côtières utilisées et malmenées par l'homme, pouvons-nous les restaurer ?»
L'urbanisation massive a des effets néfastes sur les lagunes côtières. «La pollution, le réchauffement climatique et la surexploitation menacent sérieusement nos lagunes. L'homme joue un rôle central dans leur préservation». Ces propos ont été prononcés récemment à la Cité des sciences par l'éminent Dr Rutger De Wit, d'origine néerlandaise et directeur de recherche au centre de biodiversité marine, d'exploitation et de conservation au sein de la station marine d'Arcachon (France), invité dans le cadre du programme d'appui franco-tunisien pour la restauration biologique des lagunes côtières. Avant de s'exprimer sur l'impact négatif de l'urbanisation et de la pollution humaine sur les lagunes côtières, ce spécialiste de la biodiversité a tenu à définir la lagune côtière comme étant «un plan d'eau peu profond et connecté à la mer de façon permanente ou temporaire». Selon cet expert, le problème qui se pose aujourd'hui dans plusieurs pays est la fermeture de ces lagunes. «Il faut plutôt préconiser un système d'ouverture pour développer l'aquaculture par exemple. L' ouverture ou la fermeture de la lagune régulent le mélange de l'eau de la lagune et de l'eau de mer. Car la lagune ouverte ou fermée décèle le niveau de connexion avec la mer. Grâce aux modélisations mathématiques, nous avons pu mesurer le taux de connexion de la mer à la lagune. Le taux de 10%, qui a été souvent constaté, révèle un mélange qui n'est pas parfait d'où l'impact négatif sur l'écosystème». Poursuivant son explication, le Dr De Wit pointe du doigt la menace qui pèse sur l'équilibre de l'écosystème en cas de forte interaction entre l'eau de mer très salée et l'eau lagunaire. «On est alors devant des forces opposées, la profondeur de la lagune va augmenter, des rivières se déversent dans la lagune mais aussi dans la mer. Il y a une tendance à la saturation des eaux». Des lagunes endommagées par l'urbanisation et la pollution Notre expert a étayé son exposé de photographies et d'illustrations montrant plusieurs lagunes situées au niveau de la Méditerranée dont la lagune vierge d'El Mellah en Algérie et la lagune italienne Valli Di Comacchio où un projet d'aquaculture a vu le jour. L'intervenant a évoqué également le cas de la lagune des Bibane située au sud de la Tunisie et où l'on peut observer «une forme d'exploitation de la nature». D'autres illustrations de paysages pittoresques, telles ces fresques du village de La Palme au sud de la France au XIIIe siècle, qui ont été également exposées, prouvent la beauté et l'harmonie naturelles qui existent entre la lagune côtière qui jouxte un bassin versant et un marais et où agriculture, pêche et navigation sont pratiquées. Pourtant, il avouera manifestement : «L'étude des lagunes a été longtemps négligée alors même qu'on compte actuellement 30.000 lagunes à travers le globe terrestre, dont 600 en Méditerranée et en mer Noire». S'agissant de la Tunisie, le cas spécifique de la surexploitation côtière a trait à la lagune de Bizerte, endommagée par «la pollution des métaux, des hydrocarbures et des pesticides provenant des activités industrielles et agricoles des sociétés de la région». Enjeux de la restauration écologique du littoral Les intervenants ont posé de nombreuses questions sur l'impact de la restauration des lagunes, vu l'état de grande fragilité des côtes Est notamment, selon leurs propres aveux. L'effet négatif de la pollution des hydrocarbures sur la qualité de l'eau du Lac Nord et Sud représente une vraie catastrophe pour l'écosystème. Dans les années 70, le lac était devenu un centre de décharge des eaux usées, où le taux de mortalité des anguilles est devenu alarmant. Une étudiante de la faculté des Sciences de Bizerte a relevé le cas en Tunisie de transfiguration d'un golfe devenu une lagune pour ne subsister aujourd'hui que sous forme de bassin ! Le Dr De Wit a souligné, de son côté, les bienfaits de la restauration du lac qui s'est traduite par une baisse de la salinité de l'eau ainsi que du degré de pollution et de contamination. «Le Ph a enregistré de nombreuses variations puis s'est stabilisé, ce qui a permis d'améliorer l'état de l' écosystème. La présence de plusieurs contaminants chimiques stockés dans les sédiments a été par ailleurs constatée». Il faudrait protéger «les étangs qui font partie du patrimoine et les préserver pour les générations futures face au risque d'engloutissement des eaux de mer». Enfin, un programme d'investissement sous l'appellation de l'Initiative euro-méditerranéenne Horizon 2020 préconise des «mesures ciblées», principalement pour l'usine d'acier El Fouledh, la Société tunisienne des industries de raffinage (Stir), la Société des Ciments de Bizerte (CSB) afin «de réduire la pollution par les métaux et les contaminants chimiques».