En janvier 2017, une équipe comptant 1.074 observateurs, dont 59% d'hommes et 41% de femmes, s'est mobilisée pour visiter quelque 2.060 centres de santé de base, soit 97,9% de l'ensemble des centres Le réseau associatif « Mourakiboun » a démarré l'année avec un projet ambitieux qui consiste à déceler toutes les défaillances et les lacunes à combler dans le secteur de la santé publique et plus exactement au niveau des centres de santé de base implantés dans toute la République. Ce projet, dont les travaux s'étalent sur deux ans, bénéficie de l'appui technique et financier aussi bien de l'ambassade du Canada en Tunisie que de l'Institut national démocratique (NDI). Ce dernier y contribue à raison d'une enveloppe de 400 mille dollars. Le Canada, quant à lui, a jusque-là financé la première phase du projet via une enveloppe de l'ordre de 80 mille dinars. Le réseau «Mourakiboun» a organisé, hier à Tunis, une conférence de presse pour présenter le rapport préliminaire concernant la première phase du projet ; un rapport qui décrit, des données chiffrées à l'appui, l'état des lieux des centres de santé de base. Mme Carol Mc Queen, ambassadrice du Canada en Tunisie, a signifié lors de l'ouverture de cette rencontre son enthousiasme de voir la Tunisie évoluer vers des pratiques démocratiques afin d'aller de l'avant. Le présent projet constitue, à son sens, une autre épreuve qui ne peut que traduire la détermination de la Tunisie à mieux développer le secteur de la santé et à le rendre plus en harmonie avec les besoins des citoyens. « Il faut que le gouvernement ait cette qualité démocratique pour permettre aux citoyens et aux membres de la société civile d'effectuer des visites sur terrain dans lesdits centres, ce qui fut », a-t-elle remarqué. Mme Mc Queen a salué l'effort fourni par l'équipe de « Mourakiboun » afin d'élaborer le présent rapport. L'ambassadrice a remarqué non sans émerveillement l'exploitation des réseaux sociaux à cette fin. Le rapport final serait, à son sens, précieux dans la mesure où il éclairera le gouvernement sur les failles à combler et les points de force à consolider dans le secteur de la santé. Oui à la veille citoyenne ! De son côté, Mme Marie-Eve Bilodeau, directrice de l'Institut national démocratique (NDI) en Tunisie, a rappelé que l'Institut soutient « Mourakiboun » dans sa mission d'observance et d'expertise et ce, depuis 2012. Elle a indiqué que le financement des projets axés et sur l'amélioration des services et sur l'encouragement à la veille citoyenne, notamment à quelques mois des élections municipales, acquiert une importance majeure. « Le NDI ne peut que soutenir Mourakiboun dans ces projets d'envergure », a-t-elle ajouté. M. Rafik Halouani, coordinateur général du réseau a pris soin de présenter le rapport en insistant, à chaque fois, sur l'interprétation préliminaire des taux recueillis. En janvier 2017, une équipe comptant 1.074 observateurs, dont 59% hommes et 41% femmes, s'est mobilisée pour visiter quelque 2.060 centres de santé de base, soit 97,9% de l'ensemble desdits centres. Munis d'un livret notifiant une centaine de questions, les observateurs ont réussi à collecter les données et les avis relatifs à l'état des centres de santé de base et à la qualité des prestations administrées au profit de la population. En effet, 59% des centres visités représentent, a priori, une bonne infrastructure générale ; une appréciation justifiée notamment par des fenêtres sécurisées dans 87% des centres et des enceintes protégeant 65% d'entre eux. Cela dit, 35% des interviewés — dont des malades en situation handicapante — jugent difficile l'accès au centre en raison de l'absence d'un passage pour handicapés. L'affichage des services et des prestations fait défaut dans 74% des établissements. 9% des dispensaires sont dépourvus d'eau S'agissant du facteur de l'hygiène, qui demeure relatif, l'on constate que 75% des citoyens le trouvent acceptable, voire bon pour 63% des enquêtés. M. Halouani a souligné que pour mieux déceler les lacunes relatives au manque d'hygiène dans les centres de santé de base, il a fallu poser des questions plus détaillées. Résultat : un tiers des toilettes ne disposent pas de robinets à cause du non-ralliement au réseau de l'eau potable, 54% d'entre elles sont dépourvues de chasse d'eau et 53% ne sont pas dotées de savon ou de tout autre produit hygiénique. Pis encore : 9% des dispensaires, notamment ceux relevant du gouvernorat de Jendouba, sont dépourvus d'eau. «Nous avons recensé moins de 1% des dispensaires qui ne sont pas raccordés au réseau électrique. Nous allons d'ailleurs en remettre la liste au ministère de tutelle », a-t-il précisé. Le présent rapport indique, en outre, que 70% des centres de santé de base disposent d'une pharmacie. Quant au tri des déchets d'activités sanitaires, il est garanti dans 83% des établissements. Cela dit, certaines règles ayant attrait à l'hygiène et au civisme, sont enfreintes malgré l'affichage de consignes strictes. Ainsi, l'interdiction de fumer, et bien qu'elle soit signalée dans 76% des établissements, reste non appliquée à la lettre, puisque 1% des médecins 3% du personnel et 5% des citoyens y fument. C'est fermé jusqu'à dix heures ! S'agissant de la ponctualité du personnel, l'équipe a recensé quelque 189 centres dont les portes sont restées closes jusqu'à 10 heures du matin. Notons, en outre, que la durée moyenne d'une consultation étant de huit minutes, et ce, dans 45% des établissements visités. Dans les gouvernorats de Ben Arous et de l'Ariana, en revanche, elle ne dépasse pas les cinq minutes par patient. M. Halouani a souligné que 44% des salles de vaccination sont dépourvues de chauffages. Quant aux prestations relatives à la santé de la reproduction, elles s'avèrent être manquantes, vu que seuls 24% des centres mettent à la disposition de la population ce service. Il est à noter que le présent rapport ne s'attarde pas sur des données relatives aux ressources humaines exerçant dans les centres de santé de base. Il ne met donc pas en exergue le manque de spécialistes dans les dispensaires, lesquels représentent souvent l'unique acquis de santé publique dans bien des zones rurales et frontalières. M. Halouani a rappelé que la première phase du projet accomplie, le rapport préliminaire sur l'état des lieux des centres de santé de base sera remis au ministère de tutelle. «Nous comptons beaucoup sur les professionnels de la santé que nous sollicitons vivement pour l'analyse des présentes données, en vue d'élaborer des recommandations applicables et salutaires », a-t-il insisté.