La prise en charge médicale d'un footballeur d'élite : il n'y a pas mieux que le médecin de la sélection nationale pour en parler «Traiter une blessure et gérer l'après-blessure demande beaucoup de savoir-faire médical, paramédical et technique pour que le sportif, le footballeur en particulier, puisse retrouver la plénitude de ses moyens et redevenir aussi performant qu'avant cette blessure. Mais avant de parler de traitement de la blessure et des étapes qui devraient s'ensuivre, j'aimerais d'abord dire quelques mots sur la prévention car, si on prend le soin de prendre certaines précautions au niveau de la préparation du footballeur, bien des bobos pourraient être évités pour l'intérêt du sportif lui-même, pour l'équipe et pour la trésorerie du club. Pour ce faire, le staff technique se doit de travailler, tout le temps, en collaboration avec le staff médical qui est le seul habilité à jauger les potentialités physiques réelles de chaque joueur. Le dosage à l'entraînement, que ce soit collectif ou individuel, doit se faire en concertation avec le staff médical. C'est tout un travail scientifique qui doit être programmé et mis en place collégialement. Maintenant, sur le plan infrastructure et équipements, la Tunisie n'a pas trop à envier les pays européens. Les centres médico-sportifs existent un peu partout à Tunis, Sousse, Sfax, Kairouan, Gafsa et Nabeul. En revanche, l'état des pelouses de la plupart des terrains et la négligence au niveau du port de chaussures cramponnées adéquates et de protège-tibias laissent beaucoup à désirer. C'est souvent la cause principale des blessures plus ou moins graves susceptibles d'être évitées avec un peu plus d'effort et de sérieux. Mais une fois la bessure contractée, il y a lieu de suivre tout un planning pour permettre au footballeur d'atteindre la bonne réathlétisation qui se trouve être en quatrième position de toute la démarche curative à suivre. En effet, après le bon diagnostic à l'aide des appareils spécifiques indiqués pour chaque nature de blessure, qui est, à mon avis, l'étape la plus cruciale de la prise en charge du sportif blessé, on prodigue les soins qu'il faut, y compris la chirurgie dans plusieurs cas. Mais quelle que soit la nature des soins prescrits, et si la période d'arrêt des activités du footballeur dépasse les quinze jours, la préparation de ce dernier susceptible de lui permettre de reprendre la compétition doit absolument être reprise à zéro, comme s'il s'agissait de la préparation d'intersaison, c'est-à-dire avec tout ce que cela comprend comme étapes évolutives et charge de travail. Faute de quoi, le spectre de la rechute n'est pas totalement chassé. Le football, en particulier, est un sport de «pivotation» et de sollicitation de toutes les structures du corps, chose qu'il faut toujours prendre en compte dans le travail médical et paramédical de réhabilitation. Pour atteindre la bonne réathlétisation, il faut passer par les trois étapes précédentes d'un processus à suivre et à respecter scrupuleusement. Il y a d'abord la rééducation effectuée par le kiné à suivre de près par le médecin et qui doit être établie selon un protocole minutieusement adapté au cas du blessé. Viennent ensuite les deux étapes respectives de la réhabilitation et de la réadaptation qui sont l'apanage du staff technique. Il faut être contrôlé jusqu'à la fin par le médecin qui reste normalement le seul habilité à donner le feu vert du retour à la compétition. Toutefois, à ce niveau, on bute souvent sur l'entêtement soit de l'entraîneur, soit du joueur, soit des deux à la fois qui n'hésitent pas à interrompre le processus avant son terme. Et c'est là que le joueur s'expose réellement au risque de rechute, voire à celui des complications parfois irréversibles. Donc, si on suit toutes les consignes du médecin avec professionnalisme, la gestion de l'après-blessure se passe dans les meilleures conditions et aboutit à la parfaite réhabilitation ou plutôt réathlétisation du joueur».