Une génération de champions éclôt, mais encore du chemin à faire pour un «output» de qualité qui dure. Les Jeux olympiques de Rio ont marqué de fait une période et une ère et annoncé une autre. C'est la fin d'un cycle de certains champions médaillables à l'échelle mondiale, et le début d'un cycle pour d'autres jeunes qui attendent que «le système» leur fournisse les moyens pour leur réussite. Des champions qui s'en vont, d'autres qui débarquent, c'est la loi du sport et de la vie aussi. Mais force est de constater que la politique de l'Etat en élite et le système de procédures, de méthodes et de normes qui gèrent la production des champions de demain restent pratiquement les mêmes avec toute l'inefficacité, l'injustice même que cela engendre depuis des années. L'industrie de production des champions de demain est quelque part conservatrice et défaillante. C'est là toute l'incohérence du système du sport en Tunisie. Certains s'apprêtent à quitter... Des athlètes comme Oussama Mellouli, Habiba Ghribi, Fayçal Jaballah ont déçu lors des derniers Jeux olympiques. Par rapport aux attentes, à la qualité de leur prestation et aussi aux budgets qui leur ont été alloués, leur participation aux Jeux olympiques reste «historique». La fin d'un cycle pour des noms qu'on a longtemps aimés et soutenus, il faut penser à laisser la place aux autres. Ce n'est pas un veto, ce n'est pas de l'ingratitude, mais plutôt la reconnaissance d'une nouvelle génération qui a besoin de financement et de suivi sportif de haut niveau. Il y a de la place pour tout le monde en sport, mais quand il s'agit de l'élite, des budgets limités, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Pas de sentiments à faire pour l'argent du contribuable. Il y a des athlètes qui montent doucement, et qui ont droit eux aussi à un intérêt de haut niveau. Les Farès Ferjani, Chiraz Bechri, Aziz Dougaz, ajoutés à Oussama Oueslati, Maroua Amri et d'autres «nouveaux» champions ont droit à une place au soleil. A leur droit de jouer le haut niveau dans des conditions motivantes. Quelles procédures ? Ce système et cette politique de l'élite en sport mettent-ils tous les moyens nécessaires et optimisent-ils les ressources potentielles en sport tunisien? On ne le pense pas du tout. Au contraire, découvrir, suivre, préparer, financer et évaluer les champions et les athlètes du haut niveau sont une opération complexe qui mobilise beaucoup de compétences et coûte, par conséquent, très cher. On a eu beaucoup de champions «grillés» par leurs clubs et surtout pas leurs fédérations. Il n'y a pas les finances et les budgets qu'il faut pour répondre aux attentes et aux exigences du haut niveau international. Malheureusement, le système de l'élite tunisien manque de gens et de procédures capables de bien ramener les athlètes au premier rang. Ce sont encore et toujours les mêmes rouages au ministère des Sports et dans les fédérations qui gèrent l'élite en toute subjectivité. Avec ces procédures qui manquent de «l'autorité» qu'il faut pour ne pas tomber dans le «deux poids deux mesures». Ce qui s'est passé lors de la préparation des derniers JO, et malgré les progrès réalisés, a montré que les interférences, la pression de certains athlètes et de leurs agents, ont fait que les budgets soient mal affectés. Quand on n'a pas de procédures «transparentes» et quand on ne croit pas encore en l'évaluation, de l'argent est «dilapidé» sur certains noms sans que l'on rende compte de ce qui a été fait. On a intérêt à revoir cette politique injuste d'élite et personnifiée de l'élite. Ces jeunes athlètes, qui percent, risquent de se perdre à mi-chemin. Ils risquent surtout de voir leurs vœux et rêves brisés sur la muraille de l'indifférence et de la complaisance. Si le ministère des Sports, représentant l'autorité suprême, ne laisse pas tomber ces procédures actuelles, ces jeunes révélations vont tant souffrir. Moyens, vision et encadrement... Produire des champions pour demain est une opération complexe. Le résultat n'est pas garanti dans ce domaine. On a envie que ces noms qui percent soient d'abord bien entourés pour pouvoir progresser et confirmer leurs intentions de jouer au même niveau que les champions mondiaux. C'est important qu'ils aient des gens professionnels pour les accompagner et planifier leurs carrières. Ils doivent également avoir une vision large et globale, et arrêter de penser continent africain et monde arabe. Les présidents de fédérations, qui cherchent à protéger leur pouvoir, aimeraient que leurs athlètes aient la vision en Afrique et dans le monde arabe, là où la compétition est faible. Regarder plus haut, plus loin est le début du chemin pour un champion. Tout cela par des moyens énormes vu l'inflation des coûts dans le monde entier. L'Etat reste le premier responsable pour fournir les moyens, mais à lui seul, il reste incapable. Le chemin au financement et la mobilisation des fonds, essentiellement le sponsoring et les droits d'image, sont une obligation aujourd'hui. Protégeons les champions de demain, préparons-leur un cadre idéal pour qu'ils s'expriment!