Par Samira DAMI Pratique et efficace, le concept de commission du film ou «film-commission» a pour but de soutenir la production nationale et de promouvoir la Tunisie comme terre de tournage auprès des productions cinématographiques et audiovisuelles internationales qui recherchent des lieux et des moyens de tournage. Ailleurs, ces commissions du film nationales et régionales sont, généralement, animées par des professionnels du cinéma et de l'audiovisuel. Elles assurent la promotion de leurs pays au plan international afin d'accueillir des professionnels désirant réaliser un film du genre court ou long métrage, téléfilms, films publicitaires, séries, feuilletons, etc. Propulseur économique, ces commissions du film assurent la promotion des sites et décors naturels et bâtis, des ressources humaines, entre acteurs et techniciens, l'infrastructure (réseaux routier, ferroviaire et aérien), l'industrie technique, l'hôtellerie, le climat, etc. Ces commissions du film ont un rôle de facilitateur auprès des réalisateurs et des producteurs : repérage et recherche de décors et lieux de tournage et autres services, tels que les autorisations de tournage, la mise en relation avec l'administration, la mise en contact avec les acteurs et techniciens tunisiens, l'accueil logistique, les tarifs. Il s'agit également pour chaque commission du film de fournir des bases de données à jour, centralisant des informations sur les techniciens, comédiens et fournisseurs ainsi qu'une base bibliographique sur le patrimoine de la région. Pour la création d'une commission nationale du film en Tunisie, Med Culture, un programme régional financé par l'Union européenne, a traité, lors d'une conférence tenue récemment à Gammarth, en collaboration avec les ministères de la Culture, de l'Environnement et du Développement durable, des conditions de création d'un réseau de commissions du film en Tunisie, ainsi que des conditions de financement et de mise en œuvre. Les participants à cette conférence entre professionnels du cinéma, syndicats des producteurs, représentants d'associations, des ministères du Tourisme, du Transport, de la Défense nationale, de l'Enseignement, et des Finances, le directeur du Cnci (Centre national du cinéma et de l'image), ainsi que la représentante de l'Union européenne en Tunisie ont pris connaissance des deux modèles des commissions du film régionales, la première à Gênes ; «La Liguria film commission», représentée par Andreal Rocco, et la deuxième en Jordanie: «La Royal Jordan film commission», représentée par Sharif Al Majali. Il faut dire que, depuis 2014, les conclusions d'un rapport réalisé au cours de la 3e phase du programme Euromed audiovisuel (2011-2015) montraient que les conditions à la création d'une commission nationale du film en Tunisie étaient favorables. Promouvoir l'image du pays L'un des objectifs premiers de cette commission est, selon Fethi Kharrat, «de reconstruire le Guichet unique et de relancer la Tunisie comme terre de tournage. Elle jouera le rôle de facilitatrice pour l'accès aux différents services qu'exigent les tournages de productions étrangères». Et de poursuivre : «La relance de la Tunisie en tant que terre de tournage contribuera à la promotion du tourisme à travers la focalisation sur les lieux et décors importants de superproductions et de films étrangers tels les décors de «Star Wars», par exemple, film qui a été tourné dans le Sud tunisien, à Tataouine (Tatooine). Sans compter la contribution d'une telle structure à la création d'emplois et au transfert de technologie, etc.» Du débat, ajoute le directeur du Cnci, «s'est dégagée l'idée qu'il existe un déficit de communication en matière de promotion de l'image de la Tunisie. C'est pourquoi cette commission axera son travail sur la promotion de l'image du pays à l'étranger en mettant en avant la variété de ces sites archéologiques, paysages, décors et les particularités de son infrastructure afin d'attirer les producteurs étrangers. Ainsi, il a été convenu que tous les partenaires entre producteurs, décideurs et responsables de l'administration se réuniront, d'ici au mois de novembre 2016, afin de définir le statut de cette instance et de choisir la structure qui accueillera cette commission de films : s'agira-t-il d'une association, d'une fondation ou d'un service public? Une fois le type de structure fixé, on passera à l'étape de la mise en place de cette commission nationale du film. «Voilà qui contribuera certainement à une visibilité plus importante de la Tunisie auprès des producteurs étrangers, outre les festivals internationaux, les marchés du film, les salons de lieux de tournage et autres», conclut Fethi Kharrat. La commission nationale du film est un premier pas car des commissions régionales du film peuvent également être créées, ce qui permettra d'unir les efforts, de se constituer en réseau et de valoriser davantage les ressources des territoires et d'optimiser l'impact économique, social, technologique et culturel à l'échelle des régions et de l'ensemble du pays.