Les ingénieurs tunisiens ont encore leur place dans le paysage économique français, et ce, bien au-delà de leurs compétences, de leur expérience et de la qualité de leur formation – qu'elle soit issue d'universités publiques ou privées, un atout incontestable. Les chiffres, ainsi que le dernier rapport de l'Institut Montaigne, confirment une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Zoom sur une opportunité à saisir et un manque que les compétences tunisiennes peuvent combler. Selon le rapport « Métiers de l'ingénieur : Démultiplier nos ambitions » de l'Institut Montaigne publié au mois de mai 2025, la France manque chaque année 95 000 profils qualifiés en sciences et technologies, freinant sa réindustrialisation, sa transition écologique et sa numérisation. Le taux de chômage des ingénieurs s'établit à 2,3 % en 2023, et 70 % des recruteurs peinent à embaucher. D'ici 2035, la réindustrialisation nécessitera 104 000 ingénieurs et 130 000 techniciens supplémentaires. Le secteur numérique devra former 130 000 professionnels par an (contre 70 000 aujourd'hui), tandis que le nucléaire recrutera 100 000 personnes dans la décennie. Toujours selon le rapport, la démographie française aggrave la crise : une baisse de 20 % des diplômés scientifiques est attendue d'ici 2035. Les filières peinent à séduire, avec une chute de 11,5 % des inscriptions en écoles d'ingénieurs en 2023. Les femmes n'y représentent que 30 % des effectifs, et l'attractivité internationale de la France en sciences a reculé de la 4e à la 7e place mondiale entre 2015 et 2022. Selon les estimations des auteurs du rapport, un budget estimé à 442 millions d'euros pour les masters et ingénieurs pourrait être couvert par une hausse ciblée des frais de scolarité, sans impact sur les finances publiques. Ce déficit de compétences menace la croissance et le modèle social français. Les talents tunisiens, reconnus pour leur formation et leur expertise, représentent une opportunité pour combler ce manque.