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Moez Kammoun (Producteur/réalisateur) : Aucune stratégie pour récupérer le marché des films étrangers
Entretien du Lundi
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 03 - 2017

Moez Kammoun a commencé à travailler comme assistant avec des réalisateurs tunisiens connus et internationaux tels que Abderrahman Sisako, Flora Gomez et notamment Anthony Minguella sur The English Patient et George Lucas sur les deux films de Star Wars. Paroles d'hommes, Fin décembre et Libre (Festival du film de Lucarno) sont ses trois longs-métrages. Nous l'avons rencontré lors de la phase de postproduction de son quatrième film : La sieste du corbeau.
Vous êtes sur un nouveau film actuellement La sieste du corbeau. Pouvez-vous nous en parler ?
C'est un film qui fait partie d'une trilogie, c'est vrai que c'est un peu ambitieux mais pourquoi pas? Le casting est assez riche d'acteurs connus comme Souhir Ben Amara, Moneem Chouiyet, Foued Lytaiem et Fethi Akkari, qui attendent d'ailleurs d'être payés. Je profite de cette occasion pour les remercier comme les musiciens et les techniciens d'autres départements qui ont participé à ce tournage au fin fond de la Tunisie. Les décors sont aussi variés que compliqués, par exemple pour les plans au désert, il nous arrivait de mettre cinq heures de route en 4x4 pour atteindre quelques dunes, qui sont aussi majestueuses l'une que l'autre. C'était fatiguant et coûteux en même temps, mais la seule consolation c'est que c'est beau et que ça en valait la peine. On est encore au stade du pré-montage mais le résultat est plus que satisfaisant, de l'avis de ceux qui l'ont déjà vu et de ceux qui savent regarder un film à une étape qu'on appelle dans le jargon, «le bout à bout». J'en parlerai un peu plus tard quand je l'aurai terminé.
Une date de sortie ?
Comme c'est un projet avec des fonds propres de la société de production «Sindbad Production», j'attends encore l'aide du ministère pour le terminer, surtout après ma dernière rencontre avec le ministre qui m'a promis de mettre le sujet du film sur la table lors de la prochaine réunion, vu que j'ai demandé une aide à la finition et non une aide à la production ou une aide complémentaire comme ceux qui ont déjà eu une aide à la production et demandent une rallonge. L'Etat ne cesse de nous dire qu'il veut encourager les initiatives privées, alors j'espère que l'Etat tiendra parole et que ce ne soit guère que des discours.
C'est aussi un film qui, sur le plan esthétique, se distingue de vos précédents longs métrages....
Je pense que c'est normal, pour un quatrième film, il faut essayer un nouveau palier. En deux mots, je ne suis pas dans le démonstratif, même si j'aime toujours les beaux plans, je me suis rapproché de mes personnages et forcément de l'histoire. Sur un autre plan, je suis mal placé pour parler de différence entre mes films. Je les aime tous même s'ils sont différents l'un de l'autre. Chaque œuvre a sa période mentale et proche de son entourage et de sa vision du monde, et, heureusement qu'on change. Sinon ça devient de la routine et du confort artistique ce qui n'est pas très conseillé pour ceux qui veulent encore filmer.
En tant que producteur exécutif de films étrangers, par quoi expliquez-vous le fait que la Tunisie attire de moins en moins de productions étrangères alors que, sous d'autres cieux, c'est une activité économiquement rentable et florissante ?
La Tunisie a commencé à attirer de moins en moins de films étrangers depuis un certain temps, je pourrai dire depuis 2007 époque où Ben Ali a développé une frilosité certaine par rapport à l'audiovisuel en général. L'Atce a suivi cette conception et est devenue même agressive sur le plan des autorisations. Cela est mon cas, je ne parle pas de ceux qui étaient amis avec le cercle du pouvoir et se vantaient d'en faire partie. Ce n'était pas facile mais on a su gérer la situation. Cette période a duré jusqu'à la révolution, mais ce qui est étonnant, c'est que la Tunisie a continué à attirer les films étrangers après le 14 janvier et personnellement, j'ai fait même des repérages pour Ridley Scott, mais après l'attentat de Sousse tout a changé. C'était le coup fatal...
Maintenant ce qui est fait est fait, mais, à mon sens, l'Etat ne fait rien pour nous aider à récupérer les marchés perdus. Au lieu de proposer plus de facilités, et plus de souplesse nous assistons à des situations contraires. Je peux en citer quelques-unes. On a augmenté le nombre de documents pour avoir des autorisations et augmenter le prix pour les tournages dans les sites archéologiques. Sincèrement je ne vois pas comment on peut les faire revenir sur le marché alors que d'autres pays offrent les sites archéologiques, presque gratuitement, et ont condensé toutes les autorisations en une seule, sans parler d'autres avantages comme les «Incentives» qui atteint dans plusieurs pays, jusqu'à 30%, juste pour le secteur cinéma. La ville de Torento est à 35%.
Pour résumer, avant le 14 janvier, on était une dizaine de producteurs qui assuraient la prestation de services, maintenant, on est au maximum trois. Dommage que l'Etat se désengage du secteur de la production des films étrangers, qui était, pour rappeler, une source d'emplois pour plusieurs régions à l'intérieur du pays, une bonne publicité à l'étranger (sans que l'Etat ne dépense un sou). Je dis cela parce que je ne vois aucune stratégie de la part des décideurs pour récupérer ce marché. Aujourd'hui il s'agit de revoir notre système bureaucratique pour que nous soyons prêts le jour où la Tunisie redeviendra une terre de tournage.
Juste un dernier exemple, à Cannes, le stand tunisien qui devrait attirer les producteurs étrangers est devenu le moins attrayant de tous les stands. Un stand à Cannes doit être pétillant et très séduisant ! Donc ne nous étonnons pas de la diminution des visites des producteurs étrangers au stand tunisien. Il y a des défis qu'on ne peut gagner qu'en misant sur l'excellence et le standing.
Dans le domaine des techniciens de cinéma, la Tunisie a eu de grands noms. Aujourd'hui peut-on espérer avoir une nouvelle génération de ce genre ? Quels sont les défis à relever aujourd'hui dans le domaine technique ?
Après avoir fini mes études de cinéma à Paris, mon premier film comme technicien était L'homme de cendres en 1984, et depuis j'ai travaillé comme technicien, sur une centaine de tournages étrangers comme Le Patient Anglais ou Star Wars et sur une bonne partie des films tunisiens, donc je sais un peu de quoi je parle.
D'abord, c'était beaucoup plus dur, le matériel était plus lourd, il n'y avait pas de portables, par exemple il fallait avoir le numéro de l'épicier du quartier pour contacter un comédien, tout était compliqué, donc il fallait une bonne organisation et les bons réflexes pour s'en sortir. Avec l'arrivée des caméras plus légères, les ordinateurs portables, etc., il y eu une nouvelle génération qui est mi-informatique mi-artistique mais la facilité de l'accès à l'information, le côté «manipulation» a pris un peu le dessus sur l'artistique. Avec les facilités qu'offrent les nouvelles technologies, plein de techniciens ont oublié les fondements de ce métier, alors que les plus grands films étrangers n'ont jamais touché à un bout de ces fondements. Ce que je veux dire, c'est que la technologie est un back-up et pas une manière de bien faire les choses. Il ne faut pas non plus trop compter dessus pour résoudre les problèmes au cinéma.
Notre génération avait la chance de travailler sur de très grands films étrangers qui nous ont aidé à être à la page de ce qui se passait ailleurs. Malheureusement cette nouvelle génération n'a pas encore eu cette chance, mais tout est encore possible.
Ceci n'est pas une critique, ce n'est qu'un constat pour rattraper les quelques erreurs. Cela dit, les techniciens tunisiens sont parmi les meilleurs techniciens en Afrique après les Sud-Africains et les meilleurs dans le monde arabe. On a un savoir-faire que beaucoup de pays nous envient, que ce soit en production, en réalisation ou en technicité. C'est encore à l'Etat de décider, est-ce qu'il veut sauvegarder cet acquit ou le laisser disparaître au fil du temps. Dans tous les cas, ce n'est pas avec la gestion actuelle des choses qu'on va sauver ce secteur.


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