Les étals, habituellement généreusement approvisionnés en baguettes, étaient vides dans la plupart des boulangeries L'annonce de fermeture de la majorité les boulangeries de la République pour la journée de lundi 6 mars a été appréhendée différemment par les professionnels du secteur et les citoyens. «Ce n'est pas grave, il n'y a qu'à manger des macaronis ou du couscous», affirme sereinement un ferronnier de la rue Tronja, dont les deux boulangeries traditionnelles ont manifestement baissé pavillon. La plupart des boulangeries du circuit organisé étaient fermées, hier, respectant scrupuleusement l'avis de grève de leur syndicat de base. Les boulangeries anarchiques tirent les marrons du feu, notamment celles qui fabriquent de la tabouna. Celle qui a pignon sur rue au niveau de la rue Ben Dheïfallah a invité les consommateurs à s'approvisionner en pains ronds chauds et moelleux qui ont été cuits dans un four traditionnel . Des passants, hommes comme femmes, attendaient patiemment leur indispensable aliment qui a mis un certain temps à être fourni. «Il faut attendre quinze minutes si vous en voulez !», lance le boulanger aux clients. Les restaurateurs approvisionnés en pain Une petite sandwicherie, non loin de la Banque centrale de Tunis, dispose de tout un étal de petits pains tout chauds, tout frais sur son comptoir. Le propriétaire révèle qu'il a été approvisionné par «une boulangerie qui a décidé de braver la consigne pour livrer ses clients fidèles parmi les restaurants et les fast-foods». Suite à des propos de témoins oculaires, la boulangerie en question qui s'avèrera être celle de la rue Garibaldi a décidé d'ouvrir ses portes pour poursuivre les travaux de réfection qu'elle a démarrés il y a quelques jours. Elle en a profité pour fabriquer du pain qui a été livré dans des sachets noirs en plastique aux clients fidèles parmi les restaurants et les gargotes du coin. Les spécialistes de «chappattis», ces fameux petits pains farcis au fromage et très prisés par les élèves, sont au four et au moulin confectionnant eux-mêmes leur produit phare. Les épiceries connues pour vendre du pain, quant à elles, n'en disposent pas hormis l'une d'elles située à la rue Bach Hamba. A 10h00, elle proposait encore une vingtaine de baguettes à qui voulait bien en acheter. Une boulangerie à Riadh Ennasr a ouvert ses portes dimanche dernier jusqu'à la tombée de la nuit. Aux alentours de 22h00, de nombreuses personnes prudentes ont fait la file, attendant patiemment leur tour pour rentrer avec une dizaine de baguettes sous les bras et dans des sacs en plastique. De célèbres cuisiniers sur les réseaux sociaux ont recommandé aux citoyens de faire leur pain chez eux pour s'habituer à ce genre de débrayage dans l'activité des boulangers. Une autre astuce serait de s'acheter de petits pains précuits trouvés généralement dans les grandes surfaces pour simplifier la vie des mères aux foyers ayant des enfants à charge. Mme Olfa, mère de deux enfants, témoigne : «J'ai acheté du pain tard le dimanche soir. J'en ai pris quatre légèrement rassis et donné deux à ma voisine de palier qui n'est pas au courant de la grève».