Le ministère des Sports et le Cnot, bailleurs de fonds principaux, auront-ils l'audace de mettre fin à la subjectivité et aux deux poids deux mesures que l'on vit depuis des années Les Jeux olympiques de Rio, on en parle encore et toujours. Les trois médailles de bronze, aussi importantes qu'elles soient, ne sauront, en tout cas, atténuer la déception d'un large public qui attendait mieux de la part d'athlètes bien gâtés qui ont si déçu par leurs petites prestations, à l'image d'Oussama Mellouli, Habiba Ghribi, Fayçal Jaballah, Nihel Cheikhrouhou, ou la sélection de handball. Le débat qui se poursuit jusqu'à maintenant sur les coûts de la préparation de ces athlètes et leur bilan faible bascule vers un règlement de comptes. Et comme notre sport est, depuis des dizaines d'années, une scène de bras de fer et de guerres politiques et de personnes, ce débat doit bien évoluer. On ne va pas rester après deux mois presque à crier au scandale parce qu'un athlète qui a eu un budget élevé n'est même pas en finale ou qu'il a eu un très mauvais classement. Il est tout à fait fondé d'octroyer des subventions, par souci de transparence, et de responsabiliser ces athlètes, et leurs staffs qui ont tout fait pour leurrer l'opinion sportive sur leurs potentialités. Ceci on le comprend, il n'est pas normal que des athlètes qui ont ramené des médailles n'ont pas eu le cinquième de ceux qui ont déçu. Mais on pense que le débat doit avancer et doit aboutir sur des propositions concrètes qui permettent de mieux analyser le dossier de l'élite. Il y a un cycle olympique de 4 ans qui s'ouvre : des champions qui doivent (oui doivent) quitter et ne plus bénéficier des largesses budgétaires du ministère des Sports, et d'autres nouveaux talents et des champions, qui ont déjà fait leurs preuves, doivent être promus et mis en valeur en termes d'encadrement et de financement. Cela doit être étudié maintenant et non dans trois ans quand le temps ne suffira plus pour atteindre le palier olympique. Il n'y aura pas que les Jeux olympiques 2020, il y aura aussi des championnats du monde et des compétitions africaines où la performance vaut énormément. C'est au ministère des Sports, qui reste le premier bailleur de fonds de ces sportifs d'élite, et au Cnot, qui finance la préparation olympique via les bourses olympiques, de se mettre d'accord à temps sur des procédés objectifs de sélection des athlètes à financer et à encadrer en vue des grandes manifestations olympiques et internationales. On ne peut plus répartir les budgets d'élite aux fédérations sportives sans la moindre responsabilisation et la détermination d'une grille de critères objectifs qui coupent court avec les deux poids deux mesures du passé. «Lobbying»... Sans entrer dans le détail, nous savons et vous savez que ce n'est pas la valeur de l'athlète qui a seulement compté dans l'allocation des budgets pour Rio, mais il y a eu aussi d'autres impondérables tels que le «lobbying», le poids du manager des athlètes auprès du ministère des Sports (on compte déjà quelqu'un qui représente deux grands champions et qui a fait partie de la commission de préparation olympique!) et aussi de la médiatisation. Aujourd'hui, Oussama Mellouli et Habiba Ghribi, par exemple, qui restent deux champions qui ont beaucoup donné au sport tunisien, mais qui ont été bien gâtés par rapport aux autres, ne peuvent pas être ciblés par un cycle olympique, âge oblige. Cela n'a rien de personnel, mais c'est une question objective, et qui ne demande aucune interprétation ou détournement politique. Demain, c'est pour une nouvelle race de champions qui a le facteur âge favorable et qui a démontré que même avec peu de moyens, on peut gagner des médailles. C'est le tabou qu'on doit briser le plus vite possible. Cela ne doit pas être géré selon les noms, mais plutôt selon la qualité et surtout la marge de progression et la capacité de gagner le jour J. Les noms médiatisés n'ont rien apporté, les gâtés ont déçu, alors que ceux qui ont travaillé en silence ou avec humilité et surtout avec les moyens du bord, ont brillé. Boubakri, Oueslati et Amri sont trois exemples révélateurs de l'élite en Tunisie. La disparité dans la répartition des moyens a créé une «injustice» qui doit être vite réparée. Un champion qui a un président de fédération peu influent, ou qui a des problèmes avec le ministère des Sports, ne doit pas en faire les frais. Une petite mais «dangereuse» information a circulé ces derniers temps selon laquelle Mellouli a eu la promesse de Majdouline Cherni, ministre des Sports, pour conserver son budget jusqu'aux JO de Tokyo. Sur quelle base cela a été fait (si l'information s'avère fondée)? Suffit-il d'un petit entretien protocolaire pour bénéficier d'un budget alors qu'on est en fin de carrière? Cela reflète, dans tous les cas de figure, une attitude «personnifiée» de la gestion de l'élite. Et on sait bien ce que le «favoritisme» et «l'injustice» ont fait à notre sport.