L'élevage représente une activité économique importante dans le gouvernorat de Kairouan qui compte environ 23.000 éleveurs et dispose d'un cheptel composé de 420.000 brebis, 38.700 têtes bovines, 34.000 chèvres, 1.000 camélidés, 24.000 ruches d'abeilles et 3.400.000 poulets Si on prend l'exemple du cheptel bovin laitier, on constate qu'il a connu une nette évolution autour des points d'eau, et ce, pour plusieurs raisons, dont l'augmentation du prix du lait, le soutien de l'Etat aux petits et moyens agriculteurs pour l'octroi de crédits agricoles, la création de bassins laitiers avec la mise en place de l'insémination artificielle, la création de centres de production de génisses pleines, ainsi que la création de 4 centres de collecte de lait. Et cinq autres centres sont en cours d'installation et seront fonctionnels avant la fin de l'année 2017. Ainsi, et à titre d'exemple, en 2016, 20 millions de litres de lait ont été collectés, dont 19 millions ont été usinés. Tous ces points et bien d'autres ont été évoqués, le 13 mars, lors de la visite effectuée dans le gouvernorat de Kairouan par une délégation du ministère de l'Agriculture et de la FAO (Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). Outre les entretiens qu'ils ont eus avec MM. Taoufik Ouertani, gouverneur de Kairouan, Bassem Chrigui, premier délégué, et Ezzeddine Chalghaf, les membres de la délégation se sont déplacés dans la délégation de Hajeb El Ayoun qui fait partie des 3 délégations (une à Jendouba, une à Gabès et une à Kairouan) ayant fait l'objet d'études relatives à la promotion de la petite agriculture et au développement agricole. Visite de terrain La première destination fut à Imadat Gantra, située à 5 kilomètres de Hajeb centre, où se trouve la Smsa (Société mutuelle des services agricoles) et qui abrite un centre de collecte de lait équipé de 4 citernes de stockage de lait avec une capacité de 18.000 litres de lait, des bacs à l'eau glacée qui servent au refroidissement instantané du lait pour la stabilisation des germes ainsi qu'un laboratoire moderne d'analyse des échantillons. Au milieu de la vaste cour, il y avait beaucoup d'éleveurs de vaches laitières auxquels les représentants de la FAO ont offert des machines à traire, des semences de luzerne et des bidons en inox. Au total, une somme de 50.000 DT a été consacrée à l'achat de tous ces équipements (10 machines, 200 kg de semences et 200 bidons), et ce, au profit de 200 petits fellahs. «L'objectif étant de garantir la sécurité alimentaire et économique, de stimuler l'agriculture familiale, de réduire la pauvreté et de promouvoir le compter-sur-soi», comme l'a précisé Lanourdia Thiombiano, coordinateur du bureau sous-régional de la FAO pour l'Afrique du Nord et représentant en Tunisie. Par la suite, nous nous sommes déplacés à Douar El Daryd où d'autres petits éleveurs ont reçu à domicile leur part d'équipements pour les vaches laitières. Mme Chedia Dhifaoui nous reçoit dans son exploitation agricole qui s'étend sur quatre hectares où les oliviers et les abricotiers en fleur se côtoient. Partout des poulets et des dindons qui se pavanaient. Des chevaux de trait et de labour hennissaient. Vers 15h00, Chedia se dirige vers l'étable, et ce, pour traire ses 4 vaches dont les pis étaient gonflés de lait. Elle nous explique qu'elle arrive à traire 10 litres le matin (avant 6h30) et 7 litres l'après-midi (avant 18h00). Ensuite, c'est le colporteur, Naïm Chahloul, qui vient pour le transport du lait vers le centre de collecte de lait : «Mais quand la piste devient impraticable à cause des pluies, nous nous trouvons obligés de transporter les bidons dans des charrettes. Chaque vache nous rapporte en moyenne 100 DT par mois, ce qui nous aide à subvenir aux besoins de nos 4 enfants qui sont tous scolarisés.» Plus loin, au village de Oued Rmel, Ourida Hajji est très contente de ce don de la FAO qui va lui permettre de remplacer ses vieux bidons en plastique par des récipients en inox : «C'est beaucoup plus hygiénique et propre. De plus, cette machine à traire est très pratique et va me faciliter la tâche qui va devenir mécanique!» Avec son sourire et son incroyable beauté, éclatant mariage d'étoffes écarlates et de bijoux, Ourida voulait que nous nous reposions dans la plus belle pièce de se maison. Notons que 65% de la population de Hajeb El Ayoun vivent de l'agriculture et surtout de l'élevage. On y compte 3.300 têtes bovines. En 2016, 3.219.000 litres de lait ont été collectés, dont 2.877.000 ont été transformés.