Ce que la sélection laisse entrevoir et ce qu'elle accomplit sur le terrain n'entrent pas dans le jeu le plus dynamique qui soit offert, mais quelque part ça devrait tenir. Bien sûr, outre mesure... La réalité des chiffres contraint à la nuance. Un match nul contraignant pour la Tunisie et une victoire prometteuse pour le Nigeria lors de la première journée du CHAN. Soit deux points séparant déjà les deux équipes. Les détails ternissent un peu le constat. Le gâchis de la sélection tunisienne est tel que la victoire face à la Guinée est largement à sa portée. Si les débuts de la sélection dans cette nouvelle édition du CHAN étaient pratiquement délicats, les intentions et les promesses ne servent à rien si on ne leur donne pas corps pour le reste de la compétition. Contrainte de batailler encore et encore, compte tenu d'un effectif qui ne lui permet pas de tourner autant que le font les véritables prétendants au titre et composé de joueurs qui n'arrivent pas à se libérer, elle n'a plus aujourd'hui qu'une seule alternative: afficher la forme des grands jours en dépit de toutes les contraintes liées aux exigences de résultat, de concrétisation et d'efficacité. Forcément, la sélection a déjà une idée de ce à quoi ressemblera le match de cet après-midi devant le Nigeria. Et peut déjà se poser certaines questions, ou encore appréhender son avenir dans cette compétition. Sa participation, jusque- là décevante, au CHAN risque de virer à la catastrophe en cas de deuxième défaite. Même un match nul peut ne pas suffire pour continuer la route. En plus de la pression inhérente à un match couperet, la perspective que le résultat pourrait déterminer la suite des événements. Oui, ne pas avoir tué le match face à la Guinée va encore peser sur la suite de l'épreuve. Il apparaît bien ainsi en définitive ce qui est, pour le moment, le réel handicap de la sélection: l'efficacité offensive et la solidité défensive. Contrairement à certaines équipes, notamment celles qui prétendent à la suprématie sur l'Afrique, la sélection n'est pas toujours en mesure de trancher au moment voulu. Et à bien y regarder, il faudrait mieux en effet qu'elle se renforce encore si elle veut pouvoir continuer le CHAN avec le plus de garanties possibles. Faute de quoi, la chute pourrait être très douloureuse. Une bonne prestation n'est certainement pas suffisante pour effacer toutes celles qui l'ont précédée. Mais il devrait y avoir autant d'éléments, peut-être bien d'atouts qui offriraient plus d'alternatives, même si le tableau de marche ne colle pas avec les ambitions d'une équipe qui a encore le souvenir de l'édition de 2011. On aurait pu être plus épargnés, mieux favorisés, mais on ne l'a pas fait. En dépit de très grosses occasions. C'est là qu'on doit progresser, se revendiquer. A plus forte raison, on s'inquiète au vu de la dernière prestation. Au vu aussi du rendement de bon nombre de joueurs qui sont loin de répondre aux aspirations. L'accent pourrait de ce fait être mis sur la bonne récupération et la force mentale afin d'affronter le Nigeria dans les meilleures conditions possibles. Car on le sait très bien, un but concédé, une mauvaise surprise, quelle que soit son origine, pourraient plonger toute l'équipe dans une spirale négative. On ne badine pas avec le mental. Dépendance au risque Désormais, Hatem Missaoui et ses joueurs n'ont pas le choix. Ça passe ou ça casse. Sans droit, en plus, à l'erreur. Sans trembler aussi et surtout. Dos au mur, la sélection bouge encore. Certaines réformes, qu'on souhaite mener cet après-midi face au Nigeria, sont non négociables et relèvent de la survie de l'équipe. Si les choix adoptés ces derniers temps sont fortement discutés, parce que discutables, l'absence de stratégie et de programme de travail, que ce soit à court ou à long terme, l'est encore davantage. Les travers, les insuffisances sont nombreux et bien connus au sein d'une sélection la plupart du temps en manque d'inspiration et aussi de réflexion : incompétence, manque de légitimité, et dans tous les cas de figure fragilité de la plupart de ceux qui y sont associés d'une manière ou d'une autre. Au-delà des différentes contraintes, l'on n'hésite pas à penser que l'urgence réside aujourd'hui dans la nécessité de trouver les joueurs capables de faire prendre la mayonnaise et de trouver la bonne alchimie face aux différentes exigences. Dans son expression collective et dans le message qu'elle devrait désormais s'efforcer de délivrer, l'équipe de Tunisie devrait rompre avec ses maux traditionnels, enfouis il est vrai au plus profond d'elle-même. Elle devrait s'orienter vers de nouvelles tendances de nature à relooker son style, à étoffer son registre, en y ajoutant d'autres valeurs et d'autres atouts. Ce qu'elle laisse entrevoir aujourd'hui et ce qu'elle accomplit sur le terrain n'entrent pas certes dans le jeu le plus dynamique qui soit offert, mais quelque part ça devrait tenir outre mesure...