Hier, les instituteurs ont réussi à arracher les revendications qu'ils réclamaient au gouvernement. Aujourd'hui, l'accord sera signé et la grève prévue les 8 et 9 mars devrait être annulée Une éclaircie ou un début d'épilogue pour la crise opposant le ministère de l'Education aux syndicalistes de l'enseignement primaire et secondaire? Hier, une séance de réconciliation s'est tenue au ministère des Affaires sociales et a abouti, selon les premières informations distillées par les syndicalistes, à un accord qui satisfait les principales revendications des instituteurs qui menacent de faire grève, mercredi et jeudi prochains, revendications stipulées dans le préavis de grève déjà soumis au ministère de l'Education. Les revendications des instituteurs portent, en effet, sur la révision du système de la retraite anticipée, l'octroi de bourses universitaires aux enfants des instituteurs, les avancements exceptionnels et le droit de poursuivre les études à l'Institut supérieur de formation continue. «L'accord sera soumis aujourd'hui, lundi 6 mars, à l'approbation de la commission administrative de l'Ugtt. Il sera signé ultérieurement par les syndicalistes», précise Sami Tahri, secrétaire général adjoint et porte-parole de l'Ugtt. Quant à Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, qui a pris part à la réunion de réconciliation, il a tenu à insister «sur la volonté de la centrale ouvrière de trouver des solutions aux problèmes en suspens et de faire réussir l'année scolaire». Un discours qui sent l'apaisement, mais qui n'empêche pas Noureddine Taboubi d'évoquer «le blocage du dialogue avec le ministère de l'Education». Et même si Taboubi ne parle pas directement de Néji Jalloul, ministre de l'Education, dont les instituteurs et les professeurs du secondaire demandent toujours la révocation, il est un fait qui ne devrait pas passer inaperçu. Il s'agit de l'identité des responsables gouvernementaux qui ont pris part à la réunion de réconciliation. En effet, ont parlé au nom du gouvernement Sayed Blel, conseiller de Youssef Chahed chargé des affaires sociales, et Ahmed Zarrouk, secrétaire général du gouvernement et désormais Mr Fonction publique à la suite de la révocation de Abid Briki et de la suppression du ministère de la Fonction publique et de la Gouvernance. Qui a représenté le ministère de l'Education? Selon le communiqué publié, hier, par l'agence TAP, personne ne représentait Néji Jalloul, alors que l'Ugtt était fortement représentée par Hfaïedh Hfaïedh et Sami Tahri secrétaires généraux adjoints de la centrale ouvrière, Mastouri Gammoudi, secrétaire général du Syndicat général de l'enseignement primaire, sans oublier de souligner la symbolique de la participation de Noureddine Taboubi à la réunion en question. Que faut-il saisir de la décision de Youssef Chahed de charger Sayed Blel et Ahmed Zarrouk de dialoguer avec les syndicalistes du primaire épaulés par le SG et deux SG adjoints de leur organisation et de tenir à l'écart Néji Jalloul ou l'un de ses conseillers ? S'agit-il d'un message qui n'est pas trop difficile à déchiffrer selon lequel la prochaine réunion de concertation promise par Youssef Chahed aux signataires du Document de Carthage pourrait décider du sort qui sera réservé à Néji Jalloul ? Beaucoup d'observateurs n'hésitent pas à sauter le pas pour dire que Youssef Chahed ne «commettra plus l'erreur de limoger l'un de ses minsitères sans demander l'avis ou l'aval des signataires du Document de Carthage». Et au moment où Néji Jalloul perdait, par contumace, au siège du ministère des Affaires sociales, la première manche de son combat contre les instituteurs en attendant le deuxième set contre les professeurs du secondaire, les parents d'élèves et les adhérents à l'Association Tunisie libre manifestaient à la Place de La Kasbah pour fustiger «les agissements destructeurs du Syndicat général de l'enseignement secondaire et réclamer le départ de Lassaâd Yacoubi» qu'ils accusent d'agir pour «des intérêts étriqués dictés par des conflits politiques».