La création d'un centre de formation s'impose pour perpétuer la tradition du travail artisanal du cuivre martelé. Parmi les articles de l'artisanat qui font la réputation de la ville de Kairouan, figure le cuivre, qui fait vivre plus de 140 familles. D'ailleurs, 90% de la production nationale de ce secteur sont produits à Kairouan. On peut constater cela dans les souks et surtout à la rue des Forgerons où un grand nombre d'artisans sont fiers de créer et d'être utiles à travers leurs gestes habituels qui marquent une profonde unité, qui s'étend sur des centaines d'années. Ainsi, en façonnant le cuivre, ils sont reliés à une vieille tradition à travers l'art de l'étamage et du ciselage. Hédi Chahloul, grandi, ennobli par son travail, nous explique que l'évolution des formes, des décors et des goûts dans le cuivre a suivi une marche parallèle à celle des autres arts : «Certains artisans, en dépit du progrès, préfèrent laisser de côté l'outillage compliqué de l'industrie moderne, en suivant les règles ancestrales avec de simples instruments à main. Le plus gros de notre travail consiste à préparer la trousse de la future mariée qui pesait dans le passé plus de 50 kg. Celle d'aujourd'hui est autour de 20 kg, et ce, à cause de l'invasion et de l'acier inoxydable de l'aluminium, de la poterie et de la porcelaine et, d'autre part, au prix élevé du kilo de feuille de cuivre qui est passé de 7 à 25D». Par ailleurs, parmi les cadeaux qu'offre le jeune homme kairouanais à sa fiancée à l'occasion des fêtes religieuses, figure surtout les ustensiles en cuivre (des marmites, des bassines, des casseroles, des faitouts, des chaudrons couscoussiers, des floukas, etc.). Néanmoins, le cuivre a beau valoir de l'or, certaines familles lui préfèrent les ustensiles en inox et trouvent que l'opération d'étamage, qui doit se faire une fois par an, est coûteuse (environ 30D pour 3 casseroles et une marmite). En outre, l'étamage peut être fait d'une façon frauduleuse et cela en incorporant une quantité de plomb à l'étain, ce qui est mauvais pour la santé. De toute façon, nous explique un artisan, et pour savoir si l'étain ne contient pas de plomb, il suffit d'y passer le bout du doigt. Si celui-ci noircit, c'est que l'étain contient du plomb, s'il ne noircit pas, c'est que l'étamage est bien fait. Et pour la promotion de ce secteur, il serait souhaitable de créer un centre de formation pour le cuivre, et ce, au profit des jeunes n'ayant pas eu la chance de terminer leurs études, ce qui leur permettra de perpétuer une tradition qui date de plusieurs générations.