Le match a mis en valeur le potentiel technique de l'Etoile et la fragilité de la défense et du milieu clubistes La victoire de l'ESS à Sousse peut être interprétée de plusieurs manières. Elle porte beaucoup d'enseignements, de part et d'autre. La victoire, largement méritée d'une ESS généreuse, et la défaite, largement méritée d'un CA effacé en défense et à l'entrejeu, sont expliquées essentiellement par un fait saillant : il y avait une nette différence de classe entre les Clubistes et les Etoilés. L'ESS était plus compacte, plus consistante et plus astucieuse à l'entrejeu notamment. Pendant 90', l'ESS a déroulé son talent et exercé sa suprématie à tous les niveaux par rapport à un CA qui se cherchait désespérément, pendant 90' sans se retrouver. Ce n'est pas une question de fléchissement, de réussite ou de faveurs arbitrales, mais c'est une question de supériorité. L'ESS de Velud a été meilleure que le CA d'Ellili. Et Hubert Velud a mieux préparé et géré son match que Chiheb Ellili qui, en 3 jours, a essuyé deux défaites, dont il assume une part de responsabilité. La tranquillité de l'ESS... On attendait probablement un duel équilibré entre Etoile et CA. Ce n'était pas le cas pour une raison principale. L'ESS a été dans un grand jour. Après le match controversé et électrique à Sfax, Velud a réussi à mettre de l'ordre dans la maison et à booster son équipe et ses joueurs. Nous l'avons bien senti avant-hier. Tous les joueurs de l'ESS étaient enthousiastes, poussés vers l'avant et capables de gagner leurs duels. La supériorité des Etoilés était évidente à l'entrejeu en premier lieu. Bouezza a été bien servi et soutenu par Bangoura (quel match !), Ben Amor et Lahmar, ce trio récupérateur-relanceur avait tissé «sa toile» pour empêcher Ben Yahia (hors du coup), Dkillali et Ayadi de sortir la balle et pour les obliger à reculer et jouer bas. Le plan de Velud était plus efficace et plus payant grâce, notamment, à une meilleure présence physique. Autant les Etoilés étaient les premiers sur les duels et sur la seconde balle, autant les Clubistes étaient loin et en retard. La machine étoilée, mieux huilée et plus équilibrée, avait fait mal au CA. A aucun moment du match, le CA ne donnait un signe de pouvoir revenir. Cette ESS a retrouvé sa tranquillité, ses valeurs techniques. Avec ce potentiel de joueurs à tous les postes, avec ce concentré de technique individuelle, à l'instar de Bangoura et Lahmar, l'ESS doit jouer les premiers rôles et intimider ses adversaires. Le problème de l'ESS a été toujours l'énervement et le fait de jouer sans réfléchir. Velud semble jouer sur ce point. Il a beaucoup travaillé le côté mental. Le déficit technique... Au CA, cette deuxième défaite de suite en trois jours est venue confirmer un fait : il y a un grand déficit technique, en premier lieu à la défense et à l'entrejeu. La domination de l'ESS était nette grâce à des joueurs plus frais, plus intelligents balle au pied. En trois jours, Chiheb Ellili n'a trouvé aucune solution pour faire redémarrer la machine. Ce n'est pas acceptable de voir un favori, qui veut jouer les premiers rôles, se faire attaquer dès la première minute aussi facilement. La facilité avec laquelle la défense clubiste a été menacée, intrigue ; où sont passés cette rage et ce bloc condensé qui permettaient au CA de faire oublier les limites de Belkhither et Jaziri ? Pourquoi ce jeu lent et prévisible, à l'image de Khelifa, brouillon et inefficace, ou Darragi, doué mais très lent et sans présence athlétique ? En trois jour, le CA a retrouvé ses vieux réflexes d'équipe qui a du mal à rivaliser dans les matches à fort enjeu. Une petite remarque : le mercato hivernal que les dirigeants du CA ont vanté jour et nuit, s'est avéré, dans les moments de vérité, moyen. Ni Kchok, ni Rusiké, ni Dkillali, ni même Darragi n'ont été déterminants dans les deux derniers matches. Outre que la défaite, la manière et la passivité de tous les joueurs mettent en doute la qualité du travail de Chiheb Ellili. C'est un entraîneur qui a mal préparé ses deux derniers matches. Et pourtant, il sait bien ce qu'ils représentent comme enjeu. Il a fait rêver le public du CA, mais une chose est sûre : la réalité du terrain et la qualité des adversaires sont autre chose. Pas facile de concurrencer l'EST ou l'ESS avec la qualité des joueurs actuelle. Et surtout avec les limites techniques qu'on a vues au derby et contre l'ESS.