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«Une loi sur l'accueil des réfugiés verra prochainement le jour» Nebil Benbekhti, attaché principal de protection au bureau de Tunis du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés
A l'occasion de la rencontre organisée par le bureau de Tunis du Haut commissariat pour les réfugiés, La Presse s'est entretenu avec M. Nebil Benbekhti, attaché principal de protection au bureau du HCR de Tunis. Avec lui, nous avons évoqué la situation des réfugiés en Tunisie, ainsi que les ambitions de l'Organisation onusienne pour 2017. Il a déclaré qu'une loi sur l'accueil des demandeurs d'asile verra prochainement le jour en Tunisie Quels sont les chiffres clés de la situation des réfugiés en Tunisie ? Avant 2011, il y avait une centaine de réfugiés enregistrés. C'était majoritairement des Palestiniens de l'époque de l'OLP, quelques Algériens des années 1990 et quelques autres nationalités subsahariennes. Après 2011, évidemment, il y a eu la crise exceptionnelle dans le sud tunisien. Et les 4.000 réfugiés accueillis, notamment dans le camp des réfugiés de Choucha, ont été pour la grande majorité réinstallés à l'étranger. Compte tenu du contexte, la Tunisie ne pouvait pas les accueillir. Aujourd'hui nous sommes à plus de 600 réfugiés (23 nationalités, ndlr) et demandeurs d'asile et, évidemment, la crise dans la région du Moyen-Orient a un impact puisque la majorité de ces personnes, 500 précisément, sont des Syriens. Quelles sont vos ambitions pour 2017 ? Tout d'abord, nous visons à continuer ce que nous avons commencé en Tunisie depuis 2011 suite à la gestion de la crise libyenne. La Tunisie a sollicité notre expertise pour mettre en place un système d'asile national. Et, conformément à notre mandat, nous avons apporté cette expertise et depuis 2012, un texte juridique est en cours d'élaboration pour permettre à la Tunisie de s'occuper des réfugiés présents sur son territoire. La Tunisie pourrait donc devenir une terre d'asile pour les réfugiés ? La Tunisie est déjà une terre d'asile. Il y a aujourd'hui environ 700 réfugiés et demandeurs d'asile. Seulement, il manque un statut juridique qui permette à ces personnes d'accéder à un séjour formel et de pouvoir mener les actes de la vie courante que tout un chacun est en droit de faire en Tunisie. Il s'agit donc d'institutionnaliser un système d'asile ? Tout à fait, et le travail a déjà commencé. L'article 26 de la Constitution de 2014 prévoit la protection du droit d'asile à travers une législation, la signature et la ratification de la convention de Genève qui est le texte international qui réglemente le sujet, et aussi une preuve de cette volonté de faire cet effort. Je dirai que 80% du travail est là, puisque des réfugiés sont sur le territoire, ils bénéficient d'une assistance que nous leur donnons et tentent de leur côté de trouver des activités génératrices de revenus, mais il manque ce petit statut juridique. Petit mais à grand effet, puisqu'il leur permettra d'avoir un séjour légal en Tunisie. Quand est-ce que ce projet de loi sera finalisé ? Tout dépend du processus de finalisation. Le projet est actuellement au niveau de la présidence du gouvernement, et c'est bien évidemment le Conseil des ministres qui statuera sur le texte avant de le soumettre à l'Assemblée des représentants du peuple. Est-ce que la promulgation de cette loi ne ferait pas de la Tunisie une plaque tournante pour les migrants qui voudraient se rendre en Europe ? Il faut distinguer deux choses : la mise en place d'un système en Tunisie pour gérer le peu de cas qui finalement se présentent et la crise migratoire libyenne. Ce sont deux choses complètement différentes. Le citoyen doit faire confiance à son gouvernement pour protéger ces intérêts et le chef du gouvernement tunisien l'a fait devant un partenaire aussi important que l'Allemagne. A l'occasion de la visite de Yousef Chahed en Allemagne, il y a eu une polémique à propos d'un éventuel camp de réfugiés qui serait mis en place en Tunisie, quel est votre avis ? C'est très important de clarifier cela et d'entrer sans complexe dans ce débat. L'Unhcr n'a aucune position officielle sur le sujet. Cette discussion aurait eu lieu entre l'Union européenne, à travers certains de ses Etats membres, et les autorités tunisiennes et, là-dessus, le chef du gouvernement tunisien avait clairement dit, en Allemagne, que cette idée ne pouvait pas être envisagée. Même en Libye d'ailleurs, d'après ce que j'ai constaté, l'UE est consciente que ce n'est pas là une formule qui réglera le problème de la crise migratoire en Méditerranée.