Au-delà des acquis, le rapport relève des défis de taille, notamment ceux liés aux droits à l'emploi, au développement régional équilibré, au logement décent, à une santé de qualité et à une école publique réellement généralisée et gratuite Dans les délais, la Tunisie vient de déposer, auprès du Hcdh, son 3e rapport périodique sur les droits de l'Homme (2012-2016) pour être examiné et discuté, en mai prochain, au siège du Conseil des droits de l'Homme à Genève, en Suisse. En fait, sa réalisation par la commission nationale permanente de coordination, d'élaboration et de présentation des rapports et de suivi des recommandations en la matière, créée en 2015, s'inscrit dans le droit fil du respect des engagements internationaux de la Tunisie à cet égard. Ce travail est le fruit d'un effort collégial fourni par les différentes instances indépendantes constitutionnelles et les forces vives de la société civile qui n'ont point hésité à donner avis et propositions sur les questions liées aux enjeux et problématiques des droits de l'Homme en Tunisie. Cette approche participative a été traduite par une série de consultations régionales ayant abouti, le 20 janvier dernier, à une rencontre nationale dans la capitale autour du contenu du rapport, ses tenants et ses aboutissants. Mais, ce dernier ne fut, qu'une première mouture qui devait et méritait d'être peaufinée et bien ficelée. Il y a quelques jours, sa copie finale a été finalisée et rendue publique. Et c'est en soi un exploit, car sa publication n'a, jamais, été autorisée. Sous nos cieux, la vérité sur l'état des droits de l'Homme a été, des décennies durant, complètement camouflée. En parler était un grand tabou. Approche participative Aujourd'hui que les dés sont jetés, cette question continue à faire débat, et nul n'est resté indifférent. Cela explique bien l'implication de plusieurs parties prenantes dans le marathon des concertations, récemment conduit sous l'égide de M. Mehdi Ben Gharbia, ministre des Relations avec les instances constitutionnelles, la Société civile et les droits de l'Homme. Le souci étant de faire un tour d'horizon de la question et favoriser, à ce sujet, un échange interactif d'idées et de visions. L'objectif est d'en tenir à l'essentiel, à même de cerner les problèmes et les défaillances évoqués. Et c'est ainsi qu'on sait où l'on est et vers où on peut aller. En quoi consiste, globalement, l'objet dudit rapport dont la méthodologie adoptée alterne l'enjeu gagné et le défi à relever, sur la voie de démocratisation des droits humains et de leur préservation. Présenté dans ses moindres détails, le cadre législatif et institutionnel régissant les droits de l'Homme demeure inachevé, bien que de multiples garde-fous constitutionnels, atouts conventionnels et mécanismes de prévention et de protection soient garantis. L'on cite, ici, outre les traités et protocoles internationaux pour le renforcement des droits de l'Homme en tant qu'un tout indivisible, la réforme judiciaire en cours, la révision du code et procédures pénales, l'Instance nationale de prévention de la torture, l'Isie, la Haica, l'IVD, la loi sur le droit d'accès à l'information, l'égalité entre homme-femme, la lutte contre la discrimination raciale et bien d'autres acquis requis. N'empêche, qu'on relève, dans le même rapport, d'autres défis de taille, notamment ceux liés aux droits à l'emploi, au développement régional équilibré, au logement décent, à une santé de qualité et à une école publique réellement généralisée et gratuite. Parallèlement, la société civile, réunie en front uni, aura, elle aussi, son mot à dire à ce propos. Elle présentera, à Genève, son propre rapport alternatif sur la situation des droits de l'Homme dans le pays. Somme toute, ce 3e rapport périodique semble rendre compte des attentes nationales et des aspirations citoyennes quant à une nouvelle vision gouvernementale plus juste, humaniste et efficace qu'elle fait des droits de l'Homme sa devise démocratique.