Aujourd'hui, mardi 7 mars, les Tunisiens commémorent le 1er anniversaire de la victoire des forces armées et de sécurité sur les terroristes qui voulaient instaurer un émirat daéchiste à Ben Guerdane. Objectif commun : pérenniser la mobilisation citoyenne contre le cancer daéchiste et renouveler la reconnaissance aux vaillantes forces armées et aux patriotes du Sud Il est de tradition que les révolutions réussies et les révolutionnaires qui accèdent au pouvoir à la suite d'une révolution aboutie se donnent la mission de créer des dates symboliques, se forgent aussi des leaders, qu'ils aient réellement dirigé la révolution ou non, et perpétuent la célébration de ces dates ou de ces leaders dans le but de faire perdurer «l'élan révolutionnaire et de créer une légitimité militante qui vire généralement pour devenir historique». Quand Ben Ali a été chassé du palais de Carthage le 14 janvier 2011 et comme il n'y avait aucun leader pouvant s'approprier la paternité du mouvement de contestation et que les leaders politiques sortis de la clandestinité ou revenant de l'exil pour diriger le pays n'ont pas réussi à s'approprier l'image ou la stature de ceux que les Tunisiens attendaient, on a navigué à vue jusqu'à un certain jour du 6 février 2013, le jour où Chokri Belaïd a été assassiné devant son domicile à El Menzah, annonçant ainsi la naissance d'un leader national de la révolution du 17 décembre-14 janvier, un leader dont tous les protagonistes de la scène politique nationale reconnaissent la stature exceptionnelle et lui rendent hommage, y compris ceux qui ont prêché sa mort dans les mosquées. La raison est toute simple : la révolution avait besoin d'un leader et qui mieux qu'un leader mort pouvait remplir le vide? Et Chokri Belaïd d'être décrété héros national reposant aujourd'hui dans le carré des martyrs au cimetière du Jellaz aux côtés du grand Farhat Hached. Sauf que la révolution a aussi besoin d'une journée symbolique à célébrer périodiquement, une journée qui rassemble tous les Tunisiens, toutes tendances politiques et sensibilités intellectuelles confondues. Et cette journée ne pouvait être ni le 23 octobre 2011, date de l'élection de l'Assemblée nationale constituante (ANC), ni le 27 janvier 2014, date de l'adoption de la Constitution dite «la meilleure Constitution du monde», ni également le 26 octobre 2014, date des élections législatives qui ont porté Nida Tounès ou le 26 novembre 2014 quand Béji Caïd Essebsi est élu président de la République. La date symbole est bien le 7 mars 2016, le jour sombre où les daéchistes ont décidé d'attaquer Ben Guerdane pour y instaurer un émirat. Ce jour-là, tous les Tunisiens, en premier lieu les habitants de Ben Guerdane sur lesquels comptaient les daéchistes, ont crié un non unanime au terrorisme, et se sont dressés comme un seul homme pour faire avorter le projet daéchiste en payant de leur sang leur opposition au plan diabolique des daéchistes qui ont perdu ce qu'ils appellent «la conquête de Ben Guerdane». Et le monde entier de saluer ce que les citoyens de Ben Guerdane ont fait pour sauver leur ville de basculer dans le giron daéchiste et pour éviter à la Tunisie de sombrer dans le chaos et l'inconnu. Aujourd'hui, mardi 7 mars, on célèbre, à Ben Guerdane, le 1er anniversaire de cette bataille héroïque qui a marqué le parcours de la Tunisie post-révolution sur la voie de la démocratie et l'éradication du cancer terroriste. Déjà, un programme de festivités (2-7 mars) a été mis en œuvre pour commémorer la victoire des forces armées (soldats et policiers) contre les terroristes et aussi pour rendre hommage aux citoyens de la ville qui ont bravé les balles des terroristes pour prêter main-forte aux sécuritaires et empêcher Ben Guerdane de tomber. Et comme à l'accoutumée, ce sont les organisations et les associations de la société civile dans la ville conduites par l'Union locale du travail relevant de l'Ugtt qui ont élaboré le programme en question. Hier, Mohsen Lachiheb, président de l'Union locale du travail à Ben Guerdane, a annoncé que la journée d'aujourd'hui, mardi 7 mars, est décrétée jour férié pour tous les employés des secteurs public et privé. De son côté, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, est déjà sur place et a annoncé, hier, une série de mesures visant à booster le développement dans la ville. Quant aux festivités qui ont démarré jeudi dernier, elles comportent plusieurs manifestations : des expositions documentaires sur l'épopée de Ben Guerdane, des pièces de théâtre, des visites aux familles des martyrs des institutions militaire et sécuritaire, une soirée de poésie populaire, une visite aux réfugiés africains qui vivent toujours dans ce qui reste des camps qui leur ont été ouverts quand ils ont fui la Libye en 2011, un film documentaire sous le titre «L'épopée de Ben Guerdane, l'épopée des héros», l'animation des rues de la ville et un gala musical que présentera la troupe de la recherche musicale. A la clôture des festivités, on aura droit à un spectacle intitulé «Ben Guerdane, la mère des débuts». Aujourd'hui, mardi 7 mars, sera inauguré le mémorial des martyrs. La clôture des festivités verra l'organisation d'une cérémonie en l'honneur des familles des martyrs et des blessés de la bataille.