On reconnaît à certains joueurs le talent, mais on attend encore la confirmation... A quelques semaines de la CAN 2017, l'équipe de Tunisie n'a pas encore de certitudes. Pour ses deux dernières sorties, elle a alterné le bon et le moins bon. Elle a marqué des buts sur actions et efforts à la fois collectifs et individuels, elle s'est créé de bonnes occasions, certains de ses joueurs ont su se montrer costauds. Elle s'est doté des espaces et de la maîtrise. C'était important de gagner et de convaincre contre la sélection de Catalogne. Il n'y en avait pas de plus rassurant pour la confiance, pour le mental. Mais ce n'était point suffisant pour persévérer et continuer sur la même lancée lors du deuxième match contre la sélection du Pays Basque. Défense vulnérable, bataille perdue au milieu de terrain, silence en attaque. La sélection n'arrivait pas à rééditer la prestation qu'elle avait laissé entrevoir deux jours auparavant. Cela se traduit essentiellement par une fragilité aussi bien mentale que physique. Il faut dire que c'est toute une stratégie et un programme de travail qui sont à prendre en considération et qui devraient permettre à l'équipe de se maintenir dans le haut niveau. La sélection est encore loin de ses ambitions et de ses objectifs, notamment par rapport à tout ce qu'elle laisse entrevoir d'un match à l'autre. Beaucoup de choses restent encore à faire même si le temps ne le permet pas vraiment. Il n'empêche et l'on ne cessera jamais de répéter que le jeu et l'inspiration devraient prendre le dessus sur les contraintes et les obligations liées de résultats. Si l'équipe de Tunisie n'a pas encore atteint le niveau escompté, notamment avant une épreuve aussi dure que la CAN, l'espoir est toujours permis. L'on sait que la vie n'est plus un long fleuve tranquille pour la plupart des sélections. Rien n'est plus comme avant pour celles qui revendiquent un statut spécial. Les grandes équipes africaines, les grands joueurs, les grands entraîneurs aussi, n'ont plus les mêmes noms, encore moins la même vocation. L'enlisement est généralisé et l'émergence de nouvelles équipes, de nouveaux prétendants semblent de plus en plus conditionner le football africain. Il est où le malaise ? Kasperczak et ses joueurs savent parfaitement que pour faire un bon parcours au Gabon, il faut sortir le grand jeu. Il faut de toute évidence une véritable ligne de conduite sur le terrain, une raison d'être. Du jeu, de l'inspiration, mais aussi de la rigueur. Il faut dire que depuis une bonne période, la sélection se trouvait dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet de jeu valables. Dans le sillage d'une équipe ordinaire, elle s'est habituée au moindre effort. Elle a oublié la générosité et le surpassement dans l'effort. Les grandes victoires et les exploits. Pis : le risque d'être perçu comme un perdant ne semble plus secouer les consciences. Cela défie de nombreuses logiques. Surtout celles des équipes qui se respectent et qui ont non seulement un passé, mais aussi un présent et un avenir à défendre et à protéger. Les joueurs et le staff technique auraient ainsi besoin de comprendre que le parcours de la sélection en lui-même ne peut être que la conséquence de toute une série d'attitudes et de valeurs à adapter. C'est l'issue inévitable d'une sélection qui devrait aspirer à un nouveau statut. D'ailleurs si les problèmes sont connus par tous, les solutions deviennent aujourd'hui inévitables, notamment au vu des dérapages qui n'en finissent pas de la part de certains joueurs... On aurait aimé que la rencontre face à la sélection de Catalogne puisse servir à l'émergence d'un nouveau mode de jeu, d'un état d'esprit encore plus conquérant. Qu'elle inspire et qu'elle permette à ceux qui le désirent de connaître et de s'adapter aux véritables réalités du terrain. Mais jusque-là et à la veille du grand rendez-vous de la CAN, la sélection alterne encore le mauvais et l'inquiétant. L'étau se resserre sur une équipe qui n'arrive pas à trouver un peu d'air dans son jeu. Les différentes parties prenantes ne donnent pas l'impression de pouvoir remédier à une situation devenue insoutenable. On a beau vouloir s'inscrire dans une alternative de rigueur, les bonnes solutions, les vraies, tardent encore à prendre forme. Des changements dans le choix des joueurs, dans la stratégie, dans les rôles sont encore nécessaires tant qu'on n'a pas trouvé la bonne formule et tant que l'équipe tarde à rebondir. Des changements, ou plutôt des rectifications, s'imposent d'eux-mêmes. Encore une fois, nous osons dire que l'espoir est permis. Il y va de la crédibilité de l'équipe. Celle-ci tarde visiblement à se lancer sur la bonne voie et à rentrer dans la cour des grands. Son rendement n'a pas atteint jusqu'ici la régularité et l'excellence souhaitées. Celles qui devraient justement lui permettre d'accéder à un palier supérieur. On reconnaît à certains joueurs le talent, mais on attend encore la confirmation.