Gunfactory a fait sensation lors de son passage au 4e art. Son metteur en scène Jean-Michel d'Hoop et toute sa troupe belge ont tout simplement impressionné Vous n'avez pas fait le déplacement jusqu'en Tunisie uniquement pour présenter vos créations. Une tâche ou un rôle vous a été attribué. Pouvez-vous nous en parler davantage ? Le premier contact avec l'école de l'acteur s'est passé l'année dernière. Au tout début du processus, Fadhel Jaïbi voulait inviter un spectacle de la compagnie Point Zéro. On était très enthousiaste à l'idée de collaborer ensemble. Malheureusement, faute de timing, tout a été difficilement organisé. Au final, on nous a proposé un stage avec notre troupe de théâtre. Et c'est comme ça qu'on a appris qu'il y avait une école de théâtre. Et M. Jaïbi était fort intéressé qu'on vienne donner ce cours de marionnettes techniques pour adultes. Une technique bien particulière pas très présente ici. Et du coup, on ne voulait pas juste présenter le spectacle Gunfactory, mais prolonger le séjour par une formation, un 2e stage. D'autant plus que la problématique traitée était délicate. On voulait voir comment ça résonnait chez les élèves et voir comment la Tunisie pouvait réagir à ce même sujet. C'est comme ça que nous sommes parvenus à initier ce stage, en une semaine. Et avec Gunfactory, c'est «le théâtre éclaté» ? On a usé de plusieurs outils différents : vidéos, images, interviews, documentations, audio, marionnettes, etc. Il s'est passé quelque chose d'important pour nous au niveau des thèmes abordés aussi : là, on a un prochain spectacle en préparation sur le nucléaire et la catastrophe de Tchernobyl. On est en pleine préparation. On part du réel pour en faire un spectacle. On va essayer de l'aborder différemment avec plus de marionnettes. Peut-on définir votre théâtre comme un «théâtre direct» ? Oui, tout à fait ! Les autres spectacles étaient plus oniriques. Gunfactory était beaucoup plus direct, aux prises avec l'actualité. Envisagez-vous de faire une tournée dans le monde arabe ? J'espère bien ! Oui. Pourquoi pas ? (rires). Pas pour l'instant, mais par le biais de contacts, ça peut se faire ou pas, en Algérie ou au Maroc. Je ne suis pas du tout un spécialiste du monde arabe, mais je pense que la Tunisie est une exception : porteuse d'espoirs, la parole y est quand même assez libre, par rapport aux autres nations. J'ai été fortement impressionné lors de ma première visite de voir à quel point c'était une société mixte, très complexe sans doute. Avez-vous une idée sur le théâtre tunisien et sur ce qu'il s'y fait actuellement, à part le travail du théâtre national ? Non ! Je connais seulement le travail de Jaïbi, et encore, je n'ai vu qu'un seul. On me dit souvent qu'il ne faut pas que je parte d'ici sans un DVD ou autres, pour que j'en sache davantage, pour découvrir. Je n'ai pas encore eu la chance de regarder d'autres créations. J'ai davantage vu ce que faisaient les élèves. Est-ce qu'il y a des participations des troupes tunisiennes en Belgique ? Non, je n'ai pas eu l'occasion d'en voir. Mais j'espère les voir parmi nous. La Belgique devrait inviter des troupes tunisiennes prochainement. Il est temps et pas seulement la troupe de M. Jaïbi. Ça fait deux ans que je suis particulièrement attentif à la Tunisie. Je me bats actuellement pour mettre en contact le théâtre national tunisien avec celui de la Belgique, pour plus de coopération. En Belgique, il y a aussi le théâtre de poche, qui est extraordinairement avant-gardiste et qui travaille surtout sur les relations nord-sud et sur tout ce qui est «mouvement citoyens», qui est actuellement très répandu en Tunisie. Et pour finir, pouvez-vous nous en dire plus sur le docu- théâtre ? C'est mon premier spectacle que je fais ! C'est vrai que c ‘est un courant qui est en train de venir beaucoup en Belgique. Ce travail nécessite beaucoup de temps et de recherche. Le «zoo théâtre» en Belgique, de Françoise Bloch, fait un travail très précis sur du théâtre centré sur l'entreprise, le monde de la finance, etc. Le lien entre l'argent et la politique. C'est un travail d'enquête. Mais ce qui diffère de notre travail à nous, c'est qu'on y ajoute un peu plus de théâtralité. Il y a de la marionnette, ce qui est assez étonnant avec le doc-théâtre, des vidéos, des séquences.