Aucune vision encore proposée pour repenser un système biaisé et amateur Les JO de Londres, on en parle encore et on ne finira pas d'en parler. L'or et le bronze de Oussama Mellouli et l'argent de Habiba Ghribi, aussi précieux et fantastiques qu'ils sont, peuvent-ils cacher un sentiment de déception qui gagne tout un chacun ? On peut nous dire que la participation tunisienne est honnête et qu'elle n'est pas catastrophique par rapport aux autres et par rapport à nos moyens. On ne peut pas dire le contraire, mais trois médailles glanées, est-ce suffisant pour dire que notre sport va bien ? Dans tout ce qui se discute ces jours-ci, dans tout ce qu'on entend de la bouche des dirigeants et des entraîneurs, il y a énormément de contradictions et de non-sens. Malheureusement, du ministère des Sports aux fédérations en passant par les athlètes eux-mêmes, le raisonnement n'est pas cohérent du tout. On se trompe même de débat. Ce qu'on entend, ce ne sont que des accusations croisées entre tout le monde. Les athlètes s'en prennent au ministère des Sports (agent représentant de l'Etat) à leurs fédérations pour manque de moyens et de préparation. Ils ont raison en partie, surtout pour ceux qui sont dans la peau de champion. Mellouli, Ghribi, O. Jabeur, Jaziri, Boubakri, ce sont des champions qui peuvent encore gagner. Malheureusement, ceux qui ont réussi le doivent techniquement à un encadrement étranger. C'est l'amère réalité ! Une petite remarque, même si on a gagné des médailles olympiques, on n'a pas le droit de ridiculiser ceux qui gèrent le sport même s'ils sont défaillants. Pour un pays en voie de développement, l'Etat ne peut tout fournir. Le mérite du champion est là, mais il y a des limites à tout! N'est-ce pas Mellouli?! Le ministère des Sports renvoie l'ascenseur aux fédérations, coupables à ses yeux de mauvaise préparation et de gestion quelconque. Faute de programmes ciblés, faute de suivi et de compétences techniques, le ministère ne peut pas débourser le peu de moyens dont il dispose (l'argent du contribuable) sur des projets mal définis. Mais même au niveau du ministère, a-t-on vraiment les connaissances et la pratique pour préparer un champion olympique? Il y en a ceux qui ont passé des années dans des postes-clefs sans aucun apport. Est-il concevable qu'ils soient encore là? Pour les fédérations, nous sommes conscients de leur impuissance. Regardez comment fonctionnent les bureaux fédéraux et les directeurs techniques et vous comprendrez le grand mensonge dans lequel nous vivons encore. Quand, vous voyez des fédérations qui tournent avec trois personnes alors que les membres fédéraux s'évaporent deux mois après les élections, quand vous voyez des présidents de fédérations qui n'ont rien à voir avec le sport nous écœurer avec leurs discours et leurs «théories», vous comprendrez pourquoi notre sport se comporte comme cela. Il y a un élément que l'on ne veut pas admettre en Tunisie: nous n'avons pas un sport performant. Assez de ce mensonge qui a duré 23 ans (plus encore) ! Alors que les autres pays ont avancé en sport, nous restons otages des gloires du passé en niant la réalité. Les autres ont avancé, nous sommes restés là. Nous avons même reculé. Infrastructure, planification, financement, organisation du travail, coordination entre ministère et fédérations, rôle du Cnot (qui reste encore loin de ce qu'on attend de lui)... voilà ce qu'on doit débattre et préciser. Le schéma actuel n'est pas en mesure de donner plus. Tout le système est à revoir. Ce sont les hommes qui restent la pièce maîtresse dans un projet de réforme. Malheureusement, on doit composer avec des présidents de fédérations aux réflexes RCdistes et qui veulent se faire une virginité sportive après tant d'années de complaisance. On doit attendre aussi que les techniciens tunisiens apprennent encore et se mettent à l'heure du haut niveau. Mais il y a encore de l'espoir. Les connaisseurs en sport sont là, ils attendent qu'on leur fasse appel en valeur. Les JO du Brésil 2016, c'est demain, ne perdons plus de temps !